Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 6 mai 2019

Port Ghalib, un port à éviter

Une fois n'est pas coutume, découvrons Port Ghalib avec un petit film promotionnel qui donnera peut-être envie à certains d'entre vous de venir dans cette ville nouvelle de la côte égyptienne de la Mer Rouge pour passer quelques jours de vacances ...
Continuons avec quelques informations du site officiel ; elles sont en anglais mais je vais les résumer.

PORT GHALIB INTERNATIONAL MARINA
Since 2002, the Port Ghalib International Marina has been a crowning feature in the community. With space to accommodate up to 1,000 yachts, it makes for a stunning harbor display. The award-winning International Marina is fully staffed with Harbor Master, Customs and Immigration office for traveling ships, as well as fully equipped repair and fueling facilities. As Egypt's first private seaport,the marina is upheld to international standards by UK based marina company Camper and Nicholson, who have acted as the marina's operator consultants since 1999.
Et  pour finir la publicité qu'on trouve partout au sujet de la marina ...
En résumé, Port Ghalib est présenté comme un lieu paradisiaque. Desservi par un aéroport à juste 5 km, ce complexe touristique situé sur la Mer Rouge est annoncé comme l'endroit rêvé pour venir y passer ses vacances : hôtellerie de très haut standing, climat exceptionnel toute l'année, environnement préservé, activités nombreuses et variées, que ce soit à Port Ghalib même ou dans les environs.
L'un des innombrables hôtels de Port Ghalib presque toujours structurés autour d'immenses piscines
(Photo glanée sur Internet)

Mais quand on choisit de donner le nom de "marina" à un grand complexe touristique, il faut pouvoir le justifier, et c'est ce qui est fait : port officiel d'entrée en Egypte, doté de tous les équipements et services qu'un navigateur pourrait souhaiter. Sa marina, de classe internationale, est capable d'accueillir tout type de bateau, du plus petit jusqu'au super yacht, dans le plus grand confort et la meilleure sécurité.  

La Capitainerie de Port Ghalib (Photo glanée sur Internet)
Vue d'ensemble du bassin de la marina (Photo glanée sur Internet)
Effectivement, à sa création en 2002, les promoteurs ont vu grand, vraiment très grand, en imaginant un immense complexe hôtelier (des milliers de lits) et résidentiel (d'innombrables appartements coûtant bien moins cher que sur la Côte d'Azur) structuré autour d'un bassin pouvant accueillir jusqu'à 1000 "yachts" de toutes tailles.
Les bateaux de promenade en mer fonctionnent aussi de nuit
Le lieu de vie de Port Ghalib (bistrots, marchands de souvenirs, et tout ce qu'il faut pour faire trempouille)
Mais tout ça, c'est de la pub !!! Qu'en est-il vraiment ?

Difficile de répondre à cette question d'une seule manière, car cela dépend de ce que l'on attend d'un séjour à Port Ghalib. Il est probable que les nombreux touristes russes qui viennent ici repartent ravis, mais ce ne fut pas mon cas, loin de là.
Alors je vais vous donner mes impressions qui étaient unanimement partagées par tous ceux (mais ils étaient peu nombreux) qui sont arrivés à Port Ghalib par la mer, c'est-à-dire des plaisanciers ayant beaucoup bourlingué, que ce soit dans des endroits paumés, ou dans les pays les mieux équipés pour accueillir des bateaux de plaisance.
Mais avant de dresser un tableau très sombre de la Marina de Port Ghalib, je voudrais insister sur un point positif qu'il faudra garder à l'esprit, c'est l'accueil chaleureux de tout le personnel de la Marina (secrétariat, direction, personnel pour l'amarrage, pour l'entretien, etc.) et des administrations (agent officiel, douaniers, fonctionnaires de l'immigration, policiers, Directeur du port, etc.). Que des gens sympas, et très serviables !
Mais pour le reste, c'est une autre paire de manche.

