Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

mardi 30 avril 2019

Une pause en France, et je repars rejoindre Sabay Dii en Turquie

Sabay Dii est bien tranquille à Antalya.

Il n'est pas habitué aux marinas, mais après plusieurs mois et des milliers de milles de navigation solitaire dans des mers réputées infréquentables, il a enfin de la compagnie (plein de voiliers de sa taille qui attendent paresseusement que leurs propriétaires turcs les promènent un peu en mer). Il doit donc supporter mon absence plus facilement. Mais je le connais bien et sais que c'est quand il bouge qu'il s'épanouit, comme son capitaine. Je vais donc le rejoindre après une petite pause en France à dorloter ma chère Maman devenue veuve quand je naviguais entre Somalie et Yémen.

Au programme, l'exploration de la côte méditerranéenne de la Turquie. 
D'abord la riviera comprise entre Antalya à l'Est et Fethiye à l'Ouest.
qui réserve quelques belles surprises,que ce soit en mer,

où à terre, avec plein de sentiers de randonnées dans les montagnes qui plongent dans la Méditerranée
mais il faut pousser plus à l'Ouest,pour profiter de ce qu'on appelle la "Côte turquoise" qui va d'Antalya à Bodrum.

Un vrai paradis pour la croisière à la voile.









Mais cette partie de la Turquie regorge aussi de merveilles dans les terres ...
Des vestiges romains et grecs parmi les plus renommés, comme Hierapolis ou Ephèse
Hierapolis

des formations géologiques extraordinaires comme Pamukale
Et rien n'empêche de pousser plus loin, jusqu'au Bosphore et Istanbul.
Et puis, d'Antalya, il suffit de faire un saut de puce pour se retrouver en Cappadoce.
en hiver
ou en été
Tous ces coins de la Turquie, je les connais déjà pour avoir sillonné le pays en auto-stop quand j'avais une vingtaine d'années, et pour y être revenu ensuite plusieurs fois et avoir exploré toutes ses merveilles depuis la Méditerranée jusqu'à la mer Noire et du Bosphotre àu Kurdistan, en passant par le mont Ararat, le fantastique lac Van, et en poussant jusqu'aux frontières avec l'Iran, l'Irak (Dijarbakir) ou l'Azerbaïdjan (Dogubayazit).
Le Mont Arrarat
Le Lac Van et Arrarat dans le lintain
Dijarbakir pendant une attaque de l'armée turque contre les kurdes turcs
Dogubayazit
Mais tous ces coins, j'ai envie de les revoir. Vous avez donc (à partir de ces images glanées sur Internet) une petite idées de ce que vous verrez sur ce blog dans quelques mois. Mais avant, il me reste à vous concocter quelques messages bien illustrés de ce que j'ai vu pendant ma navigation et mes balades du mois d'avril, c'est-à-dire, depuis la frontière du Soudan, jusqu'à la sortie du Canal de Suez. Et comme je suis en France avec une connexion rapide, ça ne devrait pas traîner.. 😄😄😄

