Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

jeudi 21 février 2019

Le début de notre grande traversée : de Phuket à Nicobar


Notre long périple a commencé par la traversée de la Mer d’Andaman jusqu’à passer au Sud des Iles Nicobar.
Les fichiers grib de prévision météorologique dont je disposais annonçaient un temps conforme aux pilot-charts, mais en plus calme …
…, c’est-à-dire un petit vent de Nord Est de 10 à 15 nœuds seulement (voir la zone verte de la carte en couleur du fichier grib), 



alors que les pilot-charts de janvier/février donnent à 45% des vents de NE de 20 kt (voir rose des vents du zoom de la pilot-chart ). Et aucun phénomène exceptionnel attendu. Exactement ce que nous espérions, pour commencer en douceur le voyage.


Eh bien, il en fut tout autrement. Après une première journée à naviguer sous spi dans des petits airs bien sympathiques, le temps est devenu très instable, avec des nuages menaçants de tout côté.
Les orages extrêmement violents n’ont pas tardé, nous obligeant parfois à affaler en catastrophe toutes les voiles.
On vient de passer de 5 à 30 nœuds de vent en moins de deux minutes
Faut pas traîner dans les manœuvres, mais Bernard est un rapide quand il le faut !
A sec de toile, Sabay Dii fait des bonds sous l’action conjuguée du vent et des vagues
Et lorsque le vent tombait, c’était pour laisser place à une pluie froide, dans un ciel tellement sombre que les lampes à éclairage automatique de Sabay Dii se mettaient, de concert, à briller en plein jour.
Dans de telles conditions, il n’est pas très agréable de rester dehors jour et nuit sur le pont du bateau, à se faire rincer en attendant les prochaines rafales obligeant à réduire la voilure dans l’urgence.

Bref, le voyage commençait mal !
Pour nous consoler, nous avons compensé la déception due au mauvais temps par la satisfaction de manger de bons produits bien frais (ça ne durerait pas longtemps).
Par exemple :
Soupe de crevettes, de légumes thaïs et de champignons noirs
(parfumé au gingembre, évidemment)
Canard grillé aux petits légumes croustillants (les fameux « morning glory » thaïlandais)
et aux vermicelles de riz
Ragoût de légumes à la citronnelle
Et ne parlons pas du porc laqué, des tom yams (soupe de crevettes au galanga, gingembre, combava et citronnelle).
Bref, du bon et du frais. Miam, miam.
Exactement ce qu’il faut quand on rentre trempé en fin de quart.
Mais pas facile non plus de cuisiner quand tout bouge et que ça gite dur.
Heureusement, les éléments se sont un peu calmés, et nous nous sommes retrouvés contre toute attente, avec un petit vent de Sud Est, absolument improbable, si l’on considère les statistiques météorologiques. Nous naviguions bâbord amure (vent venant de gauche).
Nous quittions la Mer d’Andaman.



Enfin sorti du mauvais temps ?
Pas si sûr !

En route pour Sawakin (Suakin) au Soudan

Ici Djibouti ...

Bateau entièrement révisé après ses 3600 milles à travers le Golfe du Bengale, la Mer d'Arabie et le Golfe d'Aden.

Equipage en pleine forme après ses 29 jours et nuits de navigation

Donc on continue

Départ vendredi 22 au petit matin, pour entrer dans la Mer Rouge, longer la côte érythréenne et aller au Soudan, jusqu'à Suakin, l'un des plus importants ports négriers, aujourd'hui en ruine, mais l'objet de tractations entre le Soudan, le Quatar et la Turquie pour en refaire un grand port, très stratégique, ce qui n'est pas du goût de l"Egypte ni de l'Arabie Saoudite. Sujet intéressant de géopolitique
 ...

D'ici là, pas de nouvelles possibles.

Et pas sûr que je trouve là-bas de l'Internet pour vous faire partager cette aventure.

Mais en attendant, j'aurai le loisir de vous concocter quelques nouveaux articles très dépaysants, vous verrez.

Patience 

mardi 19 février 2019

29 jours, 29 nuits

Sabay Dii est arrivé à Djibouti le 15 février 2019 au petit matin, après un périple de plus de 3600 milles nautiques (soit l'équivalent d'une transat et demie).
29 jours et 29 nuits ont été nécessaires pour cette très longue navigation, et aller de Phuket en Thaïlande jusqu’à Djibouti, aux portes de  la Mer Rouge.

Et tout ça, sans la moindre escale !
Bye bye les copains, Phuket et la Thaïlande
29 jours et 29 nuits, pour 3600 mn, cela correspond à une moyenne pas terrible de 5 nœuds, mais vu que nous avons eu 7 à 8 jours sans vent, on devine que Sabay Dii a du « turbiner » le reste du temps, avec notamment quelques nuits à une vitesse toujours comprise entre 7,5 et 10 nœuds.
Quand on sait qu’aux mois de janvier /février, le temps est réputé très favorable pour ce parcours, avec un vent de mousson stable et agréable de Nord Est (15 nœuds en moyenne, et souvent 20) permettant de naviguer au grand largue, on pourrait être tenté de considérer a priori ce long périple loin de toute terre comme une odyssée confortable, au milieu de nulle part, sans autre élément observable qu’un horizon périphérique séparant avec peine le bleu du ciel et celui de la mer, et se déroulant mollement dans une monotonie éventuellement rompue par la visite de quelques gentils dauphins.
Eh bien, sachez qu’à part les gentils dauphins qui sont régulièrement venus nous voir, ce voyage ne s’est pas vraiment déroulé comme nous nous y attendions, et n’a, en tout cas, rien eu de monotone, bien au contraire.
Pour comprendre le pourquoi de cet étonnant paradoxe, il est nécessaire de découper le voyage en quelques sections aux météorologies et aux conditions de navigations bien particulières :
1. D’abord, la traversée de la Mer d’Andaman jusqu’à passer au Sud des Iles Nicobar,
En passant au Sud de Nicobar, Sabay Dii quitte la Mer d’Andaman pour le Golfe du Bengale
2. puis la traversée du Golfe du Bengale jusqu’au Sri Lanka,
3. puis une petite section pour rejoindre et traverser l’archipel des Maldives,


4.  avant la traversée de la Mer d’Arabie, jusqu’à l’Île de Socotra (à contourner de loin à cause de ses redoutables pirates),

5. et enfin la traversée du Golfe d’Aden, en se plaçant à mi-distance du Yémen et de la Somalie, toujours pour des raisons de sécurité


Derrière Sabay Dii, l’International Building Center planté, avec ses vingt étages noirs,
juste devant  la Grande Mosquée de Djibouti
Les deux compères en pleine forme
Rendez-vous pour connaître les quelques événements cocasses qui ont égrainé note voyage (notamment la protection des diverses marines de guerre qui nous ont accompagnés) et regarder les photos prises au cours de ces diverses parties du voyage. Vous verrez que nous n’avons pas dû nous ennuyer… (mais il vous faudra être patient car plus de wifi pendant trois semaines)