Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 2 août 2013

Heimata le patron-pêcheur : encore une belle rencontre !

C’était un samedi. J’étais amarré à un ponton flottant, seul dans cette partie de la zone technique de Papeete située en face du terminal de pêche de Papeete. J’étais venu là pour bricoler tranquillement sur la coque de Sabay Dii pendant le week-end.
C'est alors qu’un bateau de pêche est arrivé. Comme je l’apprendrai par la suite, j’occupais son emplacement habituel où l’équipage avait pris soin d’installer de gros pneus pour protéger la coque de leur bateau en aluminium.
A peine amarré à une vingtaine de mètres devant moi, le capitaine est venu me voir. Non ! Ce n’était pas pour me reprocher de m’être mis à sa place ou pour me dire que je n’avais rien à faire dans ce coin. Pas du tout ! C’était tout simplement pour me saluer, et voir d’un peu plus près le drôle d’engin sur lequel j’avais dû faire pas mal de milles pour arriver jusqu’en Polynésie. Me voyant en train de bricoler les jambes pendantes entre le bateau et le quai, il s’est inquiété et m’a dit que mes pare-battages étaient trop petits et qu’il m’en aurait fallu de plus volumineux pour pouvoir travailler plus confortablement et surtout plus sûrement. A peine dit, j’ai vu arriver un de ses matelots avec un énorme para-battage blanc qu’il eut vite installé entre le ponton et Sabay Dii. Dix minutes plus tard, Heimata revenait avec Valéry (à gauche) et Moyemo (au centre) m'apportant un thon et de la glace pour remplir mon frigo.
 En deux minutes, il me l'avait vidé, nettoyé, débité, et enveloppé dans du film plastique.
Et ce n'était pas fini ! Je fus invité à partager tous leurs repas, et chaque fois, je repartais les mains pleines :
une fois avec le poisson séché qu'ils avaient préparé  pour leur consommation des prochaines campagnes
une autre fois avec une pleine bouteille de sauce de miti hue (du lait de coco fermenté dans lequel on fait mariner des chevrettes, une sorte de langoustines locales), ou avec la préparation concoctée par l'un d'eux. Une profusion de cadeaux (rostres d'espadon et de marlin, panier garni d'épicerie ...) dont il m'est impossible de faire la liste exhaustive, tant la générosité d'Heimata et de ses trois équipiers fut incroyable. Incroyable et qui aurait presque pu paraître suspecte, si l'on n'était ici en Polynésie, une terre de partage comme nulle autre pareille
Ce week-end, j'eu ainsi la chance de faire la connaissance de l'équipage du Mere-Na et de son capitaine, Heimata, le patron-pêcheur.

Un homme formidable, souriant, généreux, très curieux, et plein de bon sens, et un capitaine remarquable, constituant son équipage avec des jeunes nécessiteux, sachant être à la fois très exigeant envers eux et capable de les choyer à la moindre occasion. Un cocktail subtil qui m'a donné l'impression de rencontrer les plus heureux marins que j’ai vu à l’oeuvre.
Car je vais avoir l'occasion et la chance de découvrir leur travail dès le lendemain.
Heimata, arrivé à Papeete un peu en avance avait décidé d’attendre avec ses trois matelots, sur ce ponton flottant, l’ouverture de la criée du lundi matin. Nous passâmes donc le week-end en voisins, Heimata venant visiter mon petit voilier et me faisant faire la visite de son bateau de travail, un navire très moderne, construit en Polynésie pour faire de la pêche à la coréenne, c’est-à-dire en traînant une ligne incroyablement longue pour aller chercher les poissons des grands fonds…
Jugez plutôt :
  • d'abord une ligne de traîne de 4 mm de diamètre et de  ... 30 km de long (non, non ! Il n'y a pas un zéro de trop)
le treuil et la ligne de traîne
  • à laquelle sera accrochée, tous les 20 mètres, la bagatelle de 1700 pinces reliées à un hameçon avec une sardine en guise de boëtte, tout cela pendant que la ligne se déroule à la vitesse de 6 noeuds. Pour ceux qui n'ont pas envie de faire les calculs, cela fait 6 secondes pour prendre la pince et son hameçon dans le râtelier sans faire le moindre noeud avec toutes les autres, fixer la sardine, clipser la pince sur la ligne. Autant vous dire que pendant les 4 heures de déroulement de la ligne, les hommes n'ont pas le temps de chômer !
Le râtelier contenant les 1700 pinces et hameçons
  • Côté navigation, ce bateau ultra-moderne bénéficie de ce qui se fait de mieux en électronique, informatique et communication (Iridium avec Internet, MaxseaPro pour la navigation, Choper pour la météo en temps réel ...).
  • Et puis une salle des machines impressionnante avec un système de thermostatisation de la cuve à poissons très sophistiqué, permettant de maintenir le zéro Celsius à un demi-degré près.

