Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

mercredi 16 janvier 2019

En route pour la Mer Rouge

Ça y est. Le Grand Jour est arrivé.
Sabay Dii est fin prêt, et son équipage aussi.

Un équipage de choc, bien rodé, et indissociable, puisque Bernard (Ba pour les intimes) est de retour sur Sabay Dii.
A notre actif, déjà, et sur Sabay Dii, la remontée des Tonga, Les Tonga - Wallis, Wallis - Les Fidji, l'exploration des Fidji, et Les Fidji - La Nouvelle Zélande. C'était en 2014.
Et en dehors de Sabay Dii, presque un demi-siècle de complicité, depuis nos aventures d'ado, en passant par son mariage avec ma sœur Joëlle, jusqu'à nos sorties en vélo et aux champignons et nos parties endiablées de ping-pong de l'automne dernier.
Bref, presque toute notre vie, jamais loin l'un de l'autre. Alors autant vous dire que rien ne peut perturber la sérénité d'un tel duo.

Un bateau fin prêt, avec un jeu de voiles superbe, un gréement refait à neuf, une électronique entièrement repensée (combinaison de Raymarine et de B&G), un accastillage complètement révisé, de l'énergie à revendre avec deux panneaux solaires, une nouvelle éolienne, deux hydrogénérateurs, et un groupe électrogène neuf. Et je ne parle pas de la mécanique qui baigne dans l'huile claire, avec un guindeau tout beau tout nouveau, le gros moteur Volvo que je viens de réviser, et un moteur Yamaha hors-bord tout neuf pour équiper l'annexe en hypalon achetée à Phuket l'an dernier.
Question confort de l'équipage, du nouveau aussi, avec de confortables matelas multi-densités, une batterie de cuisine nouvelle, trois ventilateurs, un hotspot satellite Iridium Go, une chaîne hifi bluetooth, ... 
En résumé, Sabay Dii s'est fait une nouvelle jeunesse à l'occasion de son long séjour en Malaisie (tout est hors taxes à Langkawi).

Les pleins sont faits, en eau (700 L), gazole (350 L), essence (30 L), et une réserve considérable de nourriture, mélangeant la cuisine occidentale et celle d'Asie. De quoi se faire plaisir au fourneau et à table.

La route est prête, avec un itinéraire incontournable, pour des raisons de sécurité ...
Départ de Ao Nai Yang, une belle plage au Nord-Ouest de Phuket le 17 janvier au petit jour, en direction du Sud des Îles Nicobar, puis traversée du Golfe du Bengale en direction du Sud du Sri Lanka jusqu'au Maldives où nous nous arrêterons peut-être deux ou trois jours si nous y sommes autorisés. Ensuite, traversée de la Mer d'Arabie jusqu'au Golfe d'Aden, en passant bien au Nord de Socotra pour éviter les pirates somaliens. Ensuite, soit nous irons faire escale à Djibouti, soit nous rentrerons directement dans la Mer Rouge par le détroit de Bab El Mandel (selon les conditions météo et la forme de l'équipage). Déjà 3500 milles nautiques à parcourir avant de découvrir cette nouvelle mer sillonnée jadis par l'extraordinaire aventurier Henry de Monfreid.
Qui dit beaucoup de milles dit aussi beaucoup de temps ; alors ne soyez pas surpris de ne pas avoir de nouvelles avant un mois et demi
Un mois et demi de mer, O mon dieu !!!

lundi 14 janvier 2019

La tempête Pabuk

Vous avez été plusieurs à me contacter pour me demander si j'avais été pris dans la terrrrrrible tempête Pabuk qui a sévi en Thaïlande du 4 au 6 janvier 2019. Eh bien la réponse est OUI !
Et j'en suis sorti VIVANT et Sabay Dii INTACT !