Premier aspect négatif : l'aspect financier à l'arrivée
Les formalités se font assez rapidement grâce à l'agent que l'on est obligé de prendre pour intercéder auprès des diverses administrations, mais les frais et taxes à verser aux divers services de l'état égyptien sont excessifs et souvent injustifiés, si ce n'est pour faire rentrer de l'argent sans scrupules dans les caisses de l'état ; au total, près de 350 € rien que pour avoir le droit de naviguer dans les eaux égyptiennes (100 € de frais d'agent, 30 € de droit de douane, 150 € de permis de croisière, 30 € pour un visa de 30 jours, etc.), alors que c'est gratuit presque partout sur la planète. Les croisiéristes sont considérés comme des vaches à lait ; ils doivent payer mais n'ont aucun service en retour. Pourquoi celui qui arrive par la mer doit payer aussi cher alors que le touriste arrivant par avion peut passer trois mois avec un simple visa ?
Il faut noter qu'en Egypte, un port peut fixer arbitrairement le prix d'un certain nombre de droits d'état et que les autorités de Port Ghalib, qui était connu pour ses taxes modérés, ont pris la grosse tête, en multipliant par trois en un an l'ensemble des frais.

Deuxième aspect négatif : les services de la soit-disant "marina"
Avez-vous déjà vu une marina sans toilettes, sans sanitaires, sans eaux ni électricité aux bateaux. Ne parlons pas d'une laverie, ou d'un local pour s'abriter. Eh bien à Port Ghalib, il n'y a rien de tout cela. Juste un robinet pour tout le monde ! Pour les toilettes ou la douche, l'administration de la marina vous invite à aller squatter les hôtels, ou les clubs de plongée, en toute discrétion, évidemment. Incroyable !
J'ai du commander de l'eau (potable car provenant de Louxor à plus de 200 km de Port Ghalib)
à une entreprise qui est venue nous la livrer deux jours plus tard
Dans une heure
l'eau affleure le haut du quai 


Et le pire, c'est que le Directeur de la marina, pour fixer les tarifs, est allé sur Internet pour copier-coller ceux des marinas de classe internationale : au minimum 25 à 30 € par nuit pour un tout petit bateau, rien que pour être amarré à un quai complètement inadapté aux bateaux de croisière. Les voiliers sont en permanence en danger, à cause du vent dominant qui les plaque contre un quai qu'il est difficile, voire impossible de quitter un jour venté. En plus, la hauteur de ces quais non terminés est très insuffisante, ce qui fait qu'à marée haute l'eau du port manque de déborder, en entraînant les pare-battages hors de l'eau. Par contre à marée basse, ces mêmes pare-battages sont défoncés sur les coquillages qui n'ont jamais été enlevés des parois verticales du quai. On doit donc veiller toute la journée et la nuit à régler la hauteur des protections du bateau. Un vrai cauchemar ! Je ne parlerai pas des équipements en cas de problème matériel car il n'y a pas la moindre quincaillerie, et aucune personne compétente pour réparer quoi que ce soit à part les gros moteurs diesel des bateaux de plongée.


