Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

jeudi 7 mars 2013

Les 12 travaux d'Her...V ou la mémamorphose du Papyon

Il est des marins qui, à bon escient, se méfient de la mer, mais qui à terre n'ont peur de rien quand il s'agit de restaurer un bateau. C'est le cas de mon ami Hervé qui s'est attelé à une tâche herculéenne de presque 5 ans, pour restaurer un vieux voilier dénommé Papyon. Des centaines d'heures de travail solitaire au cours desquelles Hervé va s'improviser et s'imposer comme architecte naval, puis charpentier de marine et enfin ébéniste.
Hervé
Papyon est un "folkboat"
Pour les non initiés, une petite présentation de ce type de bateau s'impose.
Folkboats en régate sur un plan d'eau de Suède


Le Nordic Folkboat a été dessiné en 1941 par Tord Sundén, synthèse des réponses au concours lancé par l'Union Scandinave des Yachts de Course (SYRU en anglais).
D'origine le Folkboat est une construction à clins de bois, mais en 1976 le "Glass Reinforced Plastic" (GRP) a été accepté.
Le Folkboat en plastique est la réplique exacte du bateau d'origine et aujourd'hui les bateaux "bois" et GRP régatent ensemble. Le premier bateau a été construit à Göteborg en Suède, plus de 4000 exemplaires ont suivi.
C'est un quillard (quille longue) à 2 ou 3 équipiers utilisé aussi bien pour la croisière que pour la régate.
Bateau de brise très marin, robuste, fiable, il est simple à manoeuvrer.
Pour preuve, deux des six bateaux qui ont couru en 1960 la première transatlantique en solitaire étaient des Folkboats. Papyon fait partie des folkboats en bois. Un ancien, mignon mais hélas un peu pourri lorsqu'il fut acheté, il y a un douzaine d'années.



Sur cette photo de Niels Kjeldsen, on voit bien les clins, planches qui se chevauchent au lieu d'être juxtaposées.
Je me rappelle encore de cette nuit tragique où nous naviguions côte à côte pour rejoindre les Baléares, dans une mer très agitée. Vers minuit, Hervé m'appela pas la VHF, pour me dire d'une voix étranglée :"Merde, merde, merde, j'ai un gros trou à l'avant du bateau. Faut que je sorte pour essayer de le boucher, sinon on coule". Effectivement, la partie avant du pont de Papyon venait d'être arrachée sous la tension de la drisse de génois. Imaginez une voile d'avant folle claquant dans le vent, fouettant tout sur le bateau, et un étai tenu seulement par le mât et à l'autre extrémité, une partie du pont volant dans tous les sens. Ajoutez à cela un mât tenant debout par miracle, un bateau hyper ardent incontrôlable cognant dans les vagues. Tout cela, en pleine nuit, avec, pour seule compagnie, Peggy malade vomissant en fond de cale et Alba à la barre, alors qu'elle n'avait jamais barré auparavant (mais elle s'en tirera à merveille), pendant qu'Hervé tentait de boucher la voie d'eau avec des morceaux de tissus. Bref, une grosse frayeur pour lui et une terrible angoisse pour nous qui ne pouvions faire rien d'autre que nous tenir à proximité pour récupérer l'équipage, au cas où ... Mais le sang froid du marin sauva le bateau et l'équipage qui continuèrent sous voilure réduite jusqu'au port de Forneils, distant de plus de 100 milles nautiques. Avec sa réparation de fortune, Papyon put nous accompagner dans notre croisière à Minorque et revenir comme si de rien n'était, à Canet, son port d'attache.
.............................
Eh bien, de ce voilier fatigué, Hervé est arrivé à faire une petit bijou, 
mais quel travail !
.................................
Tout commence le 15 mai 2008 ; Papyon est remisé à Fourques, dans la grange du grand-père :
Papyon est dans un triste état

Rapidement, Hervé se met au travail : juin 2008, la coque est mise à nu,
juillet 2008, le roof est décapité ...
Sous les coups de la masse, des ciseaux à bois ou de l'herminette,
Papyon se métamorphose de voilier en barque.
 en révélant l'étendu des outrages de l'eau de mer et du temps
 
 Eclaté, Papyon révèle l'immensité de la tâche à accomplir. 
Mais Hervé n'a même pas peur !
Il est bien le seul, mais personne n'ose rien dire devant sa détermination :
"Ça me demandera le temps qu'il faudra,
mais je referai ce bateau pour Yann et Gaël (ses fils) ; pas pour moi"
Hervé décide de repenser complètement l'organisation interne de son bateau et de modifier le roof
(et donc l'allure générale de son voilier).
Février 2009, la reconstruction débute.
Je vous passe les détails de presque cinq années de travail.
...................
Le 16 février 2013 Papyon est prêt. Il attend sagement au fond du hangar, splendide.
Ce 16 février est un jour de vérité, le jour du retour de Papyon à son élément.
Mais avant de le mettre à l'eau, il faut le sortir du hangar, et ce ne sera pas une mince affaire.
Hervé n'est pas du tout rassuré :
  • les treuils sont-ils fiables,
  • les potences seront-elles assez solides,
  • la remorque va-t-elle passer sous le bateau,
  • et une fois sur la remorque Papyon va-t-il pouvoir passer sous la poutre du garage ?
Heureusement les copains sont là,


Tout se passera bien, mais au millimètre.







Une fois sur  la remorque,
Hervé souffle à sa façon ...
mais encore faut-il que Papyon
puisse passer sous la poutre du garage ...
Pas gagné !



 Enfin, Papyon revoit le soleil.



Reste à mettre le mât sur le bateau.

Saucisson, rillettes, pâté et coup de rouge pour tout le monde.
Il reste à conduire Papyon à la darse de mise à l'eau



Les grutiers sont prêts
















Papyon va-t-il prendre l'eau ? Va-t-il couler ?
Que neni !

Il a aujourd'hui repris sa place parmi les vieux gréements de Canet.
Comme l'a écrit Hervé, le 16 février sera désormais une journée anniversaire.
En tout cas, pour rien au monde, je n'aurais voulu rater ce jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire