Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 27 octobre 2014

De Wallis aux Fidji


Après trois semaines de silence imposé par l’absence de moyens de communication qui prévaut lorsqu’on a envie d’aller visiter des îlots un peu perdus au milieu de nulle part, nous voici revenus à la « civilisation », celle de l’Internet, vous l’aurez compris.
Voici donc des nouvelles des cinq semaines passées depuis notre séjour enchanteur de Wallis.
Nous avons quitté nos amis wallisiens le 16 septembre, avec un petit pincement au cœur vu l’accueil extraordinaire que nous avions eu, et un peu à la sauvette aussi, dans la mesure où, pour profiter d’une fenêtre météo très favorable, nous avons du anticiper notre départ, en perdant par là même, l’occasion de dire au revoir à tout le monde. Mais grâce à ce départ express, Sabay Dii  a pu profiter d’excellentes  conditions de navigation qui lui ont permis de filer à bonne allure vers les Fidji en offrant à son équipage réduit (Did et Ba) confort et sérénité.
Presque 400 milles nautiques (700 km) parcourus en deux jours et demi.
La fin du parcours s’est effectuée au milieu des îles et îlots de Vanua Levu, la grande province du nord des Fidji, jusqu’à atteindre Savusavu, un joli havre caché au fond d’un golfe, dans un bras de mer.


