Cusco est une grande et belle ville de 300000 habitants située dans le sud-est du Pérou, au milieu des Andes, à 3400 m d'altitude. C'était la capitale de l'empire Inca. On peut d'ailleurs encore y admirer les extraordinaires murs originels dans certaines rues de la ville, ou même le temple du soleil, de nouveau révélé au monde après le tremblement de terre de 1950. En effet sur ses fondations avait été bâti le couvent Santo Domingo, fortement endommagé par le séisme. (Je vous montrerai quelques images de Cusco très bientôt).
Comme à leur très regrettable habitude, les Espagnols détruisirent une bonne partie de la ville pour faire table rase de la civilisation précédente (non catholique et donc impie à leurs yeux) et ériger une cathédrale. Petit à petit, la ville perdit de son importance au profit d'Arequipa, magnifique ville coloniale située plus au sud et moins haut, dans une région plus accueillante et mieux adaptée à l'agriculture (encore d'autres photos prochainement).
En 1911 la découverte du Machu Picchu à 130 km au nord de Cusco allait relancer l'essor de la ville de manière fulgurante. Aujourd'hui, Cusco est incontestablement la capitale touristique du Pérou. Hôtels et restaurants ont été aménagés dans les plus belles bâtisses de l'époque coloniale. Les innombrables agences de voyages s'intercalent avec les échoppes d'artisanat ou de luxe, dans les rues du centre ville.
Etape obligée vers le Machu Picchu, Cusco est aujourd'hui une ville colonisée par les touristes qui badent, visitent musées et églises, achètent des souvenirs, en attendant leur tour pour enfin voir la merveilleuse cité inca inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, point d'orgue de leur voyage au Pérou. Mais il faut patienter car, pour préserver ce site exceptionnel mais fragile, il y a un numerus clausus : 3000 visiteurs par jour, pas un de plus.
Billet de la visite à prendre bien à l'avance au Ministère du tourisme, transports en car jusqu'à Ollantaytambo, puis en train jusqu'à Aguas Calientes, puis à nouveau en car jusqu'à la cité, et tout ça à réserver de longue date sur Internet ou par un tour-operator. Et je ne vous parle pas des hôtels à chaque étape. Bref c'est tellement compliqué que tout le monde a recours à une agence pour organiser le voyage et la visite. Et c'est horriblement cher, car on est obligé d'utiliser les transports officiels dont la compagnie internationale Orient Express (???) a le monopole, allez savoir pourquoi.
Il y a bien une autre solution, c'est d'y aller à pied en empruntant "le chemin des Incas", c'est à dire la voie suivie par les incas pour aller de Cusco au Machu Picchu sans être vus des conquistadors, mais là aussi plusieurs mois de réservation sont nécessaires, avec encore un numerus clausus, obligation de recourir à des guides et des porteurs, etc. Ça dure quatre bonnes journées pour un budget astronomique et avec beaucoup de monde encore sur le chemin.
Eh bien moi, j'ai décidé de ne suivre aucune de ces filières et de me débrouiller tout seul comme un grand, loin des touristes, des agences et des moyens de locomotion officiels. J'ai commencé par aller acheter mon billet au Ministère dès mon arrivée à Cusco, puis à regarder à quoi ressemblait la topographie des lieux, et enfin à me mettre à marcher, marcher et encore marcher.
J'ai commencé gentiment par de la marche en campagne ..., les montagnes restant très loin
Une vingtaine d'heures quand même, sans croiser le moindre étranger.
Justes quelques paysans et des vaches, aussi étonnés les uns que les autres de me voir là.
Tout ça pour arriver à Ollantaytambo, seul village du Pérou a avoir conservé intact son schéma urbanistique de l'époque inca (admirez les murs d'origine). C'est ici, à la gare, que les bus déchargent un flot continu de touristes qui foncent prendre le train pour Aguas Calientes. Pas le temps de s'arrêter ici. Et pourtant ...
Moi, au contraire, j'ai choisi de m'arrêter et de dormir dans ce joli village, niché dans une profonde vallée,
avec des ruisseaux d'eau claire qui passent entre les maisons ancestrales,
dans des rigoles construites par les Incas.
Ici les gens magnifiquement vêtus sont paisibles, bien qu'un peu éberlués
par ce flot continu de grands blonds qui,
dans leurs tenues étranges de montagnards des villes,
D'Ollantaytambo, j'avais une petite idée de ce qui m'attendait, en regardant tout là-haut ...
Ce n'était pas le Machu Picchu, trop éloigné, mais ça y ressemblait tant.
En tout cas ça me donnait un avant goût des grimpettes à venir.
