Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

samedi 22 juin 2013

Hiva Oa, la Marquise du sud

L'île de Hiva Oa est la plus grande du groupe sud des Marquises. Sa capitale Atuona, comme Taiohae à Nuku Hiva dane le groupe nord, est un port d'entrée en Polynésie, c'est-à-dire que les bateaux arrivant de l'étranger peuvent y faire leurs formalités d'entrée à la petite gendarmerie de ce tout petit bourg. Pas de véritables installations portuaires, évidemment mais une minuscule petite baie à 5 km du village, où l'on peut trouver un abri à peu près correct. Comme c'est le seul de toute la côte sud, pas étonnant que les voiliers s'y bousculent un peu. Pas forcément reposant d'éviter que les bateaux ne se touchent au moindre courant d'air, mais l'avantage est de pouvoir voir toutes sortes d'embarcations, de la jonque à la paimpolaise, en passant pas les yachts de 80 pieds qui eux, restent en dehors de la baie, car beaucoup trop gros pour trouver leur place dans ce trou ce souris de la côte de Hiva Oa.




Nous sommes arrivés à Hiva Oa le jour du deuxième tour des élections territoriales (de loin les plus importantes de Polynésie, car on y élit le Président de l'Assemblée de Polynésie, presque l'équivalent du Président de la République). Ici, à la différence de la métropole, les élections sont une fête, où l'on se chambre pas mal bien sûr, mais surtout où l'on ripaille, ou l'on joue de la musique, toute la journée en attendant le résultat qui tombera très tard dans la nuit, et dont les bleus (indépendandantistes) comme les oranges (autonomistes) sont sûrs que leur candidat va triompher haut la main. En fait, vu l'instabilité politique chronique de la région, chaque groupe a alternativamnt raison, une fois sur deux. Cette fois, c'était les oranges qui ont vu leur chef, Oscar Temaru, triompher, malgré son âge canonique et toutes les casseroles qu'il traine pour corruptions multiples, favoritisme, etc. Eh oui, les politiciens se ressemblent beaucoup au delà des frontières ou des océans.
Atuona, ça ne vous dit probablement rien. Pourtant ce petit village est doublement célèbre. C'est là qu'ont choisi de venir Gauguin et plus tard Brel pour y couler des jours heureux et y reposer à tout jamais.






A Hiva Oa, j'ai surtout rencontré Lucien, un sacré chic type.
J'étais devant l'épicerie en train de demander à la ronde où je pouvais acheter du manioc, que l'on ne trouve nulle part à la vente car tout le monde en cultive. Lucien était au volant de son 4X4, la fenêtre ouverte, à m'écouter. "Tu veux du manioc ?" (en Polynésie on tutoie naturellement même sans se connaître). Tu sais le ramasser ? Eh bien monte et viens chez moi, tu en trouveras, avec plein d'autres choses, tu verras".
Et c'est ainsi que je me suis retrouvé chez cet ancien instituteur, le seul que je connaisse qui ait été amputé du pouce de la main droite pour maladie professionnelle ; trop de temps passé à écrire au tableau et en préparation de leçons ! Véridique ! Un homme intelligent, spirituel, analysant avec lucidité et modération la société marquisienne, polynésienne et la situation internationale, et surtout d'une générosité incroyable. On a commencé par manger avec sa fille et son petit fils, et son copain Alfred qu'il a appelé pour m'aider à aller chercher des fruits dans sa propriété. En fait c'est un immense domaine accroché aux montagnes qui cernent Atuona, et auquel on ne peut accéder qu'à pied : des milliers de bananiers, d'arbres fruitiers de toutes sortes, dont les fruits ne sont là que pour nourrir les animaux qui sont les seuls à fréquenter le coin.
Le soir, je revenais au bateau avec Alfred au volant du 4X4 et une dizaine de régimes de bananes, des mangues, papayes, ramboutans, pommes de Cythère, du gingembre sauvage, et bien sûr, du manioc. De quoi nourrir l'équipage d'une goélette de 1000 tonneaux pendant une traversée du Pacifique.
Merci Lucien et à mon prochain passage à Atuona pour une ou plusieurs autres journées d'échanges passionnants. 
Malheureusement, depuis mon passage, une terrible tempête s'est abattue sur Atuona. Regardez les images impressionnantes de cet événements :
Beaucoup de dégâts ... en à peine quelques heures, il est tombé plus d'eau que pendant un cyclone !

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