En cette (première ?) année de coronavirus, l'objectif de cette mini croisière turque était de faire un aller-retour entre Kaş (limite occidentale permise par les autorités) et Finike (port d'attache actuel de Sabay Dii), et d'explorer les coins que je n'avais pas pu visiter l'an dernier. En particulier, je voulais m'arrêter dans la crique de Karaloz, au Sud de l'île de Kekova, où j'avais renoncé à mouiller à cause du nombre dément de bateaux qui s'y trouvaient, arrimés les uns aux autres, faute de place suffisante. Au nombre de ces embarcations, quelques rares voiliers de location, un peu plus de gros bateaux à moteur privés (vu leur taille - de 15 à 20 m - on les qualifierait de super-yachts en France) et une multitude de "gulets" bondés de touristes exubérants et bruyants. Tout ce que je fuis.
Cette année, au contraire, grâce à cette épidémie providentielle pour ceux qui recherchent l'isolement, le calme, la solitude, l'endroit était désert ou presque. Un régal ! Et quel endroit !
La crique de Karaloz se trouve au Sud de l'île de Kekova (en turc "adasi" signifie île) |
Il y a à peine 4 milles à parcourir pour aller d'Andraki à Karaloz |
En croisant au large, il est impossible de deviner cette crique.
Il faut vraiment s'approcher très près de la côte pour deviner la chicane qui permet de pénétrer ce petit havre encaissé dans un vague cirque de montagnettes abruptes et recouvertes d'une végétation à briser toute velléité de promenade.
Il faut crapahuter dur, habillé de la tête aux pieds de vêtements indéchirables (j'avais négligé le pantalon long), avec de bonnes chaussures (les gants seraient même utiles) car on ne peut progresser que très difficilement en se tractant à l'aide des branches d'arbustes épineux pour passer d'un bloc de roche tranchante à un autre. Et l'on se heurte souvent à une petite falaise infranchissable. C'est au prix de cet effort sans garantie et de quelques acrobaties que l'on arrive à s'élever suffisamment pour découvrir une petite partie du boyau que forme la crique, avec ses quelques circonvolutions permettant de s'isoler en période favorable. Et dans l'une d'elles, le superbe voilier connu sous le nom mystérieux de Sabay Dii, flottant avec grâce sur une eau calme et cristalline, au milieu des tortues marines.
En récompense, la promesse d'une nuit magique, sans le moindre bruit ni la moindre lumière parasite. Les conditions idéales pour s'abandonner paresseusement sur le pont, à admirer un ciel d'encre brillant de mille feux, avec en prime, parmi les étoiles scintillantes, plein Sud, Jupiter l'étincelante et Saturne la discrète, dans leur course incessante le long de l'écliptique (le fameux zodiaque).
Jupiter et Saturne dans la constellation du Sagittaire |
Superposition de l'image du ciel et de l'image de la constellation du Sagittaire |
Karadoz méritait bien une halte, en cette année particulière.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire