Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 17 mai 2019

Louxor, enfin !

Etant coincé à Port Ghalib pour plusieurs jours à cause d'un vent très violent de secteur Nord (le plus défavorable pour rejoindre Suez), je me suis tout de suite renseigné pour aller à Louxor et à Karnak que je voulais visiter à tout prix, car je n'avais pas pu y aller lorsque, à l'âge de 20 ans, j'étais venu en Egypte.
Luxor est à 250 km de la Mer Rouge ...
... sur les bords du Nil et en plein désert
A cette époque de guerre entre l'Egypte et Israël, entre la Syrie et le Liban, et entre l'Egypte et la Libye, vouloir faire le tour de la Méditerranée en auto-stop, à pied et en courant un peu tous les jours semblait un projet risqué, voire un peu fou. Mais après m'être bien renseigné, avoir beaucoup rusé, et après deux courts séjours en prison (histoire de vérifier que je n'étais pas drogué ni juif ni israélien), j'étais finalement arrivé au Caire où, suite à quelques heureux concours de circonstances, je fus adopté par plusieurs familles égyptiennes qui ne voulaient pas que je dépense la moindre livre égyptienne pour pouvoir continuer mon périple. Tout se passait très bien lorsque la police fit une descente dans le quartier de Khan Al-Khalili où j'étais hébergé et m'embarqua pour un interrogatoire musclé dont je sorti avec l'ordre de quitter le pays immédiatement (les alertes de raids israéliens étaient incessantes, et la présence d'un électron libre étranger ne plaisait pas du tout aux autorités locales). Du coup, il me devenait impossible de remonter plus haut (vers le Sud) le Nil, ce qui était pourtant l'un de mes objectifs majeurs. De la civilisation égyptienne, je n'avais donc vu que le fabuleux Egyptian Museum du Caire et les pyramides de Ghizeh où, privilège dont peu de monde peut se prévaloir, j'avais pu dormir (à l'intérieur de l'une d'elles), après avoir rendu service et sympathisé avec le gardien. Pour me consoler, je décidais que je prolongerais mon tour de la Méditerranée en allant toujours en auto-stop à Londres (les kilomètres et les heures d'attente au bord de la route ne m'impressionnaient déjà pas beaucoup) où se trouvait pour quelques mois encore l'exposition Toutankhamon. Néanmoins, je quittais l'Egypte un peu frustré en me promettant d'y revenir pour voir la Vallée des Rois, Louxor, Karnak, etc. un jour ou l'autre. Et après avoir attendu presque un demi siècle, je me retrouvais enfin tout près du but.
De son côté, mon copain Herbert qui naviguait aussi en solo sur son joli petit catamaran Chi, et qui n'avait pas plus envie que moi d'affronter le vent violent ni les vagues de la mer Rouge se renseignait aussi pour aller faire un tour du côté des sites archéologiques majeurs de la région de Luxor. Après avoir comparé les propositions que l'on avait faites à chacun de nous, nous décidâmes d'aller négocier un séjour de trois jours en commun en partageant les frais, d'où une substantielle remise pour une prestation absolument parfaite, jugez-en par vous-même :
  • transport Port-Ghalib -- Luxor (aller-retour, soit plus de 600 km dans le désert) en limousine, c'est-à-dire dans un taxi très confortable, avec un chauffeur particulier qui nous conduira ensuite aux divers sites archéologiques le premier jour ;
300 km de désert à parcourir pour rejoindre Luxor



  • un guide particulier (docteur en histoire de l'art, fils et petit -fils de fameux archéologues égyptiens) pour toute une matinée au temple de Luxor et l'après-midi dans la Vallée des Rois
  • toutes les entrées dans les sites étaient comprises dans le tarif de départ ;



  • logement sur la rive ouest du Nil, dans un quartier fait de quelques habitations parsemées au milieu des potagers, des oiseaux, moutons, chevaux, ânes, ... et pourtant à dix minutes à pied seulement du centre-ville via l'embarcadère. Et quel logement ! Une somptueuse villa avec piscine, jardin, loggia, dont nous occupions un étage, avec tout le confort imaginable et un propriétaire sympathique et généreux tout à notre service pour le seul plaisir de nous faire plaisir (il viendra même nous apporter le petit déjeuner, des plateaux de fruits, nous paiera le transport en bateau particulier sur le Nil !!!). Inimaginable chez nous !

Et tout cela pour 250 € par personne. Non seulement le prix était très concurrentiel mais la prestation superlative, ce qui a fait de nos trois journées à Luxor un séjour particulièrement plaisant.
Vous pourrez bientôt voir des images de quelques uns des innombrables trésors archéologiques de la région, mais avant cela, voici quelques images retraçant le déroulé de ce court séjour.
Le premier jour : départ de la marina, de nuit, à 5 h du matin ... pour 4 heures de route
Sur la route, beaucoup de check-points
avec des militaires armés jusqu'aux dents
mais néanmoins très décontractés
Nous filons à vive allure sur une belle quatre voies
Du désert encore du désert, toujours du désert, ...
... mais avec un relief pyramidal
qui a du inspiré les anciens.