Nous aurions pu arriver bien plus tôt, mais pour des raisons administratives liées aux heures d’ouverture des bureaux du port d’entrée international de Savusavu (immigration, douane, etc.), nous avons du passer la dernière nuit en mer, dans les eaux fidjiennes, sans voile, à temporiser, à quelques milles à peine du but.
Et dieu sait si les formalités sont compliquées dans ce charmant pays. Il nous faudra presque une journée à recevoir sur le bateau les diverses autorités (sept !) avant de pouvoir débarquer. Pour quoi faire ? Balade, bistrot, … ? Que nenni ! Pour aller à la banque retirer de la monnaie locale pour ensuite aller dans tous les bureaux concernés pour payer des frais toujours injustifiés à nos yeux, mais parfaitement légaux, par exemple 150 € au Ministère de la Santé ou 80 € à celui de la biosécurité. Tout cela avec des fonctionnaires d’une courtoisie exemplaire et d’une grande amabilité. Et ce n’est qu’au bout de trois jours que nous étions enfin en règle … ou presque, car à partir de ce jour-là nous devions communiquer par mail aux autorités notre itinéraire de la semaine, sous peine d’amende et de peine de prison (sic).
Mais ces inconvénients technocratiques mis à part, nous avons trouvé à Savusavu, petit port niché dans un bras de mer au milieu de la mangrove, tout ce que l’on peut espérer en débarquant d’un voilier de croisière : une petite marina avec des « corps morts » (bouées où l’on peut s’amarrer) très abrités et toutes les facilités à terre (sanitaires, laverie, Internet, bistrot, et même shipchandler), des marchés colorés et abondamment garnis de beaux fruits et légumes, des supermarchés bien achalandés avec des prix 5 à 10 fois moins élevés qu’en Polynésie ou à Wallis, des restaurants où l’on sert de la cuisine locale ou indienne, pour moins de 3€ le repas, et surtout, toujours et partout où nous avons été, une population avenante et curieuse de notre aventure, serviable, généreuse, et d’une gentillesse inouïe.
En résumé, à peine débarqués, nous avons été emballés par les Fidji, et cette première impression n’a fait que se confirmer en un mois et demi passé dans ce magnifique archipel.
Et si nous devions donner un conseil à tous ceux qui naviguent dans le Pacifique Sud, c’est de ne rater à aucun prix  l’occasion de visiter ce pays pour de simples raisons de formalités administratives réputées à juste titre de tatillonnes, et donc décourageantes, dans le petit monde des navigateurs au long cours.
Pour illustrer mon propos, voici un exemple d’un après-midi ordinaire … (aujourd’hui, 18 octobre) :
  • Arrivée vers midi à Vurevure, sur l’île de Taveuni, où je savais qu’il y avait une bouée de mouillage installée en 1998 pour amarrer une goélette pendant une tempête. A peine entrions nous dans la baie qu’une barque de la ferme perlière voisine venait à toute vitesse à notre rencontre, non pas pour nous dire que nous entrions dans son champs de perles (ce qui était effectivement le cas), mais  pour nous aider à nous amarrer. Le jeune ouvrier perliculteur après avoir solidement attaché Sabay Dii à la bouée, nous annonça qu’il repasserait vers 14 h.
  • Nous nous attendions à ce qu’il nous propose de nous organiser une visite dans la ferme perlière où dans les environs (cascades réputées, parc naturel, etc.), comme cela se ferait partout ailleurs, mais non. Il reviendra à 14 heures pile tout simplement pour discuter avec nous, savoir d’où nous venons, ce que nous avons visité avant, … et surtout pour nous souhaiter la bienvenue. Et il nous quittera en nous recommandant d’aller visiter son village sans tarder, et en nous disant avec un grand sourire et sans accent : « à la prochaine ».
  • Demi-heure après, nous quittons Sabay Dii en annexe. A l’approche de la rive, une nuée d’enfants se jette à l’eau (on est samedi) pour nous accueillir, tirer le dinghy sur la rive et le mettre hors de portée des vagues. Pas le moindre quémandage, mais plutôt plein des questions pour connaître nos noms, notre pays, etc.
  • Nous confions l’annexe aux enfants, et partons sur un chemin gazonné. Une dame vient à notre rencontre avec comme première phrase « nice to meet you « (enchantée de faire votre connaissance) en nous demandant où nous allons. Elle craignait que nous eussions projeté d’aller aux cascades, car il lui semblait que nous n’en aurions pas le temps. Nous lui expliquons que la visite des cascades est programmée pour demain, et que nous partons juste pour une petite balade à pied. Rassurée, elle nous conseille sur la route à suivre.
  • Tout le long du parcours, ce ne seront que des bula bula (bonjour) qui fuseront tantôt d’une maison, tantôt de derrière un arbre, d’une clairière ou d’un jardin. En tout cas, personne ne nous laisserait passer notre chemin sans venir à notre rencontre, nous serrer la main pour les hommes qui apprenant que nous sommes français nous parlent évidemment de rugby, ou venir nous souhaiter un « bula vinaka » (bienvenue) accompagné de sourire pour les femmes. Tout le monde veut savoir d’où nous venons, où nous allons, nous donner une indication précieuse sur notre balade …
  • Même les chiens viennent à notre rencontre, et en remuant la queue au lieu de montrer les dents comme on le voit si souvent ailleurs.
  • Bien sûr, comme d’habitude, nous serons invités à la traversée d’un hameau, à venir boire le kava (boisson traditionnelle de bienvenue). Et l’on nous donnera rendez-vous pour le lendemain.
  • Sur le chemin du retour, tous ceux qui nous ont déjà vus passer, nous saluent à nouveau, avec de grands sourires complices et des messages répétés de bienvenue.
  • Un paysan nous appelle alors et nous dit de venir le voir dans son champ. C’est pour nous offrir une grosse brassée de pota (une variété de choux chinois) ; reconnaissants et gênés d’un tel présent, il nous dira que ce n’est rien et que c’est lui qui nous remercie de l’avoir honoré de notre visite.
  • Et pour finir, un homme dans son pickup s’arrête en nous demandant où nous allons de ce pas. A l’annonce de notre destination, il changera d’itinéraire, nous chargeant dans sa benne pour rejoindre Vurevure exprès pour nous.
  • Bien sûr, les enfants de la plage, qui n’ont pas oublié nos noms, arrivent en courant à notre rencontre pour passer un peu de leur temps avec nous et discuter, avant de repartir jouer au rugby.
La question du jour : où pensez-vous trouver un tel accueil ?
La réponse : aux Fidji (et à Wallis) !
William-Mica, Djazaia et Manasa (les trois nouveaux moussaillons de Sabay Dii) 


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