Vous avez été plusieurs à me contacter pour me demander si j'avais été pris dans la terrrrrrible tempête Pabuk qui a sévi en Thaïlande du 4 au 6 janvier 2019. Eh bien la réponse est OUI !
Et j'en suis sorti VIVANT et Sabay Dii INTACT !
Parlons d'abord de l'arrivée de Pabuk ...
C'était la première tempête tropicale touchant le Golfe de Thaïlande en dehors de la saison de la mousson de Nord-Ouest, en 30 ans. Le directeur du centre météorologique thaïlandais, Phuwieng Prakhammintara, avait prévenu bien à l'avance que la tempête Pabuk serait très violente et menacerait des zones très peuplées comme les îles de Ko Samui, Ko Phangan et Ko Tao, situées en plein milieu du Golfe de Thaïlande. Ce sont des endroits très touristiques, d'où un affolement général de toutes les administrations. On parlait de vents d'une violence exceptionnelle, de vagues de plus de 5 m et de pluies torrentielles. On relatait des évacuations massives, des fermetures d'aéroports, des populations isolées en grand danger, et même de submersion possible d'îles.
Et Sabay Dii ?
Depuis plusieurs jours, je suivais tout cela sur Internet. Le bateau se trouvait en Mer d'Andaman, c'est-à-dire de l'autre côté de la péninsule malo-thaîlandaise, donc un peu moins exposé que le Golfe de Thaïlande. Dans la journée du 3, mes copains de Rabak (Alain et Frédérique) me contactent pour me prévenir et me demander où je me suis planqué pour affronter le monstre. L'alerte paraît très sérieuse, mais toutes ces informations me semblent en contradiction avec les fichiers météo des services américains de la NOAA dont je me sers habituellement. Par prudence, j'ai néanmoins conduit bien à l'avance Sabay Dii dans l'estuaire de Ban Thap Lamu, l'un des endroits les mieux protégés d'Asie, où la Marine Nationale Thaïlandaise stationne ses navires de guerre.
Et je ne suis pas le seul à avoir fait ce choix. Les pêcheurs ont tous rappliqué, effrayés par les alertes répétitives de la météo thaïlandaise. Ils se regroupent par 4, 5, 6 ou plus pour faire front, d'où quelques heures à manœuvrer pour faire en sorte que l'ancre de chacun travaille en harmonie avec les autres.
C'est donc là, au milieu de l'estuaire, loin des autres bateaux, que, serein, j'attends Pabuk qui apparemment doit passer exactement sur ma tête
Et alors ?
Le vendredi 4 janvier, des vents soufflant à 75 km/h (force 6 à 7) atteignent les îles du centre du Golfe de Thaïlande. Dans la journée, les comptes-rendus sont effrayants et on annonce que la tempête va se renforcer et passer sur Phuket pour aller ensuite en Mer d'Andaman en menaçant de ravager les îles Similans, un paradis très fréquenté par les plongeurs. Les cartes météo montrent un bel enroulement cyclonique mais des vents nettements inférieurs à ceux annoncés sur les radios et les sites du net.
Dans la soirée, tout est calme à Ban Thap Lamu, mais le ciel est exceptionnellement sombre. Quelque chose se prépare, c'est sûr.
Je reste en veille une grande partie de la nuit. Le vent souffle fort (entre 20 et 30 nœuds) et il y a quelques averses drues, mais rien d'extraordinaire
En début de matinée, l’œil de la tempête cyclonique passe au-dessus de Sabay Dii. Le vent tombe et repart rapidement en sens opposé, signe que l’œil est passé. C'est maintenant qu'il devrait pleuvoir à verse
Mais en réalité, le vent devient faible (15 nœuds) et la pluie à son intensité maximale n'a rien d'impressionnant.
Dans l'après-midi du 5, tout est fini.
Bilan de la tempête Pabuk
Le bilan de cette tempête tant redoutée est de trois morts (un russe qui a voulu aller faire le malin dans les vagues, un pêcheur, et une personne tuée par la chute d'un arbre) et un disparu (le compère du pêcheur noyé).
Les dégâts matériels sont importants comme dans tout pays où une grande partie de la population vit dans des cabanes fragiles, mais en terme d'infrastructure, rien n'a été abîmé.
En comparaison avec ceux que nous avons en France, cette tempête était bien moins redoutable que les tempêtes hivernales de notre côte Atlantique. Les vents étaient bien inférieurs à ceux auxquels tous les méditerranéens sont habitués. Les pluies étaient sans commune mesure avec les événements cévenols tels que ceux de Sommières, de Nîmes ou de Narbonne.
Plus de peur que de mal. Les autorités ont eu raison d'alerter de manière aussi alarmiste, car avec une tempête cyclonique, on ne peut jamais être sûr de rien.
Pour prendre la mesure de ce qu'on vécu les touristes des îles du Golfe de Thaîlande, entre terreur préalable et soulagement ultérieur, je vous recommande de regarder cette vidéo bien sympathique.
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