Parlons d'abord de l'arrivée de Pabuk ...
C'était la première tempête tropicale touchant le Golfe de Thaïlande en dehors de la saison de la mousson de Nord-Ouest, en 30 ans. Le directeur du centre météorologique thaïlandais, Phuwieng Prakhammintara, avait prévenu bien à l'avance que la tempête Pabuk serait très violente et menacerait des zones très peuplées comme les îles de Ko Samui, Ko Phangan et Ko Tao, situées en plein milieu du Golfe de Thaïlande. Ce sont des endroits très touristiques, d'où un affolement général de toutes les administrations. On parlait de vents d'une violence exceptionnelle, de vagues de plus de 5 m et de pluies torrentielles. On relatait des évacuations massives, des fermetures d'aéroports, des populations isolées en grand danger, et même de submersion possible d'îles.
Et Sabay Dii ?
Depuis plusieurs jours, je suivais tout cela sur Internet. Le bateau se trouvait en Mer d'Andaman, c'est-à-dire de l'autre côté de la péninsule malo-thaîlandaise, donc un peu moins exposé que le Golfe de Thaïlande. Dans la journée du 3, mes copains de Rabak (Alain et Frédérique) me contactent pour me prévenir et me demander où je me suis planqué pour affronter le monstre. L'alerte paraît très sérieuse, mais toutes ces informations me semblent en contradiction avec les fichiers météo des services américains de la NOAA dont je me sers habituellement. Par prudence, j'ai néanmoins conduit bien à l'avance Sabay Dii dans l'estuaire de Ban Thap Lamu, l'un des endroits les mieux protégés d'Asie, où la Marine Nationale Thaïlandaise stationne ses navires de guerre.
Et je ne suis pas le seul à avoir fait ce choix. Les pêcheurs ont tous rappliqué, effrayés par les alertes répétitives de la météo thaïlandaise. Ils se regroupent par 4, 5, 6 ou plus pour faire front, d'où quelques heures à manœuvrer pour faire en sorte que l'ancre de chacun travaille en harmonie avec les autres.
C'est donc là, au milieu de l'estuaire, loin des autres bateaux, que, serein, j'attends Pabuk qui apparemment doit passer exactement sur ma tête
Et alors ?
Le vendredi 4 janvier, des vents soufflant à 75 km/h (force 6 à 7) atteignent les îles du centre du Golfe de Thaïlande. Dans la journée, les comptes-rendus sont effrayants et on annonce que la tempête va se renforcer et passer sur Phuket pour aller ensuite en Mer d'Andaman en menaçant de ravager les îles Similans, un paradis très fréquenté par les plongeurs. Les cartes météo montrent un bel enroulement cyclonique mais des vents nettements inférieurs à ceux annoncés sur les radios et les sites du net.
Dans la soirée, tout est calme à Ban Thap Lamu, mais le ciel est exceptionnellement sombre. Quelque chose se prépare, c'est sûr.
Je reste en veille une grande partie de la nuit. Le vent souffle fort (entre 20 et 30 nœuds) et il y a quelques averses drues, mais rien d'extraordinaire
En début de matinée, l’œil de la tempête cyclonique passe au-dessus de Sabay Dii. Le vent tombe et repart rapidement en sens opposé, signe que l’œil est passé. C'est maintenant qu'il devrait pleuvoir à verse
Mais en réalité, le vent devient faible (15 nœuds) et la pluie à son intensité maximale n'a rien d'impressionnant.
Dans l'après-midi du 5, tout est fini.

Bilan de la tempête Pabuk
Le bilan de cette tempête tant redoutée est de trois morts (un russe qui a voulu aller faire le malin dans les vagues, un pêcheur, et une personne tuée par la chute d'un arbre) et un disparu (le compère du pêcheur noyé).
Les dégâts matériels sont importants comme dans tout pays où une grande partie de la population vit dans des cabanes fragiles, mais en terme d'infrastructure, rien n'a été abîmé.
En comparaison avec ceux que nous avons en France, cette tempête était bien moins redoutable que les tempêtes hivernales de notre côte Atlantique. Les vents étaient bien inférieurs à ceux auxquels tous les méditerranéens sont habitués. Les pluies étaient sans commune mesure avec les événements cévenols tels que ceux de Sommières, de Nîmes ou de Narbonne.
Plus de peur que de mal. Les autorités ont eu raison d'alerter de manière aussi alarmiste, car avec une tempête cyclonique, on ne peut jamais être sûr de rien.
Pour prendre la mesure de ce qu'on vécu les touristes des îles du Golfe de Thaîlande, entre terreur préalable et soulagement ultérieur, je vous recommande de regarder cette vidéo bien sympathique.

