Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

jeudi 5 décembre 2019

Et si l'on parlait sobriété (première partie)

J'ai récemment reçu une lettre qui circule sur Internet et que je me suis permis de réécrire "à ma sauce à moi". Ce faisant, je pensais en permanence à la vie que je viens de mener pendant les dix années passées sur Sabay Dii, en prenant conscience de la remarquable sobriété avec laquelle les navigateurs tour-du-mondistes vivent. D'où cet entracte pour faire un parallèle entre les modes de consommations des "terriens" occidentaux et celle des gens de mer. Loin de moi l'idée de faire de la morale ou de montrer du doigt les uns en louant la conduite des autres. Juste montrer qu'on peut vivre avec très peu, n'importe où, n'importe quand. Encourageant quand on pense à la nécessaire décroissance qui nous attend dans les prochaines années.

C'est l'histoire d'une jeune caissière et d'une vieille dame venue faire ses courses dans un supermarché...

A la caisse d'un supermarché, une vieille dame choisit un sac en plastique pour ranger ses achats. La caissière lui reproche de ne pas se mettre à l'écologie et lui dit :
-        C’est pas bien, vous savez ? Votre génération ne comprend tout simplement pas le mouvement écologique. Seuls les jeunes vont payer pour la vieille génération qui a gaspillé toutes les ressources ! 
La vieille femme s'excuse auprès de la caissière et explique :
-         Je suis désolée, il n'y avait pas de mouvement écologique de mon temps. 
Alors qu'elle quitte la caisse, la mine déconfite, la caissière ajoute :
-         Ce sont des gens comme vous qui ont ruiné toutes les ressources à nos dépens. C'est vrai, vous ne considériez absolument pas la protection de l'environnement dans votre temps ! 
Alors, un peu énervée, la vieille dame se retourne et fait observer que :
-         A mon époque, le mouvement écologique n’existait pas, mais on retournait les bouteilles de verre consignées au magasin.  Le magasin les renvoyait à l'usine pour être lavées, stérilisées et remplies à nouveau. Les bouteilles étaient recyclées. On achetait le café en grain et on le passait au moulin puis à la cafetière, au lieu d’utiliser une machine électrique et une capsule individuelle par tasse de café, et de balancer du plastique et de l'aluminium tous les matins. Mais, c’est vrai qu’on ne connaissait pas le mouvement écologique. On connaissait par contre très bien l’épicier qui vendait presque tout au détail, sans plastique ni polystyrène, mais aussi le boucher, le crémier du quartier ou du village qui servait le fromage blanc à la louche et vendait les yaourts dans des pots en carton.
-        On ne connaissait pas non plus les couches jetables : on langeait les bébés avec des couches en tissu qu'on lavait et relavait au savon de Marseille. On faisait sécher les vêtements dehors sur une corde et pas dans un sèche-linge. On avait un réveil qu'on remontait le soir. Dans la cuisine, on s'activait pour préparer les repas ; on ne disposait pas de tous ces gadgets électriques spécialisés pour tout préparer sans efforts et qui bouffent des watts autant qu'EDF en produit. On n'avait qu'une prise de courant par pièce, et pas de réglettes multiprises pour alimenter toute la panoplie des accessoires électriques indispensables aux jeunes d'aujourd'hui.
-         Quand on emballait des objets fragiles pour les envoyer par la poste, on utilisait comme rembourrage du papier journal ou de l’ouate (avec ou sans élision), dans des boîtes ayant déjà servi qu'on fermait avec un brin de ficelle naturelle, et pas du « bul-pack » ou des billes de polystyrène, ni des adhésifs synthétiques.
-         On remplissait les stylos avec une bouteille d'encre au lieu d'acheter un nouveau stylo. On remplaçait les lames du rasoir au lieu de jeter le rasoir entier après quelques utilisations. Les enfants gardaient le même cartable durant plusieurs années, les cahiers continuaient d'une année sur l'autre, les crayons de couleurs, gommes, taille-crayon et autres accessoires duraient tant qu'ils pouvaient, et pas comme maintenant avec un cartable tous les ans et des cahiers jetés fin juin, de nouveaux crayons et gommes avec un nouveau slogan à chaque rentrée.
