Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 17 novembre 2014

Une traversée "aux petits oignons", ou l'art du routage météo

La traversée hauturière qui permet de rallier la Nouvelle-Zélande depuis les Fidji n'est pas réputée pour être une sinécure. Bien au contraire. Les tempêtes y sont très fréquentes et il n'est pas rare d'y voir des vagues de plus de 10 mètres capables de chavirer n'importe quel voilier si elles déferlaient. Donc la prudence doit être de mise pour ce voyage de 2000 km sans abri que l'on ne peut pas faire à n'importe quel moment. Le créneau est assez serré puisque cette traversée doit s'effectuer avant la pleine saison cyclonique qui sévit du côté tropical des Fidji et après la saison des tempêtes du grand sud qui secoue la Nouvelle-Zélande, du côté des quarantième rugissants. En gros, on doit naviguer entre fin octobre et mi novembre pour mettre toutes les chances de son côté.
Comme la météo n'est pas toujours évidente dans cette partie du monde, située à la frontière entre zone tropicale et zone à dépressions, et donc balayée alternativement par des anticyclones empêchant d'avancer et des dépressions brutales, avec entre les deux; des fronts redoutables, un service d'information est assurée par un météorologue néo-zélandais réputé pour être le meilleur spécialiste de ce problème. En outre, si l'on est équipé d'un téléphone satellite, comme c'est mon cas, on peut toujours récupérer les fichiers grib émis par le service météo des USA qui donne des prédictions de pression, de vent et de vagues pour toute la planète.
Très prudent, j'ai donc attendu une dizaine de jours à Suva, capitale des Fidji, avant de lancer Sabay Dii plein sud. Le grand manitou néozed disait de ne pas partir avant jeudi 6, mais comme d'habitude, j'ai préféré prendre ma décision à partir de ce que me disaient les fichiers de la NOAA. Et j'avoue que je n'ai eu qu'à me féliciter de n'en avoir fait qu'à ma tête, une fois de plus, car ceux qui ont attendu jeudi pour quitter les Fidji ont du y rester une dizaine de jours supplémentaires pour éviter une grosse tempête qui nous est passée dans le dos.
Voici en quatre fichiers grib le scénario retenu ...

Prévision pour le mardi 4/11/2014 12h00 locale (GMT - 12)
Sabay Dii quitte Suva avec un bon vent de travers (force 5 d'est), une mer belle et un ciel variable 
Le bateau marche très bien et c'est tant mieux car il va falloir cravacher pour arriver en Nouvelle-Zélande avant une grosse dépression venant de la mer de Tasmanie, soit jeudi en huit,
D'autant que ce vent ne durera pas car c'est de l'alizé et les alizés s'atténuent à mesure qu'on se rappoche du tropique. Effectivement, comme prévu, après deux jours à huit nœuds de moyenne ou presque, le vent faiblit. Mer toujours belle, et ciel immaculé. On en profite pour se reposer un peu. On n'est pas les seuls.
Visite d'un fou, un de plus, sur Sabay Dii



Un porte-container venant de Papeete et allant à Noumea croise notre route au petit matin. Salutations cordiales à la VHF, pour se souhaiter mutuellement "a safe trip"
Ce sera le seul gros cargo que nous rencontrerons pendant cette longue traversée loin  des routes de commerce maritime.





Malgré le vent léger, Sabay Dii marche bien car nous sommes au près, son allure préférée dans laquelle il excelle.


Le capitaine et son vieux copain de beau-frère sont heureux !





Mais le ciel change ...
Les fichiers météo confirment qu'une grosse dépression située à notre nord ouest se creuse à toute vitesse dans notre dos. Heureusement que nous n'avions pas attendu jeudi. Il va falloir remettre les gaz car elle descend droit sur nous. Pas question de partir à l'ouest comme on nous le recommandait, car après ce serait beaucoup plus dur pour revenir vers l'est.

Prévision pour le samedi 8/11/2014 12h00
Nous devons nous attendre à un vent d'est, encore, mais plus fort (force 5 à 7). Pas un vent d'alizé, non ! Mais un vent de dépression qui sera d'autant plus fort que cette dépression se rapprochera de nous. Mais si le vent forcit, nous irons vite, et droit vers le sud, ce qui devrait nous permettre de garder nos distance. Malheureusement, il faudra nous attendre à des vagues de côté, et de plus en plus fortes à mesure que la dépression se creusera.

Prévision pour le lundi 10/11/2014

Gilet et harnais de rigueur par ce type de mer
La mer forcit, les vagues atteignent quatre à cinq mètres






Certaines vagues passent complètement sur Sabay. Mais on avance bien et on gagne du terrain. Le très mauvais temps a été évité, et on pense à tous ceux qui comptaient partir jeudi et qui vont rester coincés un bon bout de temps aux Fidji, pour ne pas être prius dans la tempête.
Une vague plus forte que les autres nous défonce le vitrage de la capote
Le vent est parfait mais ces satanées vagues qui nous percutent toutes les 15 secondes nous rendent la vie très inconfortable

Prévision pour mardi 11/11/2014
Nous sommes le 10 novembre, en avance de près de 36 heures sur le programme, assurés d'arriver en Nouvelle-Zélande avant la grosse dépression qui arrive du sud ouest. C'est super car après cinq jours de vent d'est, nous allons bénéficier d'un vent d'ouest ou de nord ouest, de plus en plus puissant, juste au moment où nous serons à l'est du North Cap, c'est-à-dire à l'abri des vagues.
La terre ne doit plus être bien loin. 
Terre ! Terre ! Capitaine.
Ba avec ses yeux de lynx a vu la Nouvelle-Zélande.
 Il me faudra attendre une heure pour la deviner avec mes yeux de taupe.
On est très contents de notre routage maison qui nous a permis de bénéficier d'un vent soutenu mais toujours parfaitement navigable, pour faire une route presque directe à une très belle moyenne. Quoi demander de plus ?
Ah si ! On pourrait demander qu'il fasse plus chaud en Nouvelle-Zélande.
On est partis de Savu en short et tee-shirt, et ici on a les collants, le bonnet, les gants et les vestes de quart bien fermées. Une preuve certaine qu'on est vraiment descendu bien au sud !





3 commentaires:

  1. Bravo pour la vidéo et le récit , belle traversée sportive bande de veinard .
    Bonne découverte de la N Z et attention aux rhumes
    Véro

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    1. Et oui, ce n'est pas le climat de la Mer de Cortez mais c'est très beau aussi.
      Bises
      PS : Les, bises néo-zélandaises sont givrées à cette époque de l'année

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    2. Bravo les mecs, et surtout toi qui a pris les bonnes options. Je n'aurais pas aimé être autant secouée durant ma traversee vers Mindelo que vous l'avez été entre Fidgi et la NZ, mais je dois reconnaitre après avoir navigué sur d'autres voiliers, que c'est Sabay Dii et son capitaine qui m'inspirent le plus confiance...je viens de naviguer sur un voilier de 12m qui n'a pas de centrale de navigation, n'utilise pas son radar, n'a pas d'AIS, n'a pas de telephone satellite pour telecharger les fichiers Grib,....mais j'ai réappris l'utisitation de la règle Crass et du compas de relèvement et à noter la position sur la carte papier ! C'est comme si un enseignant du primaire en était encore à un tableau vert et à la craie quand ses collègues sont au tableau blanc numérique ! Les principes de base sont nécessaires, mais franchement la technologie c'est une aide à la décision. Bises cap verdiennes.

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