dimanche 13 janvier 2019

Un "gilet jaune" sur Sabay Dii

Un "gilet jaune" sur Sabay Dii

Les "gilets jaunes", c'est pas la peine que je vous dise ce que c'est, vu que cela fait des semaines que les télévisions, radios et journaux vous abreuvent du phénomène, avec analyse sociologique ou politologique, comptage des manifestants, récits des affrontements, bilans des blessés et inventaire des dégradations, sans oublier les portraits des leaders émergés miraculeusement des réseaux sociaux. Bref, on vous parle de tout, mais juste un peu des revendications (car elles ressemblent à une liste à la Prévert, si on ne cherche pas plus loin que le bout de son nez).
Eh bien figurez-vous que loin de la France, vraiment très loin, en pleine mer des Andamans, un "gilet jaune" est apparu en chair et en os sur Sabay Dii.
La preuve en image ...
Comme il s'enhardissait en voulant prendre le commandement de Sabay Dii, et qu'il n'y avait évidemment pas suffisamment de forces de l'ordre (un policier par manifestant, pour respecter les dernières statistiques), j'ai choisi la voie de la négociation afin d'éviter tout débordement (situation très dangereuse sur un bateau). Je lui ai donc demandé de formuler ses revendications, pour voir tout ce que je pouvais faire pour lui donner satisfaction.
Moment de doute intense
N'ayant encore jamais rencontré une situation aussi ouverte au dialogue, il s'est trouvé soudainement désemparé. Après quelques secondes de surprise puis de réflexion, il me demanda de m'associer à lui pour trouver les revendications les plus adaptées à la situation. Et voila le résultat :


(Ne cherchez pas de priorités dans cette liste, il n'y en a pas)

  • Suppression des limitations de vitesse et des radars sur toutes les routes maritimes, et tout particulièrement entre la Thaïlande et Djibouti
  • Priorité des voiliers plus écologiques vis-à-vis des super-tankers, gros pollueurs
  • Suppression des taxes (redevance annuelle du droit de navigation français) pour les voiliers naviguant hors des eaux territoriales et d'une longueur inférieure à 12 mètres (Sabay Dii mesure 11,99 m) et augmentation exponentielle de toutes les taxes pour les bateaux plus gros
  • Etablissement d'un impôt sur la fortune pour tous les propriétaires de yachts de plus de 16 mètres
  • Saisie et vente aux enchères de tous les bateaux de plaisance naviguant moins de 2000 milles nautiques par an
  • Aménagement d'aires de repos tout les 100 milles avec possibilité de remplir gratuitement les réservoirs d'eau potable, de se connecter à Internet, et de faire l'avitaillement en fruits et légumes bio bien frais
  • Dispenser l'équipage de tout travail à l'avenir, car il n'est pas possible en mer de traverser la rue pour en chercher
  • Prime de fin d'année pour tout l'équipage de Sabay Dii, si le bateau arrive à passer entre les mailles des pirates de la Mer d'Arabie
  • Inviter Monsieur le Président Macron à participer au prochain carénage de Sabay Dii pour comprendre ce que le mot "effort" signifie
  • ...  
Cette liste sera donnée à une mouette ou à une sterne, ou à une frégate, ..., pour être remise aux autorités compétentes, à l'occasion de la grande consultation nationale prochaine.
En espérant une modification de la Constitution pour tenir compte de nos espérances.

Signé :
Les harnais bleus et cirés jaunes
(nom du groupe nouvellement formé des marins réfractaires)

vendredi 11 janvier 2019

Dur, dur, l’œuf du réveillon, en attendant mieux

Vous savez déjà que j'ai passé plusieurs jours et plusieurs nuits à chercher le vent pour aller de la Malaisie à la Thaïlande. Des heures à poireauter, notamment pour Noël.
Vint donc l'heure fatidique du réveillon.
Mais quelle heure au fait ? Celle du bateau, celle de Malaisie, celle de Thaïlande, l'heure GMT, où celle de la famille et des copains faisant bombance en France ?
A vrai dire, quand on est au milieu de nulle part, l'heure compte peu.
J'ai donc décidé de faire le réveillon "à l'heure qui me chante". Et quel réveillon !
Un œuf dur mayonnaise ! Miam miam !
Eh oui ! En mer, loin des habitus et contraintes sociétales, on fait juste ce dont on a envie.
Et "à l'heure qui me chante", j'avais juste envie d'un œuf dur mayonnaise. D'autant que j'en avais un qui m'attendait sagement depuis deux jours dans mon mini-frigo. Alors pourquoi résister à la tentation ?

