Après 400 km de train et de bus, me revoici à Guaymas, au bateau, après une escapade formidable (bien que beaucoup trop courte et improvisée) dans la splendide région des Barrancas del Cobre, un labyrinthe de près d'une vingtaine de canyons s'étendant sur un territoire quatre fois plus grand que celui du célèbre canyon du Colorado (Arizona).
Tout ce que j'avais initialement l'intention de faire là-bas s'est révélé complètement irréalisable et irréaliste. J'avais projeté de descendre une partie d'une des rivières de ce bassin hydrographique exceptionnel en raft-maison. Pas de problème côté matériel déjà éprouvé (deux grosses chambres à air + une pagaie pliante + un filet + une petite bâche et un gros sac étanche) mais plutôt côté environnemental. D'abord, le manque d'eau dû à une sécheresse exceptionnelle, cette année (El Niño paraît-il). Mais même avec de l'eau, mon entreprise était vouée à l'échec, et ce n'est que sur place que j'ai pu réaliser à quel point elle était farfelue. En effet, ce que ne me permettaient pas de voir les photos satellitales (dont on ne peut d'ailleurs pas savoir si elles ont été prises en saison de gros ou de petit débit de rivière), c'est que les cours d'eau paisibles et très accessibles s'enfoncent sur de très courtes distances dans des gorges de quelques dizaines de mètres de profondeur, pour disparaître très rapidement dans des canyons vertigineux, absolument inaccessibles de plusieurs dizaines de kilomètres.
Par exemple, la petite rivière ci-dessus, très "accessible" ...
se transforme en gouffre absolument inaccessible, en moins d'un kilomètre !
(photo ci-dessous)
Personne d'ailleurs n'en connait la topographie et ce ne sont pas des vues aériennes qui peuvent aider à deviner ce qui se cache au fond des précipices. Ce qui est sûr, c'est que partir là-dedans relèverait de l'inconscience : ignorance du profil du trajet et impossibilité de repérage préalable (chutes d'eau ou pas), impossibilité absolue de sortir des cours d'eau en cas de soucis (que ce soit par ses propres moyens ou pas) car il n'y a pas de berges et les falaises acores atteignent par endroit plus de 1800 mètres (non il n'y a pas un zéro en trop). Pas étonnant, dans ces conditions, qu'il n'y ait pas la moindre activité nautique ni halieutique, dans cette immense région.
J'ai donc remballé mes affaires et mon projet, en me contentant de mes souvenirs impérissables de descentes en raft du Colorado (très tranquille et en famille, il y a bien longtemps) et surtout du Zambèze (effrayante et sublime à la fois, dans des rapides démoniaques et avec les crocodiles et les mandrills sur les berges).
Changement total de programme donc. Qu'ai-je fait alors ? Eh bien, j'ai fait ce qui peut être fait dans ce site fabuleux constitué de grands plateaux de 2500 mètres d'altitude, entrecoupés des fameux canyons mais surtout couverts de gigantesques et magnifiques forêts de conifères et parsemés de fantaisies géologiques.
D'abord une grosse journée à vtt, pour voir ce que tout le monde veut voir en venant ici, comme par exemple la vallée des champignons ...
D'abord, les clairières agricoles
Ce n'est que l'avant-dernier jour où, me rapprochant del Divisadero où je devais prendre le train du retour, j'ai rencontré Maricela qui m'a conduit chez sa maman, que j'ai pu dormir enfin au chaud, dans une petite cabane située au milieu d'un verger de pommiers.
En effet, cette nuit-là, pour me réchauffer, j'avais tout près de moi, ... un poêle à bois qui a ronflé toute la nuit.
Au petit matin, alors que j'étais en train de rêver, dans mon lit douillet, qu'un joli petit colibri voletait au-dessus de moi, je fus réveillé par le gazouillis d'oiseaux bien réels venus picorer les pommes juste sous mes fenêtres. Un bol de céréales et un grand seau d'eau chauffée sur le poêle pour me débarbouiller, et j'étais prêt pour la dernière et courte étape qui devait me permettre de rejoindre la gare du retour.
D'abord une grosse journée à vtt, pour voir ce que tout le monde veut voir en venant ici, comme par exemple la vallée des champignons ...
ou la vallée des moines.
Une fois toutes les étrangetés géologiques incontournables visitées, j'ai rendu le vélo
et suis parti à pied pour voir à quoi ressemblait la région, loin des sentiers battus.
D'abord, les clairières agricoles
Ici, les petits indiens Tarahumaras ressemblent à des petits cow-boys, comme leurs pères d'ailleurs,
Mais la belle forêt m'attirait irrésistiblement.
Alors, pour rejoindre les grands canyons, je suis parti plusieurs jours à l'aventure, seul au milieu d'une forêt complètement sauvage et sans balisage, mais dans laquelle il est paradoxalement très facile de circuler avec seulement un compas, une carte topographique très sommaire et mes photos satellitales (qui m'auront finalement été très utiles), du simple fait que sous les pins, presque rien d'autre ne pousse. J'ai donc, encore une fois, beaucoup marché, dans une nature semblant dépourvue de toute trace humaine : pas un bruit sauf celui du vent dans les pins, pas de cadavre de bouteille ou de cannette, pas de coupe de bois, et pas de sentier. A croire que personne n'était passé par là, ce qui est faux, car la région est habitée par les indiens Tarahumaras, mais ces derniers ont pris l'habitude de vivre cachés dans des grottes nichées sur les falaises, ce qui leur a permis d'échapper à l'influence des conquérants espagnols, puis des missionnaires de tout poil.
Je suis ainsi arrivé là où se rejoignent les trois plus impressionnants canyons des Barrancas.
Magnifique !
Ce n'est qu'à la tombée du jour que je me rapprochais des petits villages pour dormir au chaud
(il gèle la nuit en cette saison).
Cela ne m'a pas empêché de me cailler, presque tout le temps, seul dans un lit d'hôtels de fortune.
Ce n'est que l'avant-dernier jour où, me rapprochant del Divisadero où je devais prendre le train du retour, j'ai rencontré Maricela qui m'a conduit chez sa maman, que j'ai pu dormir enfin au chaud, dans une petite cabane située au milieu d'un verger de pommiers.
En effet, cette nuit-là, pour me réchauffer, j'avais tout près de moi, ... un poêle à bois qui a ronflé toute la nuit.
Au petit matin, alors que j'étais en train de rêver, dans mon lit douillet, qu'un joli petit colibri voletait au-dessus de moi, je fus réveillé par le gazouillis d'oiseaux bien réels venus picorer les pommes juste sous mes fenêtres. Un bol de céréales et un grand seau d'eau chauffée sur le poêle pour me débarbouiller, et j'étais prêt pour la dernière et courte étape qui devait me permettre de rejoindre la gare du retour.
En réalité, les dernières heures de marche m'auront surtout permis de découvrir avec amusement que je venais de passer plusieurs jours, presque seul au monde, et pourtant tout près d'un vaste parc touristique qualifié de "plus grand parc d'aventure de la planète", avec tyroliennes démentes, passerelles vertigineuses ...
et aussi un téléphérique pour les moins intrépides.
et évidemment les hôtels de luxe accrochés aux précipices, pour mettre aux premières loges les touristes.
Comme j'étais le seul à n'avoir ni casque, ni harnais,
je me suis finalement demandé si je venais de vivre une belle aventure,
ou si j'avais rêvé.
je me suis finalement demandé si je venais de vivre une belle aventure,
ou si j'avais rêvé.
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