jeudi 6 octobre 2016

Arrivée à Tual, en Indonésie. D'abord, les formalités

Le 19 juillet, j'arrivai à Tual après une très longue navigation depuis la Nouvelle Calédonie, à travers les mers de Corail, d'Arafura et de Banda, et le fameux détroit de Torres, soit plus qu'une transat, mais malgré le nombre impressionnant de milles parcourus, Sabay Dii et son capitaine étaient en pleine forme.
Pourquoi arriver à Tual, une ville de 65000 habitants dont personne n'a jamais entendu parler chez nous, car perdue en Mer des Moluques, dans l'archipel des îles Kai (ou Kei) ?
Pour deux raisons simples : d'abord, Tual est l'un des ports officiels d'entrée en Indonésie, or, lorsqu'on franchit une frontière maritime, on doit sortir et entrer des pays frontaliers par des ports officiels pourvus des services d'immigration, douane, biosécurité, quarantaine, i tutti cuanti. La deuxième raison est que ce n'est pas moi qui ai choisi ce port, mais les organisateurs d'un rallye international que j'avais choisi de rejoindre en Indonésie : The Wonderful Sail 2 Indonesia Rally.
D'où une nouvelle question : pourquoi rejoindre un rallye quand on aime, comme moi, naviguer seul, dans des coins peu fréquentés par les autres voiliers de croisière ? Eh bien la réponse est encore plus simple : pour me simplifier la vie !
En effet, il faut savoir que l'Indonésie, c'est 17000 îles (pas d'erreur de puissance de 10) ! Le pays étant organisé en "regencies" (provinces) relativement autonomes au niveau de leurs administrations, le navigateur se trouve confronté à l'obligation de refaire toutes les formalités d'entrée et de sortie chaque fois qu'il change de regency : demande d'autorisation de naviguer, contrôle du services de l'immigration, visite des douane et tout le tintouin. Et encore, les choses se sont simplifiées depuis un an ! Du coup, en passant d'une île à l'autre, on passe plus de temps dans les bureaux ou à attendre dans son bateau des tampons plus ou moins folkloriques qu'à rencontrer la population et visiter le pays. Et en plus, on doit faire toutes ces formalités par l'intermédiaire d'un agent officiel, que l'on doit payer pour toutes ses démarches, bien évidemment. Or, en s'inscrivant à ce rallye, toutes les démarches étaient faites par un agent commun à toute la flotte, et tout cela par anticipation ou presque. Du coup, en payant mon inscription, je faisais des économies d'agent, d'argent et surtout de temps. Et j'allais découvrir en plus toute une bande de navigateurs super sympas venus de tous les coins de la planète, et peu habitués, eux aussi, aux rallyes, ce qui est un paradoxe, n'est-ce pas ? Mais comme je l'ai découvert très rapidement, ce n'était pas les seuls avantages de ce rallye, comme vous allez vous en rendre compte très bientôt. Suspens !
Quelques uns des bateaux dont les équipages venus des quatre coins de la planète vont devenir des amis
En arrivant à Tual, mais avant d'avoir mis pied à terre, j'avais déjà découvert quelque chose de très important sur l'Indonésie, chose à quoi je m'attendais un peu quand même : c'est que les cartes maritimes de la région vendues à prix d'or par Navionics et autres fournisseurs peu scrupuleux sont archi-fausses. En effet, j'avais eu la prudence de temporiser pour passer entre les deux îles principales de l'archipel des Kai et arriver de jour à Tual. Et j'avais bien fait, car en naviguant à vue, je constatais sur ma centrale de navigation que Sabay Dii était du genre joueur ; de temps en temps son image sur mon écran était au milieu des terres et quelques minutes après c'était l'inverse avec apparemment beaucoup d'eau sous les quilles alors que je voyais clairement le fond par dessus les filières. De même avec les balises qui jalonnent le chenal de Tual : l'image de Sabay Dii se baladait de manière arrogante du mauvais côté des bouées alors que je m'appliquais à bien respecter la signalisation qui indique le bon chemin au milieu des récifs et des bancs de sables.
La carte Cmap 93. Sur cette carte, par exemple, je ne passe entre les feux vert et rouge de l'entrée de Tual,
mais entre le rouge et la côte
Carte obtenue à partir d'une image Google.
Evidemment il n'y a pas la signalisation maritime, mais le trait de côte est exactement au bon endroit
Bref, il me fallait absolument naviguer à vue et ne plus compter sur les cartes électroniques et papier officielles bonnes pour partir aux archives à déclasser. Heureusement que j'avais d'autres outils de navigation comme le logiciel russe SAS Planet ou mon préféré, Open CPN, capables tous deux de lire toutes sortes d'images géoréférencées comme par exemple celles fournies gratuitement par Google Earth, Yahoo, etc. et qui, elles, sont toujours parfaitement exactes. Je savais maintenant à quoi m'en tenir pour les mois que j'allais passer dans les eaux indonésiennes.

Les formalités prirent plus d'une journée. Les représentants des diverses autorités officielles, souvent apparemment très jeunes (mais en Asie, il n'est pas rare de donner 15 ans de moins à ne personne de 40 ans), firent toujours leur travail consciencieusement, mais toujours avec une bonhomie qui faisait plaisir à voir. Ici, des sourires, de la curiosité, de la gentillesse, et pas le moindre signe de corruption. Et ce sera ainsi pendant tout le rallye.
Le défilé commence.
Le service de l'immigration, tout sourire.

Le service des douanes, tout sourire.
Les douanes : deux gratte-papiers et cinq fouineurs
qui repartiront avec des échantillons de sucre, farine, maizea, etc. pour analyse








Tous veulent être pris en photo avec le "grand navigateur".

Un jour et demi entre les premiers visiteurs et les derniers. Ouf, c'est fini !
Toutes les formalités à bord étant accomplies, j'allais enfin pouvoir aller à terre me dégourdir les jambes après de nombreux jours de mer !

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