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En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 15 septembre 2017

Le régime des moussons



Tout le monde a entendu parler de "la mousson" et associe à ce mot (au singulier) des pluies diluviennes s'abattant sur l'Asie chaque année à la même époque, mais les marins s'intéressent aux "moussons" (au pluriel) qui sont un régime de vent alternatif soufflant dans la région de l'Océan Indien pendant la moitié de l'année du Sud-Ouest (d'avril à octobre), puis de Nord-Est le reste du temps.
C'est cette alternance qui permettait du temps de la marine à voile d'aller de l'Afrique à l'Asie et d'en revenir avec des voiliers qui ne pouvaient avancer que vent arrière. C'est grâce aux moussons que le commerce des épices (mais aussi des esclaves) a pu se développer. Depuis, les bateaux ont changé, mais pas le temps, et c'est donc avec la mousson de Sud-Ouest qu'il m'a fallu composer cette année, puisque j'ai fait la navette entre la Malaisie et la Thaïlande d'avril à septembre.
Etant donné ma zone de navigation (côte Sud-Ouest de la péninsule Malo-Thaïlandaise) et étant donné la saison (vent de Sud-Ouest, et temps pluvieux et chaud, donc orageux), je m'attendais à être exposé à du mauvais temps et parfois une grosse mer, car je n'étais pas protégé par la terre. Et j'ai été servi ! La preuve en images ...
Une heure avant il faisait grand-beau, une heure après le vent soufflait à 40 noeuds
Ne pas se fier aux apparences, cette couleur de ciel n'est pas un bon présage
A comparer avec la photo ci-dessous prise dix minutes plus tôt. Une heure avant c'était le soleil qui régnait en maître

Même par beau temps on doit être prêt à affaler sa grand-voile en urgence
Aspect fréquent du ciel en cette saison : du bleu d'un côté, du noir de l'autre 
Ne pas appliquer en Asie les règles météo valables du côté de la Bretagne (on dirait un ciel de traîne mais ce n'en est pas un)
On dirait qu'il va faire beau aujourd'hui ? Eh bien non ! Il va faire très très mauvais !
On est fin août, et je retourne en Malaisie.
Deux heures de tranquillité avant de prendre le plus gros coup de vent de ma carrière
(plus de 50 nœuds d'Ouest, puis de Nord, puis de Sud)
Qui l'eut cru ?
Ca a commencé ainsi, avant de se déchaîner
Vous n'aurez pas d'image du coup de tabac car j'avais autre chose à faire que de la photo !
Vagues de près de 4 mètres déferlantes jusqu'au lendemain.
J'ai du aller me cacher derrière l'île de Ko Phetra,
mais avec 2 ancres et 60 mètres de chaîne par 6 mètres de fond
j'ai dérapé d'un demi-mille.
Éolienne débrayée et anémomètre bloqué pendant quelques heures
(donc vent largement supérieur à 55 nœuds).
Nuit éprouvante !
Heureusement, il y a quand même de belles périodes
La navigation sous spi nécessite de la vigilance
Ce nuage ne me dit rien qui vaille. Par précaution, j'affale le spi et remets le génois, et peut-être même la trinquette

Bien intuité, le nuage est en train de donner naissance à des tornades
Et la mer, me direz-vous, elle est comment ?
Elle peut vite se transformer et passer de plate à un clapot très dur.
Quelques images pour en faire la démonstration. Conditions : le vent qui était faible fraîchit et passe de 10 à 20 nœuds. Voila à quoi ressemble la mer une heure après ...
Pas de moutons apparents, et pourtant, je dois travailler à la barre pour éviter de cogner dans les vagues.
 Et mon voisin ?
Eh bien, il se fait "branler". Pourtant c'est un bateau de pêche d'une vingtaine de mètres.

En conclusion, si l'on veut des conditions peinardes, on navigue dans ce coin de décembre à mars. La situation est alors bien différente. C'est la mousson d'hiver, et l'on est protégé par la terre, d'où un vent faible et une mer plate. Pas étonnant que je n'ai vu presqu'aucun autre voilier cette année.
On peut alors changer de tenue
Pour les férus de météo, quelques explications à propos des moussons : dans les régions situées sous les basses latitudes — entre 30° nord et 30° sud environ — , les alizés des deux hémisphères convergent vers une ceinture dépressionnaire d’environ 200 km de large, la zone de convergence intertropicale (en abrégé : ZCIT ), qui dessine cet équateur météorologique : les masses d’air chaudes et souvent très humides qu’ils y transportent se soulèvent alors par convection en formant la façade ascendante des cellules de Hadley . Or, la ZCIT subit au cours de chaque année des oscillations méridiennes qui la font se déplacer vers le nord durant l’été boréal, vers le sud durant l’hiver boréal ; les alizés franchissent alors l’équateur géographique et, sous l’effet de la force de Coriolis, ils se muent en des vents déviés vers le nord puis le nord-est dans le premier cas, vers le sud puis le sud-est dans le second, qui s’enfoncent assez profondément dans l’hémisphère opposé à celui d’où ils provenaient. Ce sont les vents de mousson.

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