Si j'aimais le chocolat, je dirais "vivement Pâques" que je mange un œuf en chocolat.
Mais je n'ai jamais été un fan de chocolat, et je suis sûr de n'en pas avoir à bord, le jour de Pâques, quand je serai en train de remonter la Mer Rouge.

Alors vivement le prochain "jour qui me chante", que je mange "ce qui me chante".

Et ce jour-là est arrivé très vite, le 26 décembre exactement.
Je suis réveillé de bon matin par un bruit inconnu contre la coque de Sabay Dii, comme si l'on jetait de grands seaux contre l'étrave.
Ni une, ni deux, je me lève pour voir ce qui se passe et qu'est-ce que je découvre, avec délice, juste au lever du jour, alors que je venais de rêver d'un bon petit repas pour oublier le réveillon de Noël ?
Des millions de petits poissons cernant Sabay Dii de toutes parts. Peut-être des éperlans ?
Chassés par des poissons carnassiers en train de faire un festin matinal, ces pauvres petits poissons cherchait leur salut dans la fuite, ou plutôt dans le saut.
Et un seau, j'en ai justement un qui attendait avec impatience de se remplir de ces minuscules poissons volants.
Une heure après, pour le petit déjeuner, à "l'heure qui me chante", je me suis englouti un demi seau de friture, bien croustillante. Miam miam !

De quoi passer aux oubliettes mon œuf dur, vous vous rappelez ?
Oui ! Celui du réveillon de Noël.
Oublié, je vous dis.

dimanche 6 janvier 2019

Bye bye Malaysia

Sabay Dii a quitté définitivement la Malaisie pour rejoindre l'île de Phuket, en Thaïlande, le 21 décembre 2018, en prévision du grand saut vers la Méditerranée.
Un parcours de 150 milles environ, splendide, car parsemé d'îlots en forme de pain de sucre, itinéraire déjà suivi à de nombreuses reprises depuis l'automne 2016 où j'étais entré en Malaisie avec le bateau, après le rallye d'Indonésie.
L'une des cinq îles de l'archipel de Ko Ha (Ha veut dire 5 en thaïlandais)
Mais cette fois-ci, au lieu de mettre deux jours environ, j'en ai mis quatre et demi, à me traîner dans une pétole uniforme ou dans une brise de demoiselle avec vent dans le nez évidemment. Bref, des conditions pas terribles qui imposent de rester à la barre d'interminables heures, car ni un régulateur d'allure, ni un pilote automatique ne font le boulot correctement. Grrrrr !!!!
Rester à la barre toute la journée sous un soleil de plomb impose de s'arrêter de temps en temps pour décompresser. Je me suis donc arrêté à Ko Turatao pour dormir la première nuit.
Ao Sone, une belle plage de Ko Turatao. C'est là que j'ai mouillé pour la nuit.
En Asie, les pêcheurs utilisent des lamparos de couleur verte, très puissants.
A la fin du deuxième jour de navigation, étant loin de toute côte ou île, j'ai décidé de passer la nuit à me laisser dériver dans la calmasse (5 milles nautiques quand même et dans le mauvais sens à cause d'un courant contraire).
Le troisième jour à été passé presque intégralement à la barre, si ce n'est une petite pause de deux heures à Ko Rok Nok pour être en forme toute la nuit suivante.
Un des îlots du parcours
Arrivée au petit matin à Ko Ha pour dormir quatre heures et repartir.
L'archupel de Ko Ha au milieu du parcours est magnifique,
avec de beaux coraux et des poissons multicolores,
mais je n'arrivais même pas à ouvrir les yeux entièrement après ma nuit de navigation.
Jamais ils arrivent avec du vent, ces satanés nuages ?





La quatrième journée qui s'annonçait plus ventilée a tourné court avec un temps gris, bouché, et perturbé par de méchants orages, sans vent.



Arrivée au petit matin à Ko Hay Yai.
Le cinquième jour, il me faudra encore quelques longues heures pour parcourir, les huit milles permettant d'arriver dans la Baie d'Ao Chalon pour faire les formalités d'entrée en Thaïlande.
Enfin à destination.
Les paperasses à faire, mais ça va très vite ici grâce à une administration parfaitement organisée et toujours souriante (eh oui, on est en Thaïlande), puis un bon repas dans un petit resto que je connais bien, ensuite quelques courses, et pour conclure une GROSSE sieste. 
Ahhhhhh !