 En nous rapprochant du Nil, le désert s'urbanise progressivement

De l'habitat anarchique comme ici, ou au contraire d'immenses complexes immobiliers, genre cages à lapins
On approche, les piétons apparaissent, ...
... et la circulation se densifie
essentiellement des attelages avec mulets, ânes ou de vieux canassons

et pour les plus fortunés, un triporteur
Malgré les cultures qui deviennent extensives à l'approche du Nil
les tracteurs sont rares (celui -ci transporte de la canne à sucre)
Nous arrivons à Louxor

A neuf heures, nous avons rendez-vous avec notre guide particulier, un homme affable, érudit, parlant un excellent anglais, pour la première visite, le grand temple de Karnak (à quelques kilomètres au Nord du centre-ville de Louxor) dont je vous proposerai des photos très prochainement. Cette visite très enrichissante nous prendra toute la matinée.
Le temple de Karnak
Après un repas (inclus dans le tarif) bon et copieux dans un authentique petit restaurant égyptien (crudités goûteuses, beignets de fèves, falafels, riz et poisson du Nil.etc.) nous partons avec notre chauffeur et notre guide à la Vallée des Rois, où se trouvent les tombes cachées de très nombreux pharaons. Comme le prévoit notre billet d'entrée, nous visiterons trois sépultures que notre guide nous a recommandées. A la fois splendide et impressionnant.
Qui pourrait deviner que dans ce canyon se trouvent les plus beaux trésors de 15 siècles d'histoire pharaonique ?
En milieu d'après-midi, après un petit détour dans un atelier de tailleurs de pierre plein de superbes productions, où nous passerons un bon moment à siroter du thé en compagnie du propriétaire et de quelques autochtones, sans la moindre pression commerciale, nous rentrerons à notre logis. Accueil très cordial du propriétaire qui nous attendait et nous fit découvrir la propriété. Après la douche, balade à pied dans le quartier, très calme, en pleine nature, et pourtant tout proche du centre-ville via les nombreux bacs qui traversent le Nil, et promenade le long du fleuve.
La rue qui va de "notre" maison à l'embarcadère
la circulation dans "notre" rue















Vue depuis "notre" maison
Vue depuis "notre" maison
Blé, orge, riz, tout peut être cultivé dans les environs du Nil
Vue depuis "notre" maison
La séance quotidienne de dressage de la jument
Une felouque sur le Nil (il peut y en avoir beaucoup plus suivant l'heure et le lieu)
L'embarcadère du bac public et des innombrables bateaux privés qui assurent la liaison
entre Luxor Ouest (ou nous logions) et Luxor Est (où se trouve le centre-ville et le grand temple). 


Très relaxant !

Le deuxième jour :  visite le matin du superbe musée de Louxor, dont vous verrez prochainement quelques pièces de toute beauté.
L'une des merveilles du musée de Louxor
Puis nous flânerons dans la ville jusqu'au début d'après-midi


















Herbert savoure son thé en rêvant

















Le port de la mitraillette n'est pas obligatoire

Dans l'après-midi nous visiterons le célèbre temple de Louxor dédié à Amon dont vous verrez aussi prochainement des images.
Rencontre avec un passionné de poésie capable de déclamer poèmes et prose
dans la langue de Shakespeare, de Molière ou de Goethe.
Quel amour des langues et quelle érudition, Monsieur !
Il y avait longtemps qu'Herbert l'Autrichien n'avait pas entendu parler allemand !

Le troisième jour : grande virée à vélo, pour nous rendre au temple funéraire d'Hatchepsout, et pour voir quelques sites très tranquilles car bien moins connus, et ignorés des foules de touristes.
Oh Herbert, pas trop mal aux pattes ?
Voici ce que l'on peut voir depuis son biclou ...
Pas mal le spectacle à vélo, non ?
Temple funéraire d'Hatchepsout
Cette balade sera l'occasion d'une rencontre particulièrement chaleureuse avec Habibi, un gardien de site isolé avec qui nous avons tout de suite sympathisé.
Chez Habibi
Son astucieux système de chauffage
Il nous fera voir des monuments enterrés auxquels personne n'a accès et des catacombes où les ouvriers étaient massacrés à la fin des chantiers, pour être sûr que le secret des lieux soit bien gardé.
Depuis, je lui ai envoyé les photos par la poste.
                 

Merci Habibi pour cette si agréable rencontre. 
Au retour, nous traînerons dans "notre" quartier pour acheter des vivres fraîches pour l'avitaillement de nos bateaux (une bonne dizaine de kilos de fruits et légumes pour deux €, du pain égyptien, des dates en grande quantité, des pâtisseries, etc.). De quoi empiffrer jusqu'à la Méditerranée.

La boulangerie
Retour bien chargé à "notre" maison où nous attendait notre chauffeur, pour un retour vers Port Ghalib où nous arriverons en pleine nuit.
Trois jours au rythme des égyptiens. Que du bonheur et un vrai dépaysement pour des marins !
Ce séjour aura été pour moi l'occasion de retrouver des ambiances, des odeurs, des goûts, des bruits qui m'avaient charmé, lors de mon premier et très lointain séjour en Egypte.
Un séjour qui m'aura aussi donné envie de revenir, mais cette fois-ci, je n'attendrai pas un nouveau demi-siècle, c'est sûr !

1 commentaire:

  1. In Mexico, the sugar cane trucks, when full, are called despeinados (disheveled, échevelés). I think it is a good description. What a great way to see this country again after so long.

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