La visite du bateau me conduira, bien évidemment à la cuve à poissons où était stockée la pêche de la campagne d'une dizaine de jours, soit 200 belles pièces : espadons, marlins, thons blancs et rouges (yellow fin), dorades coryphènes, et des poissons comme je n'en avais jamais vu, car sortis des grands fonds marins, comme ce magnifique "tamonatua" plus connu sous le nom de "saumon des dieux" :
Lampris guttatus
Un poisson aux goûts surprenants. Voici ce qu'en dit David Fauré, le chef du restaurant Aphrodite à Nice (voir son blog : http://aphroditenice.canalblog.com/archives/2010/08/12/18799340.html)
Trois types de chair, de goûts et de textures sur un même poisson.
Le cœur des filets ressemble à s’y méprendre à un magnifique cœur de filet de thon en plus moelleux.
Les joues (environ 20 cm de diamètre) et le bas des filets, après cuisson (je vous avoue qu’à cru je me suis demandé si cela allait être comestible) ni plus, ni moins un bon morceau de vrai cochon avec la peau aussi croustillante que de la couenne, une couche de graisse fondante, moelleuse et goûteuse à souhait, pour finir sur un peu de chair maigre.
Et enfin, 2 morceaux, n’existant pas sur les autres espèces, situés derrière les joues à l’intérieur de ce que l’on pourrait appeler la cage thoracique, ressemblent à s’y méprendre à de la bavette d’aloyau, couleur rouge sang, apparence de la fibre musculaire avec un aspect juteux.
Un poisson qui permet de multiples et diverses interprétations culinaires, que du bonheur, même si je dois bien l’avouer, vu sa beauté que ce soit de part sa taille, sa forme ou sa robe aux multiples motifs et couleurs, sa place serait plus dans la mer que dans vos assiettes.
Le lundi, à quatre heures du matin, j'étais debout pour voir l'équipage du Mere-Na sortir les prises de la cale et les conditionner avant être présentées aux chefs des grands hôtels de Tahiti, aux responsables de l'approvisionnement des supermarchés et aux grossistes de la criée de Papeete.
Une heure et demie de dur labeur avec bonnet et gants, pour remonter depuis le fond glacial du bateau, deux cents pièces pesant en moyenne une trentaine de kilos (certaines dépassant les 100 kg).
 









Romain concentré sur son travail



Salut les amis. Bon vent et bonne mer.

2 commentaires:

  1. Salut Didier c'est Heimata capitaine du MEREANA,j'ai lu la petite histoire de notre rencontre sur la barge,et j'ai été très touché par ce que tu as écrit.Même ma femme et mes enfants sont très étonné et ravi de voir qu'une personne ai raconté mon comportement différent de celui dont ils ont l'habitude de me voir(nerveux,aigri).Mais c'est par ce témoignage que tu m'es faite, qu'ils découvrent une autre parti de moi même(gentillesse,curieux). Je te remercie encore ainsi que mes pêcheurs. j'espère quand se reverra en mer ou amarrer quelque part dans le monde. Amitié Heimata,Andréa ma femme,mes enfants et mes pêcheurs.Merci encore que Dieu te bénisse et te protège Amen.

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  2. Salut Heimata. Merci pour ton message mais c'est moi qui ai eu la chance de rencontrer.
    N'oublie pas mon invitation à partir un jour sur mon voilier avec ton fils.
    Pour me joindre personnellement, tu peux envoyer un mail à l'adresse suivante : sabay_dii@yahoo.com
    A bientôt, mon ami, en mer ou ailleurs.
    Didier

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