-         Quant aux vêtements, on les usait jusqu’à la corde avant de les raccommoder ; on reprisait les chaussettes, on rapiéçait tout par exemple en mettant des ronds de cuir aux coudes des pulls quand ils étaient troués, et on ressemelait les chaussures (une paire pour la semaine et une autre pour le dimanche). Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.
Voyant qu’à l’évidence, les verbes repriser, raccommoder, rapiécer, ressemeler,… ne faisaient pas partie du vocabulaire de la caissière, la vieille dame fit observer :
-         Oh je vois bien que tout cela est pour vous du charabia. Alors, parlons téléphone. A mon époque, préhistorique, à quelques exceptions près, personne n'en avait. On allait téléphoner au bureau de poste, une ou deux fois par trimestre, si nécessaire, comme par exemple pour appeler le médecin, ou les pompiers, et pas pour raconter sa vie pendant des heures, comme on le fait aujourd’hui. Puis il y a eu les cabines téléphoniques, à raison d'une par quartier. Aujourd'hui, c'est un téléphone par personne qui fonctionne 24 h/24 et qu'il faut charger pendant la nuit, en faisant tourner nos centrales nucléaires. Par contre, on écrivait beaucoup de lettres pour donner des nouvelles à la famille, déclarer ses impôts ou faire une démarche administrative. Du coup, on savait écrire, et bien, alors qu’avec les textos et les correcteurs orthographiques, on ne sait plus écrire 10 lignes sans faire 20 fautes. On n'avait pas d'Internet, et pour s’instruire, on avait des dictionnaires et des encyclopédies, alors qu’aujourd'hui, les gens n’ont jamais ouvert un bouquin autre que des bandes dessinées, et ne savent pas qui a écrit le Boléro de Ravel… (il y en a même qui pensent même que c’est un grand couturier) ; ils ne savent pas mieux où passe le Danube quand on leur propose Vienne ou Athènes, etc.
Et d’ajouter :
-         De mon temps, le mouvement écologique, on ne le connaissait pas. Par contre, être en mouvement, ça, on savait ce que ça voulait dire. Pour aller faire les courses, on ne prenait pas la voiture à chaque fois qu'il fallait se déplacer de deux rues : on marchait jusqu'à l'épicerie du coin, on montait l'escalier à pied ; on n'avait pas d'escaliers roulants et peu d'ascenseurs. Les gens prenaient le bus, le métro, le train et les enfants se rendaient à l'école à vélo ou à pied au lieu d'utiliser la voiture familiale et maman comme un service de taxi 24 h/24. On n'avait pas non plus de trottinettes électriques ni de VAE qui ne fonctionnent que grâce aux centrales électriques. Comme on se remuait le popotin toute le journée, on n'avait pas besoin d'aller dans un club de gym pour courir sur des tapis roulants énergivores. Par contre, on se couchait tôt au lieu de rester 3 heures devant un écran de télé géant avec 200 chaînes.
-         Eh oui ! A notre époque antédiluvienne, on savait passer du temps dans la nature alors que vous, vous restez vissés devant vos écrans. On avait une nourriture simple et saine car on préparait de bons petits plats au lieu de se goinfrer de bouffe insipide, toute-préparée et bourrée de perturbateurs endocriniens. Comme on se remuait et qu'on parlait avec ses voisins, on était en bonne santé et bien dans sa peau. On n'avait pas besoin d'aller une fois par semaine chez le psy, l’ergothérapeute ou l’ostéopathe (trois professions qui n'existaient pas faute de clients).
Regardant la caissière abasourdie, la vieille dame soulagée d’avoir vidé son sac conclut :
-        Eh oui, ma petite cocotte, faut te mettre dans ta petite caboche de geek, branchée et connectée, que nous les vieux croûtons, ne connaissions ni Internet, ni les réseaux sociaux, ni le mouvement écologique, mais que pour ce qui est de savoir vivre heureux avec pas grand-chose, on était bien plus forts que vous.
Alors qu’elle s’apprêtait à se diriger vers la sortie du supermarché, elle se retourna pour ajouter :
-         Ah, j’allais oublier de vous dire que ce sac en plastique va me servir de poubelle (une petite de 20 L par mois), car moi, je n’achète jamais au supermarché des rouleaux de sacs poubelles, …… en plastique, évidemment ! Juste un de temps en temps, vu que, comme je vis à l'ancienne, c'est-à-dire avec sobriété, je n'ai pas grand chose à jeter !