dimanche 28 avril 2019

Retour musclé de Sabay Dii en Méditerranée

En 2019, Sabay Dii n'aura pas chômé...
En moins de trois mois (dont un à attendre sagement que le vent de la Mer Rouge se calme), presque 5700 milles nautiques avalés sans le moindre soucis matériel, si ce n'est les WC bouchés, mais bon !!!
Sabay Dii était bien préparé !
Départ de l'île de Phuket en Thaïlande à la mi-janvier et, dans la foulée, la traversée de la Mer d'Andaman, puis l'Océan Indien avec la Mer d'Arabie et le Golfe d'Aden, la Mer Rouge et pour terminer une traversée express de la Méditerranée pour arriver en Turquie le 15 avril et se poser enfin. Je parle de Sabay Dii qui est depuis amarré à la marina d'Antalya, et pas de son "Captain" préféré qui à peine le pied à terre a du se farcir les autorités turques et leur législation assez déconcertante, puis le rangement et le ménage du bateau avant de sauter dans le premier avion pour la France.
Setub Antalya Marina
Sabay Dii bien amarré parmi ses voisins turcs
Et pourtant je méritais bien de prendre quelques jours de repos après toutes ces heures de navigation ininterrompue, plusieurs nuits successives de veille et surtout une tempête au large de la Turquie.
Beau coucher de soleil avant la nuit tranquille du 13 au 14 avril 2019. Le bateau avance vite et bien.
Frais et dispo pour passer une nouvelle nuit de veille
Tout a commencé le 14 avril dans l'après-midi, après 36 heures de vent de travers venant de l'Est, qui m'avait permis de filer confortablement à plus de 8 nœuds de moyenne, le vent est passé très rapidement à l'Ouest. Premier mauvais signe.
Ça commence gentiment
C'est Sabay Dii, la petite bête qui monte, qui monte
Sabay Dii file à plus de 10 nœuds avec deux ris dans la grand voile et seulement la trinquette à l'avant
La mer devient mauvaise. La Méditerranée est une vicieuse !
C'est de la rigolade avant ce qui m'attend. Il n'y a que 28 nœuds de vent (force 6).
Dans quelques heures le vent sera presque 4 fois plus puissant (force 9)
Pendant une bonne heure, le vent monte à 30 nœuds pour se calmer ensuite un peu à 20/25 nœuds, mais les vagues continuent à grossir. Deuxième mauvais signe.
Comme les prévisions météo n'envisageaient cette bascule qu'avec un maximum de vent de force 2, je pensais que ça se calmerait. Je me voyais déjà glisser à vive allure mais tranquillement vers la Turquie, et même en train de manger un kebab à la terrasse d'un café. Mais les vagues restaient anormalement fortes pour cette configuration.
Vers 17 h, le vent repart à la hausse avec quelques coups de semonce à 30 ou 35 nœuds, rendant la navigation moins agréable et m'obligeant à réduire la toile pour ne pas partir au lof avec une vague de travers plus forte que les autres.
C'est au coucher de soleil que la situation deviendra plus tendue, avec quelques rafales très violentes annonçant une méchante tempête de force 9 (vent de 45 nœuds) qui durera toute la nuit. N'attendez pas de photos pour vous faire trembler, d'abord parce la Méditerranée, cette vicieuse, a profité de la nuit pour me surprendre, et puis parce que j'avais autre chose à faire que de m'amuser à photographier ou à filmer. J'ai continué à réduire la toile à mesure que ça montait et ai fini par aller faire l'acrobate sur le pont, dans un noir absolu, pour affaler complètement la grand-voile face au vent et aux vagues déferlantes. J'ai fini par me mettre en fuite avec juste un petit mouchoir de tissu (un tiers de la trinquette) dont la bande anti-UV a été arrachée par le vent fou. Bref, une nuit de très gros baston où je n'en menais pas large, avec des vagues qui, par moments, submergeaient complètement le bateau.

Au petit matin, en entrant dans la grande baie d'Antalya, la Méditerranée, peut-être fatiguée (mais pas autant que moi) s'est calmée. La terre de Turquie est apparue, sombre et montagneuse.

Une bateau de prospection pétrolière et en arrière-plan, le fond de la baie d'Antalya

J'avais l'impression d'arriver en Norvège, aux Loffoten, mais c'était Antalya
la ville côtière la plus chaude de Turquie.
Il ne faisait pourtant que 10°C.























Dans une heure, je mettrai le pied à terre, pour commencer le rallye des formalités administratives turques, au lieu d'aller me coucher pour récupérer de cette traversée musclée de la Méditerranée.

mercredi 10 avril 2019

Les "marsas" de la côte soudanaise

Comme vous le savez déjà, Sabay Dii est resté trois semaines à Suakin où nous étions très bien, mais néanmoins coincés par une météo exécrable pour la navigation à voile : force 6 à 7 de vent de Nord pendant plus de 20 jours d'affilée, et en Mer Rouge, cela donne des vagues épouvantables que l'on prend de face si l'on va vers Suez.
Ayant une petite fenêtre favorable, et le précieux permis de croisière, j'ai décidé de quitter Suakin, en empruntant le chenal intérieur qui longe la côte jusqu'à Port Soudan, et où la mer est bien moins mauvaise qu'au large.

Ce genre de navigation impose quelques règles impératives :
  • ne pas partir de nuit mais partir avant le lever du soleil, car étant de ce côté de la Mer Rouge, en quittant le mouillage, on va obligatoirement vers l'Est. Or pour voir les récifs omniprésents qui bordent la côte, il faut avoir suffisamment de lumière mais pas le soleil dans les yeux.
  • il faut préparer minutieusement sa route en marquant tous les points dangereux ou litigieux et s'en tenir à plus de un ou deux milles car même si le GPS est un outil de précision, il n'est utile que si les cartes sont aussi précises. Or non seulement elles ne le sont pas, mais elles sont souvent fausses. Quand le GPS indique une position sur la carte, cette dernière ne correspond pas forcément et précisément à la position dans la réalité.
  • Il faut naviguer en permanence en combinant suivi méticuleux de la route prévue sur la carte et observation permanente de l'environnement (couleur de l'eau, bruit d'éventuels ressacs, observation du ciel et des nuages, étude de la surface de l'eau pour deviner les risées et leurs direction, etc.)
  • et il faut regarder sa montre car la route a du être choisie en fonction de la durée de la navigation, ce qui demande d'avoir anticipé la vitesse qu'aura le bateau, le temps perdu ou gagné avec les courants contraires ou favorables, etc.
Si l'on fait tout ce qu'il faut, la navigation se passe parfaitement. Et effectivement, à 10 minutes près par rapport au programme, nous sortions du chenal intérieur, aux environs de Port Soudan, vers midi, pour gagner la plein mer qui présente moins de dangers, puisqu'on est loin des rochers et du corail.
Mais nous ne venions de faire qu'un saut de puce sur notre route vers Port Ghalib, en Egypte
Le vent étant de Nord, nous avons navigué en zig zag, à tirer des bords contre le vent et des vagues pas trop méchantes, pendant tout le reste de la journée, la nuit et tout le lendemain.
Ne voulant pas prendre de risque, à cause de la possible fatigue d'une part, et à cause de la météo pas très bonne pour la navigation dans une zone pleine de récifs, d'autre part, j'avais décidé de faire une halte à Marsa Inkefal, et c'est en milieu d'après-midi que nous avons obliqué vers la côte, pendant que l'"Etoile" qui était derrière nous continuait plein Nord.

