A l'exception de la Baie de Kuto, les mouillages de l'Île des Pins ne sont pas très faciles d'accès. Il faut souvent se faufiler au milieu de patates de corail, dans des passages étroits et sans beaucoup d'eau, et pour un voilier comme Sabay Dii, c'est le risque de toucher ou de s'échouer à marée basse. Par ailleurs, les fonds sont souvent de qualité médiocre (un peu de sable sur des dalles de corail fossilisé) et en cas de coup de vent, c'est le dérapage assuré de l'ancre, ce qui peut conduire au désastre. C'est donc avec beaucoup de prudence que je me suis mis à explorer la côte de l'Île des Pins. Mon mouillage favori fut celui de la Baie d'Ugo, située sur la façade orientale de l'Île.
Pour y parvenir en venant de la Baie de Kuto, je suis passé par le chemin le plus court, c'est-à-dire par le Sud, avec une petite surprise, le franchissement de la Passe de Ndjue, à la mauvaise heure. J'en étais à quelques milles que j'entendais déjà le grondement des déferlantes venant du large qui s'écrasaient sur le courant de marée de sens contraire. J'ai vite compris ce qui m'attendait, et que l'on nomme "mascaret".
Le mascaret se profile à l'horizon. L'arc-en-ciel témoigne de la violence des embruns sous son vent. |
Il me faudra plus d'une bonne heure pour franchir cette barrière de vagues stationnaires de plusieurs mètres de haut en pleine furie pour me retrouver enfin tranquille dans l'Océan et remonter plein nord vers ma destination. Inutile de vous dire que pendant cette séance de musculation, j'ai eu bien d'autres préoccupations que d'aller faire des photos ou du cinéma.
Remontée vers le Nord et la Baie d'Ugo |
La côte peu hospitalière est hérissée de pins colonnaires |
La Baie d'Ugo est formée par d'un côté l'Île des Pins, et de l'autre, une série d'îlots et un grand massif de corail dont la position était en partie fausse sur mes cartes. Là encore, il me fallut naviguer "à petit pas" en ouvrant bien les yeux et aussi les oreilles pour trouver le passage pas évident conduisant au mouillage où j'allais enfin pouvoir laisser tomber mon ancre. Mais quelle récompense en retour !
J'étais dans l'un des plus beaux endroits qu'il m'ait été donné de voir au cours de mes sept ans de navigation autour du monde.
Photo aérienne trouvée sur Internet |
Cette baie est étonnante par ses dimensions : très grande à marée haute mais presque complètement asséchée à marée basse, avec de ci, de là quelques excroissances de corail ressemblant à des champignons.
L'une des particularités de ce lieu est l'existence d'une piscine naturelle grouillant de poissons multicolores qui est alimentée par les vagues qui passent par dessus le récif, et cette piscine se vide dans la baie d'Ugo par l'entremise d'une rivière d'eau salée que j'ai remontée à pied. Superbe !
En dehors de la saison touristique (il y a un hôtel), l'endroit est désert. Seuls les habitants de la tribu voisine viennent de temps en temps pour récolter quelques noix de coco ou pour pêcher avec leurs pirogues traditionnelles.
Et bien évidemment, Sabay Dii était le seul bateau à la ronde.
En prime, des images de quelques uns des poissons rencontrés à la piscine naturelle :
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