A part les gros bateaux à moteur des clubs de plongée,
il y a seulement une dizaine de voiliers dans cette marina.
Pourtant on est en pleine saison, et elle est prévue pour 1000 unités
L'entrée dans cette marina n'est pas facile à cause des  massifs de corail
Troisième aspect négatif : l'approvisionnement et l'atmosphère de ce complexe touristique
Ce complexe n'a été pensé que pour des gens en hôtel, uniquement des russes (beaucoup) et des européens, qui n'ont pas besoin de s'acheter à manger. Donc cette ville ne dispose ni d'épicerie, ni de boulangerie, ni d'un marché. Uniquement des marchants de souvenirs, de vêtement de sport ou d'été et d'accessoires pour la baignade, et des bars-restaurants servant en fin d'après-midi bière, vodka et cocktails à ceux qui sont allés passer leur journée sur un bateau de promenade en mer ou de plongée. A la limite ils peuvent vous proposer des pizzas, hamburgers ou des pâtes. Mais rien d'autre. Et tout cela à des prix prohibitifs. Pour s'approvisionner, ou pour manger égyptien, il faut donc quitter Port Ghalib et partir (à pied car pas de transport en commun) à quelques kilomètres de là, dans un gros bloc d'immeubles ayant poussé en plein désert et ou l'on trouve deux commerces et deux petits restos perdus au milieu de centaines de logements genre "cage à lapins". Ajoutez à cela que, à l'exception de quelques braillards en slip de bain circulant bedaine au vent, tout ce petit monde de touristes reste à l'hôtel pour profiter au maximum des piscines (la baignade en mer n'est pas des plus attrayantes) et vous arriverez à imaginer que Port Ghalib puisse sembler presque vide et inanimé. Bref, l'atmosphère est des plus consternantes.
En route pour aller faire les courses
Je mange enfin égyptien
La marina un jour de petite tempête de sable
Les environs immédiats de Port Ghalib
Quatrième aspect négatif : les services annexes
L'aéroport est à seulement 5 km mais vous devrez obligatoirement prendre un taxi agréé à 20 €. Vous voulez de l'essence ou du gazole pour le bateau, il vous coûtera deux fois et demi le prix local car vous êtes étranger et on vous ajoutera une taxe douanière d'exportation alors que vous n'avez aucune chance de pouvoir l'utiliser en dehors du pays. Même déconvenue avec des cartes sim ou pour disposer d'une connexion wifi. J'en passe et des meilleures. Démoralisant, cette impression d'être en permanence pris pour un pigeon à plumer.

Cinquième aspect négatif mais temporaire
Deux jours après que j'ai quitté Port Ghalib, alors que les événements contestataires démarraient au Soudan, le gouvernement égyptien en conflit larvé avec son voisin a instauré une quarantaine pour tous les bateaux arrivant du Sud, au prétexte sulfureux que les voyageurs pourraient être atteints de fièvres contagieuses et dangereuses. Conséquence : tous bateau venant du Soudan est immobilisé pendant une semaine (ça fait rentrer des sous à la marina) et tous les membres d'équipages sont transférés à leurs frais dans un hôpital ou il devront rester en quarantaine pendant plusieurs jours, jusqu'à ce qu'ils soient considérés comme sains. On ne pouvait pas faire mieux pour dissuader les plaisanciers de s'arrêter dans les charmantes marsas soudanaises.

Et n'oublions pas non plus qu'on est en terre musulmane et qu'au moment du ramadan, un non musulman n'a pas la vie facile.

Les moniteurs du club de plongée font la "pause"
En conclusion, voici l'avis que je donne à tous les navigateurs remontant la mer Rouge.

Sauf nécessité absolue ou si vous souhaitez visiter l'Egypte et en particulier Louxor, NE VOUS ARRETEZ PAS A PORT GHALIB, mais prenez du bon temps au Soudan, où vous pourrez faire à bon prix un excellent avitaillement du bateau. Ensuite, attendez la bonne fenêtre météo et partez pour Port Suez. Vous trouverez sur votre route, une fois passé Hurgada, de bons mouillages auxquels vous n'avez en théorie pas le droit d'accéder sans permis de croisière. Mais comme d'une part il n'y a personne pour contrôler, et que d'autre part vous pouvez invoquer le droit international de trouver refuge en cas de mauvais temps, vous ne risquez rien. Et dans le pire des cas, votre amende sera bien inférieure à votre note à Port Ghalib (la mienne s'est élevée à 700 € à cause du mauvais temps qui m'a bloqué quelques jours ; c'est cher pour une semaine sans eau, ni électricité, ni sanitaires, ni Internet, ni ..., ni..., ni...)

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