Au Soudan, comme en Egypte, on appelle "marsa" une sorte d'estuaire mais qui à la différence de ce que nous avons chez nous, ne correspond à aucun cours d'eau se déversant dans la mer. Ici, c'est le désert, et ces indentations dans la ligne de côte sont dues au relief et à l'érosion qui est très importante à cause du vent et de la nature du sol (de la poussière de corail, des coquillages et du sable aggloméré).
Marsa Inkefal
Voila à quoi ressemble le sol.
Les marsas offrent une protection remarquable contre les vagues mais aucune contre le vent, car le relief ne dépasse que très rarement 5 mètres d'altitude.
Le lendemain de notre arrivée, au petit matin, dans la marsa
Ce choix de se mettre à l'abri était le bon, car le lendemain nous avons pu nous reposer et aller à terre, faire quelques photos.

A perte de vue, un désert non pas de sable mais d'un agrégat de coquillages, corail, et de fin gravier.
Sous l'action du vent, le sel forme des petites perles
Et en arrière-plan, des chaînes de très hautes montagnes ... que l'on voit très bien depuis la mer.
Mais elles sont bien loin, et avant c'est très plat.
Marsa Inkefal vue d'un point culminant à 5 ou 6 m d'altitude. Un sommet !
Côté mer, un peu de mangrove
Faut bien choisir où mouiller l'ancre car les brises de jour et de nuit très fortes font tourner le bateau de 180°.
Question végétation, c'est très limité mais pas complètement absent.
 
Ba, pas Bah !
Côté Mer Rouge
Pourquoi appelle-t-on cette mer, Mer Rouge ?
Quelques uns des poissons attrapés à Marsa Inkefal
Ce choix d'un arrêt fut surtout le bon dans la mesure où le surlendemain, le vent soufflait en furie (contrairement aux prévisions souvent fantaisistes dans cette région du monde). Pendant que nous étions coincés sur le bateau sans pouvoir nous risquer à retourner à terre avec l'annexe, l'"Etoile" continuait sa route et coulait après avoir heurté un récif.
Ayant appris rapidement à ne pas faire confiance dans les prévisions météorologiques, c'est cette stratégie de sauts de puce que je vais appliquer partout où elle est possible, c'est-à-dire là où je pouvais avoir une confiance relative dans la qualité des relevés topographiques des cartes et dans la qualité de la lumière pour une bonne navigation mixte carte-observation visuelle.
Nous reproduirons le scénario de Marsas Inkefal à deux autres reprises (Khor Shinab et Marsa Abu Imama), et à chaque fois, nous resterons coincés (mais tranquilles car à l'abri) par un vent démoniaque.
La Marsa de Khor Shinab s'enfonce dans les terres sur plusieurs kilomètres
Le seul arbre de la région
Le drapeau du Soudan, tout beau tout neuf et d'excellente qualité n'aura pas duré bien longtemps dans ce vent furieux
A Marsa Abu Imama, le vent sera tel que nous serons obligés de changer de mouillage
et que nous ne pourrons rien faire qu'attendre que le vent se calme


Un peu de visite pendant une accalmie
Lorsque la météo annonça quatre jours d'affilée sans trop de vent  (force 5 seulement), nous quittâmes Marsa Abu Imama pour une longue étape devant nous faire passer la frontière très disputée entre le Soudan et l'Egypte, en passant bien au large car les deux armées sont sur les dents, et surtout parce que la zone est pleine de récifs et n'est pas cartographiée
Le drapeau de l'Egypte a remplacé celui du Soudan.
Le pavillon Q jaune signifie que nous demandons l'autorisation de rentrer dans le pays