Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

dimanche 16 avril 2017

Le Kawah Ijen

Le volcan Kawah Ijen (ou Kawah Idjen) est situé à l'extrémité orientale de Java. On le voit même depuis Bali. Son nom signifie « cratère vert » en javanais.
En réalité, c'est seulement l'un des cônes volcaniques du volcan Ijen, bien plus grand mais difficilement identifiable en tant que tel, tellement il a subi de dégâts au cours de ses éruptions (il est de type explosif).
Le Kawah Ijen est un cratère sommital abritant en son centre un splendide lac verdâtre, réputé pour être le plus acide de la planète, ainsi qu'une solfatare d'où l'on extrait du soufre.

Il y a 50 000 ans, le volcan Ijen s'élevant à 3 500 mètres d'altitude et vieux de 250 000 ans entre dans une éruption explosive qui le détruira quasi complètement en donnant alors naissance à l'actuelle caldeira de Kendeng. Par la suite, des cônes se mettent en place sur le rebord sud de la caldeira dont le Kawah Ijen formée il y a environ 2 500 ans.

Ci-contre, un autre cône de grand volcan Ijen vu depuis le Kawah Ijen.

De la première éruption observée par les Occidentaux qui remonte à 1796 à la dernière en date qui s'est déroulée du 29 juillet au 15 août 2002, dix éruptions se sont produites sur le Kawah Ijen. Ces éruptions représentent l'intégralité de l'activité volcanique de l'Ijen sous la forme d'explosions parfois phréatiques ainsi que l'émission de lahars comme en 1796, 1817 et 1917.

La seule éruption ayant entraîné des dégâts matériels notables et des morts est celle du 15 janvier au 18 février 1817. On peut donc s'en approcher sans grand risque.
Le Kawah Ijen est situé dans une région où s'épanouit l'une des plus belles forêts primaires qu'il m'ait été donné de voir. A plus haute altitude elle a été remplacée par des caféiers plantés du temps des colonies par les hollandais.

Le Kawah Ijen est loin de la grande route traversant l'Est de Java. On ne peut rejoindre le pied du volcan qu'en empruntant des petites routes puis des pistes qui serpentent dans de beaux paysages verdoyants. Soit en attendant le passage d'hypothétiques "bémos" (minibus locaux) soit en faisant du stop.
Le camionneur qui m'a pris en stop

Ensuite, il faut se débrouiller pour être au pied du Kawah Ijen de très bon heure le matin, pour avoir le temps de faire l'aller-retour à pied dans la journée, car il n'est pas question de dormir dans ce coin-là ; vous allez vite comprendre pourquoi
Après quelques heures de marche, on se retrouve dans un brouillard épais et très irritant. Ca sent le soufre
Au cours de l'ascension, on croise de temps en temps quelques hommes ployant sous un fardeau de soufre répartis dans deux gros paniers. La charge est énorme (de 50 à 80 kg suivant la force du porteur), mais cela ne les empêche pas d'aller bon train car ils sont en descente, eux.

Ce sont les porteurs de soufre. Depuis plusieurs décennies, le minerai de soufre de la solfatare du Kawah Ijen est exploité  par des villageois de la caldeira de l'Ijen.

Après quelques heures de grimpette, on arrive au sommet. Depuis un bon bout de temps, on a mis un cache-nez car l'atmosphère est irrespirable, ce qui ne facilite pas l'ascension.
Arrivée au bord du cratère
Arrivé au bord du cratère, on peut se demander ce qu'on est venu y faire vu que l'on est noyé dans un brouillard irrespirable. Seul un panier probablement déposé là par un porteur venu du fond du volcan témoigne d'un activité humaine. Il attend certainement un porteur qui redescendra le flanc du volcan jusqu'à un point de collecte d'où le soufre sera ensuite conduit par camion à une usine de traitement.
Et puis d'un coup, on découvre une petite ouverture, en direction du fond du volcan et c'est l'émerveillement !
Au bord du lac, les hommes s'activent dans la solfatare
et une noria de porteurs grimpe péniblement au milieu des blocs de pierre

 
 
Les hommes semblent exténués et apprécient une de mes barres de céréales.

A mesure que je descends les porteurs semblent de plus en plus "frais" bien que l'atmosphère devienne suffocante. Il ont l'air habitué et sont ici au pied de la grimpette, donc avant le terrible effort.

A la solfatare, les mineurs extraient le soufre à coup de barre à mine sous la forme de blocs de plusieurs dizaines de kilogrammes chacun qu'ils installent dans des paniers. Afin d'optimiser la formation de ce minerai, un système de tuyaux métalliques a été installé à la sortie des principales bouches. Les vapeurs sont alors refroidies plus rapidement et la concentration élevée en minéraux accélère leur cristallisation, augmentant par là même le rendement de cette industrie.
 
Parlant quelques mots d'anglais, il me demande d'où je viens.
Ah tu es français, comme Nicolas Hulot.
Il est venu ici nous filmer pou la télévision française.
C'est mon ami maintenant.
Avec un tel métier, ces hommes ne font pas de vieux os. Outre l'effort physique à fournir pour porter de si lourdes charges en altitude, ils sont exposés en permanence à une atmosphère extrêmement toxique chargée d'acides chlorhydrique et sulfurique, de dioxyde de soufre, etc., qui attaquent les muqueuses, les yeux, la peau, etc. L'espérance de vie de ces mineurs se situe entre 40 ans et 50 ans !
Il est temps pour moi de penser au retour. Après un tel spectacle, et avec mon mini sac à dos, je verrai maintenant les paniers laissés au bord du chemin d'un autre œil !

Le Kawah Ijen est aussi connu pour produire des « flammes bleues » que l'on peut observer la nuit ou à l'aube. Le célèbre photographe Olivier Grunewald (quatre fois nominé au World Press Photo) (http://www.oliviergrunewald.com/) est venu ici en 2008 pour tourner un film intitulé "Kawah Ijen, le mystère des flammes bleues" diffusé pour la première fois le 7 janvier 2014 sur Ushuaïa TV puis sur France Ô.. Une expérience exceptionnelle pour Olivier Grunewald, qui a utilisé pour la première fois son boîtier photo pour filmer.
A la nuit tombée, une incandescence tout à fait inhabituelle pour un volcan, apparaît au fond du cratère. Les gaz sulfuriques à haute température s'enflamment, produisant des torchères d'un bleu électrique, atteignant parfois cinq mètres de hauteur. Et dans cet univers fantastique, quelques mineurs viennent risquer leur vie pour extraire un peu de soufre et gagner plus !
Voici quelques images du phénomène, glanées sur Internet ...









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