Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

samedi 26 décembre 2015

Mon tour du Tongariro en images (en N&B et couleur)

Un peu d'histoire pour commencer

Les trois volcans qui constituent le cœur du parc national du Tongariro font partie d'un immense territoire (80000 hectares) offert au peuple néo-zélandais en 1887 par Te Heu Heu Tukino IV, le grand chef des Ngati Tuwharetoa, une iwi (tribu) à l'histoire prestigieuse, car descendant directement des navigateurs ayant fait le voyage depuis la Polynésie pour coloniser cette terre inhabitée que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Nouvelle Zélande,
Pour les maoris, ces montagnes sont sacrées, car le volcanisme qui y règne est une manifestation évidente de Papa, l'une des deux divinités fondamentales de la cosmogonie maori. En effet, comme le dit le Nga Tama a Rangi, premier manuscrit écrit en 1849 et présentant l'intégralité des croyances des tribus de Nouvelle Zélande, "Les peuples Māori proviennent tous d'une seule et unique source, à savoir le Grand-ciel-au-dessus-de-nos-têtes. D'après les Européens, Dieu a fait le Ciel et la Terre et toutes les choses. Selon les Māori, le Ciel (Rangi) et la Terre (Papa) sont eux-mêmes la source". Du mariage de ce couple originel sont nés les autres dieux, ainsi que toutes les formes de vies sur Terre.
Sachant cela, on comprend.mieux le geste bien réfléchi de ce grand chef, très lucide, qui ne voulait pas voir les éleveurs-colons britanniques se partager cet immense territoire pour y mettre leurs bétails. Le cadeau des Ngati Tuwharetoa à la nation néo-zélandaise avait clairement pour but de faire de ce lieu un sanctuaire pour les générations à venir. Le Tongariro fut ainsi le premier parc national à être créé en Nouvelle-Zélande et le quatrième dans le monde. En 1993, le parc a été le premier à obtenir le double statut de patrimoine mondial et de réserve de biosphère, reconnaissant à la fois ses valeurs culturelles et naturelles.





L'approche




Avant de faire la randonnée connue ici sous le nom de "Tongariro Northern Circuit" (en jaune sur la carte ci-dessous),
j'ai passé quelques jours à me balader dans la parc national du Tongariro, notamment en montant à la station de ski qui est accrochée au flan du Mont Ruapehu.


dont je voyais le sommet enneigé depuis ma voiture aménagée en super-micro-camping-car bien cachée dans la pampa, pour ne pas être repéré (interdiction de dormir en dehors des gîtes et campings officiels).
en route pour le Ruapehu
Cette station de ski n'a rien à voir avec Tignes, car on est ici sur un volcan en activité
Vue depuis le flanc du Ruapuhu
Le massif du Ruapehu
Montagne de bois sec et Mont Ruapehu
Je voyais aussi de la voiture le sommet des volcans que j'allais devoir gravir prochainement
Le Massif du Tongariro, avec au premier plan le Ngauruhoe

Le parcours et les images

L'accueil dans le parc du Tongariro se fait au village de Whakapapa où l'on est tout de suite plongé dans cette dualité sacrée de l'environnement et de la mytho-théologie, lorsqu'on est informé que, par exemple, aucun déchet, excrément, urine ne doit souiller le sol, ou qu'on ne peut se baigner dans l'eau des sources "tapu" (sacrées).


Le circuit que j'ai suivi (dans le sens horaire) contourne le Mount Ngauruhoe, le cône volcanique le plus parfait du Parc du Tongariro qui culmine à 2287 mètres d'altitude. Bien qu'il fût au repos pour mon passage, ce volcan est le plus actif de Nouvelle-Zélande avec 61 éruptions depuis 1839.
Parcouru dans sa totalité, le sentier fait 41 kilomètres de long et l'excursion dure quatre jours, sans présenter de réelles difficultés, sauf si la météo s'en charge. Le deuxième jour de randonnée est de loin le plus exigeant car on est sur la célèbre Tongariro Alpine Crossing, qui est certainement la randonnée à la journée la plus connue de Nouvelle-Zélande. 

  • Etape 1 : de Whakapapa Village à Mangatepopo Hut
Cette première étape est courte (8,5 km) et annoncée comme nécessitant de 3 à 5 heures et demie selon l'état de la piste. Effectivement, cette dernière est fortement érodée par endroits, et traverse plusieurs lits de ruisseaux. Comme il pleuvait à verse le jour de mon départ, et que, de plus, c'était la pleine période de fonte des neiges, c'est dans un véritable bourbier que j'ai pataugé, m'enfonçant même à un moment jusqu'à la cuisse dans un trou d'eau boueuse. Autant vous dire que je n'ai pas souvent dégainé l'appareil photo.
Heureusement, j'arrivais à distinguer, face à moi ou légèrement sur ma droite, le cône du Pukekaikiore, considéré comme le plus âgé du complexe du Tongariro. À gauche, je devinais le Pukeonake, un cône de scories plus petit. A leurs formes, ces deux volcans me rappelaient qu'ils avaient été les témoins de la dernière période glaciaire, quand les glaciers de Tongariro sculptaient le relief en descendant vers la vallée de Mangatepopo. Sur la fin du parcours, le temps s'est un peu amélioré et j'ai fini l'étape avec en point de mire la plate-forme du Tongariro et le Ngauruhoe, un énorme jeune cône « parasite » accroché au flanc du Tongariro. Je voyais donc ce que j'allais avoir à gravir après une nuit de récupération et de séchage dans le petit refuge de la vallée de Mangatepopo.





