Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 24 mai 2024

Sabay Dii prêt à renaviguer


Ça y est ! Sabay Dii est enfin dans l'eau, prêt à naviguer. Ouf !

Mais pour en arriver là, il m'aura fallu beaucoup de temps, de patience et d'énergie, d'autant que j'ai eu quelques mauvaises surprises, l'une très grosse, et puis d'autres, plus petites, mais liées à la première : la corrosion du mât !

Cette corrosion, découverte un peu par hasard en regardant à l'intérieur du mât, et totalement invisible de l'extérieur, aurait certainement été, à moyen terme, à l'origine d'une rupture du mât, avec les conséquences qu'on est en droit d'imaginer, lorsqu'on fait de la navigation hauturière. Le phénomène était très avancé. Constatée par expert, cette corrosion d'origine électrolytique est due à l'absence ou à la mauvaise qualité de la couche de protection que l'on doit toujours mettre entre le mât en aluminium, et la platine en acier inoxydable qui est rivetée à son pied pour supporter toutes les poulies de renvoi des drisses, hale-bas, balancines, etc. 

Vue de l'intérieur du mât : les boursouflures indiquent les zones où l'aluminium a été oxydé dans la masse (presque un trou).
 

Vue de l'extérieur : rien de visible autour de la platine qui supporte les poulies.

Aucun recours possible contre le constructeur du mât, la très réputée société Sparcraft qui a pignon sur rue à La Rochelle, car le mât avait plus de 10 ans. Il m'a donc fallu commander un nouveau mât, mais pas au prix fort, car la société a consenti une petite remise comme geste commercial, reconnaissant une part de responsabilité dans ce problème de corrosion. Mais vous allez voir que ce n'est pas tout de commander un nouveau mât pour en remplacer un ancien, car en 15 ans, les profils de tube changent et avec eux une quantité d'accessoires qui concourent à une note délirante de presque 25000 €. Gloups !!! Mais impossible de passer outre sauf à vouloir se prendre le mat sur la tête, ce qui alourdit encore plus la note, à cause des dégâts causés au bateau.

Sabay Dii, tout beau mais sans mât, sur le parking de la zone technique de La Rochelle

Délai de préparation du nouveau mât : 6 mois ! Donc remise à l'eau de Sabay Dii au Bassin des Chalutiers, à La Rochelle, tout près de la zone technique, au milieu des énormes catamarans (de 50 à 80 pieds) de la firme Fountaine-Pajot.



En arrière-plan, le paquebot du Musée Naval.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En attendant ce nouveau mât, il m'a d'abord fallu remettre en service tout ce que j'avais du démonter avec mes copains à Leucate, en septembre 2023 pour le transport routier jusqu'à La Rochelle. Au total trois semaines de boulot, en janvier, sous une pluie quasi quotidienne, à dormir dans le bateau glacial et humide. Pas le top, mais j'ai connu pire !

Et puis, le nouveau mât commandé en septembre est enfin arrivé (dans les temps), en mars.

Les deux mâts ; au centre le nouveau, et à gauche, l'ancien. 16 m de long !

Je suis donc revenu à La Rochelle où j'ai passé encore trois grosses semaines. Il m'a fallu d'abord conduire Sabay Dii au Port des Minimes, car le Bassin des Chalutiers n'est pas fait pour de longs séjours. 

Au Bassin des Chalutiers, on a tagué le bateau. Il n'y a qu'en France qu'on peut voir une telle connerie.
 

Encore sous la pluie et même sous la grêle !
J'allais travailler à la zone technique où se trouvaient les deux mâts, l'ancien et le nouveau. J'ai commencé par démonter tout ce qui pouvait l'être sur l'ancien, avec l'espoir de tout replacer sur le nouveau. Mais ce transfert a été semé d'embuches, car entre les deux versions, tout ou presque avait changé à cause de l'évolution du profil du tube : rail de GV, type de coulisseaux de fixation du rail, position des fixations des câbles, etc. Plein de "petites" choses qu'il a fallu changer à coup de 500 € chaque fois d'où une note finale très salée. Et évidemment tous les démontages se sont faits "à la dure", à coup de dégrippant, de pince-étau, de tournevis à frapper, de chalumeau, et même parfois à la masse, avec comme objectif délicat de ne rien détruire. En plus, pour ne rien arranger, l'embase du mât, qui est solidaire du pont du bateau, était incompatible avec le nouveau profil, ce à quoi, ni le chantier, ni le fournisseur de mât n'avaient pensé. Un comble. Il a donc fallu désolidariser l'ancienne embase et la faire usiner pour l'adapter au nouveau mât. Mais en France, il est bien plus difficile que dans nombre de "petits pays de la planète" de trouver un atelier de mécanique avec des bons tourneurs, fraiseurs, ... Plus facile de vendre du neuf. Et donc, le travail d'adaptation attendu étant du niveau d'un élève de CAP, il a fallu faire et refaire le boulot, jusqu'à avoir satisfaction. D'où, encore, beaucoup de temps et d'énergie perdus.

 

Ce qu'il reste de l'ancien mât que j'ai tronçonné et apporté à la ferraille avec la remorque d'Olivier. Valeur : 250 € avec tous les anciens câbles. Une broutille comparée au coût de l'opération, mais c'est mieux que rien.

Finalement, ce fut le 19 avril que le bateau fut remâté, mais sans moi, car le même jour, j'étais opéré à Perpignan. Heureusement, Olivier et Jean-Eudes, qui me furent d'une grande aide pendant toutes mes journées de labeur à la Rochelle, se chargèrent de l'opération. Chapeau et merci à eux deux !

Aujourd'hui Sabay Dii est amarré à Marans, à l'intérieur des terres, au milieu de Marais Poitevin. C'est un ancien port fluvial de commerce, situé sur un canal qui reliait autrefois Niort à l'Atlantique.

 

Sabay Dii est maintenant fin prêt pour repartir loin, avec, bien sûr, un nouveau mât, mais aussi un nouveau gréement dormant, de belles drisses toutes neuves, un superbe génois sortant de la voilerie Tasker, et plein d'accessoires que j'ai changés comme le feu de tête de mât (un Lopolight de dernière génération, la Rolls des feux de mât), une nouvelle antenne VHF, etc., etc. Sans compter un nouveau safran, des nouvelles rotules, des joints de quilles rénovés ! Il est donc paré pour un nouveau départ, bien plus affûté, optimisé et performant que lorsque j'avais démarré mon tour du Monde en 2010. Néanmoins, il va devoir attendre sagement quelques mois que je sois, à mon tour, complètement retapé. 

Rendez-vous donc, vers fin juillet, quand je serai à nouveau en pleine forme, pour de nouvelles aventures nautiques.