Mais je savais aussi qu'avant la montée finale, j'aurai à franchir un col à près de 5000 m d'altitude,
puis à remonter toute une vallée sur une soixantaine de kilomètres jusqu'au hameau de Santa Maria,
repartir ensuite, pour une distance équivalente, dans une autre vallée afin d'atteindre Santa Teresa.
Et ainsi de suite, jusqu'à Aguas Calientes... Très très long à pied.
J'ai donc choisi de faire en stop la première partie du chemin, le reste ne pouvant être fait qu'à pied.
Restait à trouver un véhicule, et ils ne sont pas légion à circuler dans le coin.
Avec mon plus beau sourire, j'ai fait le démarcheur auprès de tous les gens qui avaient l'idée de passer en voiture par la place centrale, jusqu'à trouver mon bonheur.
C'est le cas de la dire, car je suis tombé sur une famille formidable qui allait justement à Santa Teresa.puis à remonter toute une vallée sur une soixantaine de kilomètres jusqu'au hameau de Santa Maria,
repartir ensuite, pour une distance équivalente, dans une autre vallée afin d'atteindre Santa Teresa.
Et ainsi de suite, jusqu'à Aguas Calientes... Très très long à pied.
J'ai donc choisi de faire en stop la première partie du chemin, le reste ne pouvant être fait qu'à pied.
Restait à trouver un véhicule, et ils ne sont pas légion à circuler dans le coin.
Avec mon plus beau sourire, j'ai fait le démarcheur auprès de tous les gens qui avaient l'idée de passer en voiture par la place centrale, jusqu'à trouver mon bonheur.
En fait Carlos et Jackeline et leur fille Maria Cristina étaient dans la voiture (d'assistance) pour accompagner le fils surnommé El Ché et son enamorada qui faisaient le trajet en moto,
pour aller passer un weekend en amoureux, au bout du monde.
Pas une sinécure sur cette piste poussiéreuse et vertigineuse.
Mais des paysages magnifiques et en très bonne compagnie. Que du bonheur !
Une fois arrivés à Santa Teresa, nous nous sommes séparés, enchantés de cette belle rencontre,
Je me suis immédiatement mis en route pour rejoindre à pied et au plus vite,
une centrale hydroélectrique située à 7 km. Le parcours remontait le cours d'un torrent impétueux
C'est à la centrale que j'ai enfin retrouvé la voie de chemin de fer conduisant à Aguas Calientes.
Plus qu'une dizaine de kilomètres à longer la voie et j'allais pouvoir me reposer un peu,
et avec un peu de chance, avant que la nuit ne tombe.
Je suis finalement arrivé juste à temps et sous la bruine, dans ce village hors normes.
Imaginez un bourg coincé à 2500 m d'altitude, dans un cul de sac, au fond d'une vallée étroite,
sans route pour le desservir, juste un train. Le far west ?
Eh bien non. Des milliers de touristes, des hôtels, des bars, des restaurants, des boîtes de nuit, des thermes.
Tout pour occuper le touriste plein de dollars, avant sa montée au Machu Picchu.
Moi, après ma grosse journée passée entre 3000 et 5000 m mètres d'altitude,
j'ai mangé un brin et me suis trouvé un petit hôtel peinard. Et j'ai roupillé.
Pendant toute la nuit il a plu.
A quatre heures du matin, j'ai été réveillé par le bruit des personnes qui faisaient la queue dans la rue,
sous la pluie, pour être les premiers dans le bus de 6 heures,
et voir le lever de soleil sur le Machu Picchu.
Chacun sous sa cape colorée dans la lumière blafarde des lampadaires.
Bizarre comme objectif quand on sait qu'il pleut !
Je me suis recouché, et à six heures, j'ai attaqué la grimpette finale :
1800 marches de 30 cm pour arriver au niveau de la cité Inca
et encore autant pour atteindre le sommet du Cerro Machu Picchu.
1000 m de dénivelé d'un seul tenant sans plat. Une formalité, même sous le crachin, et à cette altitude.
Pas un chat pendant toute la montée. Les oiseaux s'envolaient à mes pieds. Royal.
Mais pour voir la cité inca, objectif de ce périple pédestre quand même, c'était une autre histoire.
Tout était dans les nuages.
Confiant dans ma bonne étoile, je savais que ça allait se dégager.
J'ai donc attendu depuis mon nid d'aigle. Et j'ai été bien récompensé.
Petit à petit, le voile s'est déchiré. La cité était bien là, à mes pieds !
Impériale !
Il ne me restait plus qu'à descendre tranquillement pour m'approcher,
et cette journée allait être magique, avec une lumière superbe.
Les photos du Machu Picchu au prochain épisode.
Chapeau ! Voila ce que je me tue a expliquer. Je renvoie direct à quelques amis!
RépondreSupprimer