  • Etape 2 : de Mangatepopo Hut à Uturere
Pour cette deuxième et exigeante étape (5 à 6 heures par beau temps), je savais que je risquais d'en baver car la météo prévoyait un temps exécrable ; neige en fin de matinée à partir de 1200 mètres, température glaciale et vent tempétueux, donnant une équivalence thermométrique de -10°C. C'est donc de très bonne heure que je me suis levé pour jeter un coup d’œil au ciel. Effectivement, ce n'était pas le grand beau, mais ce n'était pas épouvantable non plus. Ayant tout préparé la veille, je fus le premier à quitter le gite, une bonne demi-heure avant l'aube.






A part la première demie-heure qui s'est effectuée sur une très belle piste et sous la couche de brouillard et de nuages, tout le reste de la montée s'est déroulée sur un terrain rocailleux, très pentu et sans la moindre visibilité. Heureusement, j'avais bien étudié la topographie des lieux.



La seule éclaircie de la montée


Le point culminant de la randonnée, où l'on bascule vers les Lacs d’Émeraude
Et je fus bien inspiré de partir si tôt, car je fus le seul ou presque à échapper à un impressionnant orage de grêle suivi de chutes de neige à partir de 1000 mètres. Mais à ce moment là, j'étais déjà arrivé au refuge de Oturere, et c'est à travers la vitre du dortoir, douillettement installé dans mes deux duvets que je regardais les flocons virevolter dans le ciel laiteux et néanmoins étrangement sombre. 


Au chaud, mais fourbu par une ascension longue, glaciale et très ventée, suivie d'une aussi longue descente dans des pierriers et des coulées de lave. Mais la récompense de ces efforts se trouvait au milieu de l'étape, lorsqu'un rayon miraculeux a éclairé les Lacs d’Émeraude qui constituent le joyau de cette traversée connue de tous en Nouvelle Zélande.

Les Lacs d’Émeraude perdus entre brouillard et fumerolles
Deux minutes plus tard, un rayon e soleil miraculeux essaie de traverser le coton



Le reste de l'étape n'est qu'une longue descente sur le refuge d'Oturere, dans un paysage minéral fait de coulées de lave anthracite, de filons de graviers ocres ou de pouzzolane rouge, de ravines de cendre grise ou noire, et de blocs de roches torturés de bleu. Un itinéraire lunaire où la végétation n'a qu'une place congrue.






Le refuge d'Oturere
  • Etape 3 : de Uturere à Whaihohonu





Cette troisième étape, courte et facile, se déroule dans un paysage à présent vallonné, mais toujours aussi étrange. Mais comme l'altitude diminue petit à petit, la végétation reprend ses droits au règne minéral. Côté météo, ce fut le grand beau temps au lever du jour, suivi d'une montée très rapide du brouillard qui allait m'accompagner une bonne partie du temps, tout en m'offrant quelques superbes vues à quelques occasions. Suffisant en tout cas pour pouvoir constater que les sommets que j'avais approchés avaient été copieusement enneigés.









Avant de passer à la dernière étape, que je vous parle du refuge de Waihohonu. Un magnifique chalet, confortable, fonctionnel et beau. 





C'est la version moderne du plus ancien refuge de Nouvelle Zélande (1904), mais son illustre ancêtre a été restauré et est précieusement conservé à sa place, à quelques pas seulement de son superbe descendant. 







                                                                                                                            
Le vieux et le nouveau refuges de Waihohonusont sont situés tout près d'une colline abritant une source tout à fait exceptionnelle pour la qualité de son eau mais surtout pour son débit. En effet, à 20 mètres à peine de la résurgence, c'est une véritable rivière que l'on peut admirer. Et tout autour, règne une humidité étonnante qui convient parfaitement aux mousses qui ont colonisé les lieux
La source tranquille






20 mètres plus loin

50 mètres plus loin

















  • Etape 4 : de Whaihohonu à Whakapapa Village
La quatrième étape, de plus de 5 heures, en théorie, permet de boucler la boucle. Du super temps pour ce parcours sans difficulté qui suit les coulées volcaniques ou les ruisseaux de fonte des glaciers pour rejoindre Whakapapa.




A mi-chemin, on fait face au majestueux Ruapehu.

La fin du parcours n'est qu'une belle balade tranquille.
 

Ça sent la fin, non ?
Eh oui !


En guise de conclusion

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Le Tongariro Northern Circuit, l'une des "Grand Walks" de Nouvelle Zélande est une très belle randonnée, bien balisée, accessible à tout bon randonneur et beaucoup moins exigeante que nombre de nos GR alpins ou pyrénéens (Moins d'étapes, distances journalières plus faibles (de 3 à 5 h 30) avec des dénivelés n'excédant pas 6 à 700 mètres). Les paysages sont souvent exceptionnels. Mais ici, la météo peut très vite changer la donne. A une heure d'intervalle, je suis passé de l'équipement hivernal au débardeur. 



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