Avant de parcourir les 150 milles qui séparent Krabi en Thaïlande et Rebak en Malaisie, j'avais, comme à mon habitude, pris la météo qui n'annonçait rien de spécial : 10 à 15 nœuds de Sud Ouest et mer agitée (ce qui est la norme en cette saison).
Départ avec la marée haute vers 14 heures (impossible de faire autrement car il n'y a pas assez d'eau pour rejoindre la haute mer depuis Port Takola). Après une demi-heure de descente de la rivière de Krabi, Sabay Dii se retrouvait dans le long chenal qui mène au large, en compagnie de petits chalutiers partant à la pêche. Vent dans le nez avec une mer dure et plus de 20 nœuds de vent. Pas vraiment ce qui était annoncé, mais le chenal est étroit et il est impossible de partir dans une autre direction. Conséquence : une bonne heure à me faire secouer ; largement suffisant pour que je décide de me dérouter à la sortie du chenal pour faire halte à l'abri de Ko Dam que je commençais à connaître par cœur.
Bien à l'abri, sous le vent de Ko Dam |
By by Ko Dam |
Salut Ko Phi Phi |
Nuit tranquille et départ au lever du jour pour la troisième étape.
Comme d'habitude, le courant est fort du côté de Ko Phi Phi Le |
Puis de gros nuages arrivèrent de l'ouest, ce qui est somme toute logique
Mais rapidement tout se compliqua. La météo devint complètement incompréhensible, avec des nuages venant de l'ouest et un vent qui va passer à l'est, brutalement, alors que la houle se renforce de l'autre côté. Ce n'était pas rassurant pour la suite.
Je n'arrétais pas de manœuvrer, un coup bâbord amure, un coup tribord amure, au près puis dix minutes plus tard au portant, et tout ça sous des grains anarchiques de plus en plus forts.
A 16 heures, plutôt que de continuer à naviguer de nuit, comme je l'avais initialement prévu, je décide d'aller me mouiller à l'Est de Ko Phetra, car ce temps ne me dit rien qui vaille.
Et mon flair ne m'aura pas trompé. Dans la nuit, trois tempêtes vont se succéder, à quelques heures d'intervalles, l'une venant de l'Ouest, une autre du Sud et une dernière du Nord. Heureusement j'avais choisi le côté Est de Phetra. Logique à cette époque et surtout à cause de la configuration de l'île qui ressemble à une vraie lame de couteau plantée dans la mer et orientée NS. De plus, de ce côté Est, il y a un très long banc de sable recouvert de 5 à 7 mètres d'eau, ce qui signifie une bonne accroche de l'ancre. Et il fallut bien cela car, même avec deux ancres et soixante mètres de chaîne, Sabay Dii a dérapé de près d'un kilomètre dans un vent de folie. Nuit acrobatique avec des coups de gîtes de 45°, une éolienne bloquée (le frein automatique était programmé sur 50 nœuds) et un anémomètre clignotant car incapable de mesurer le vent trop fort, alors qu'il m'a déjà indiqué 55 nœuds. Après beaucoup de temps passé au guindeau pour allonger les chaînes et jouer sur l'orientation des ancres, j'étais bien lessivé vers cinq heures du matin, pour constater que le vent avait baissé (plus que 35 nœuds) et qu'il valait mieux dégager au plus vite et naviguer loin de tout caillou.
Cette nouvelle journée encore très sportive verra Sabay Dii valser toute la matinée dans des déferlantes de 3 à 4 mètres avant de retrouver vers midi des conditions moins musclées mais une pluie diluvienne. Des conditions idéales pour accrocher l'un des innombrables casiers disséminés sur ce parcours. Et j'y eu droit évidemment !
Rebak enfin en vue |
A 15 h 30, j'arrivais en Malaisie et passais devant Marina Telaga qui n'avait plus de place pour m'accueillir. Malgré la fatigue et doutant de l'ouverture du bureau, je continuais vers Rebak Island. A 16 h 45 je tentais un appel VHF et bien que les entrées en se fassent plus après 15 heures, on m'accueillit chaleureusement et le personnel qui avait fini son service était là pour amarrer Sabay Dii.
J'allais pouvoir m'allonger, enfin !
Eh oui ! En cette saison (août, septembre, octobre) le temps est tellement capricieux et les changements si rapides et brutaux qu'aucune prévision météorologique n'est fiable. Une tempête peut arriver en une heure, mais malin celui que saura de quel côté elle surgira. D'où la nécessité de prévoir un plan B, un plan C et même un plan D, avant de se mettre en route.
Pendant les trois semaines qui suivirent, j'ai bichonné le bateau.
Du nettoyage, de l'électricité, de la mécanique d'entretien, et surtout de la couture.
Avec ma belle machine à coudre, j'ai fait un beau lazy bag tout neuf pour la grand-voile. Du boulot (trois jours complets) mais le résultat est au rendez-vous !
Mi septembre, je quittait la Malaisie pour un séjour métropolitain, laissant Sabay Dii tout beau, tout propre et bien à l'abri à Rebak Marina, comme l'an dernier, mais cette fois-ci à quai et non au sec.
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