4 commentaires:

  1. Si je puis me permettre quelques remarques que m'inspirent ton texte :

    1) cela fait des années et des années que ce texte circule sur le net et il n'est pas nécessaire de passer soi-disant par une petite vieille à la caisse d'un supermarché pour faire passer des messages (Action Rébellion se charge concrètement de nous mettre le nez dans le caca de notre surconsommation, et bien d'autres associations moins "percutantes") Même Greta Tunberg si elle ne propose rien nous donne mauvaise conscience de prendre l'avion...

    2)ça fait des années aussi que de +en+ de consommateues achètent en vrac, apportent leurs propres cabas réutilisables, se font livrer des paniers d'Amap, apportent leurs boîtes en verre ou type "tupperware" à la poissonnerie (du marché ), cuisinent à la maison plutôt que d'acheter des produits ultra transformés, etc. Bref, tu prêches auprès de consommateurs (lecteurs de ton blog) déjà avertis et convertis,

    3) Des villes, telles que Nantes (Nantes Habitat, la Maison de l'Habitant), développent et encouragent l'habitat participatif (accession ou location abordable) pour développer la solidarité, la mise en commun de lieux, d'outils, de produits culturels à partager soit multigenerationnels, soit entre seniors (de 60 à 90 ans), avec poulailler, jardins partagers, cabane pour les outils de jardins en commun, etc..

    3) Nantes distribue gratuitement les sacs poubelles jaunes (recyclage) et bleus (OM) à mettre dans les mêmes conteneurs pour éviter un double ramassage et des conteneurs de couleurs differentes.

    4) je me suis connectée sur ton blog pour voir si tu allais nous parler de tes prochaines navigations en méditerranée....

    Bon, bref, tu ne vas pas être content de mon commentaire et tu vas le supprimer, mais c'est pas grave...

    Bises, quand même

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Pourquoi supprimerai-je ton commentaire qui abonde dans le sens que je choisissais en écrivant ce message, et qui peut donc intéresser mes lecteurs. Mais là où tu te trompes, c'est sur le lectorat de Sabay Dii qui est suivi à près de 50 % par des personnes n'habitant pas en France, et encore moins à Nantes. Pour information, près de 15 % vivent en Ukraine ou en Russie, et autant aux USA, pas mal aussi en Asie (Laos notamment) et Polynésie Française, ou Nouvelle Zélande, Indonésie et Canada... Je profite de cette occasion pour saluer amicalement tous ceux qui suivent les aventures de Sabay Dii depuis le reste du monde. J'ai donc la prétention de penser que ce que j'ai écrit peut intéresser des personnes très différentes de moi et des français réputés mondialement comme donneurs de leçons. Dans ce message, qui comme je l'ai indiqué en préambule n'est qu'une version transformée d'une lettre circulant sur Internet, il n'est pas question de dire ce qui est bien ou mal, mais de comparer deux façons de penser un monde propre, à deux époques. Mon propos t’apparaîtra peut-être plus intéressant quand j'aurai écrit la deuxième partie qui, en écho à celle-ci, et comme annoncé déjà, montre quelle est la vie et donc aussi l'empreinte environnementale des personnes menant une existence hauturière. Et là, tu pourras constater aisément qu'on est bien loin de pouvoir appliquer ce que tu proposes. Patience.

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