Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 30 mars 2018

Ah l'Inde !!!

Toutes les formalités (du moins le pensais-je) étant terminées, je pouvais débarquer librement pour faire comme à mon habitude, c’est-à-dire arpenter pedibus jambus, les avenues, rues et ruelles de la grande ville de Port Blair (plus de 100 000 habitants).
Le Mahatma Gandhi dont la statut trône au centre d'un rond point du centre-ville
Ayant déjà visité l’Inde auparavant, je ne fus qu’à moitié surpris de découvrir à quelques centaines de kilomètres à peine des pays de l’Asie du Sud-Est (la Thaïlande et la Birmanie), un monde complètement différent, produit d’une colonisation sans partage où les autochtones (tribus Jarawas dont je vous reparlerai prochainement) totalement invisibles ou absents ont été remplacés par des colons aux visages foncés venus pour la plupart du Sud de l’Inde. Plus de chats siamois mais des vaches et des chèvres un peu partout. Plus de pâtes de riz mais des lentilles. Plus de baths mais des roupies. Plus de temples bouddhistes mais Shiva et Ganesh se manifestant pour ne pas être dépassés par les minarets de Mahomet. Et surtout, plus de sourires omniprésents des thaïs ou des birmans, mais les têtes renfrognées ou, pour le moins, indifférentes des Indiens pur jus, qui ont la drôle d'habitude de prendre leur air le plus maussade en espérant être pris au sérieux.
Le centre-ville de Port Blair
Tuk-tuk et taxis sillonnent Port Blair dans un désordre total mais curieusement efficace

Tuk tuk
Décoration intérieure d'un tuk-tuk
En route, et en pétarade
On n'est pas en l'an 01 de Gotlib/Reizer/... mais aux AN-damans
Les taxis officiels



Une chèvre a remplacé le policier dans sa guérite de rond-point
Ce veau moribond sera resté sur le trottoir, agonisant mais aux petits soins des passants et voisins
pendant plus d'une semaine
Le camion livre l'eau aux maisons, restaurants et hôtels
La sortie des écoles, en uniforme immaculé
L'image d’Épinal de l'Inde
La collecte des ordures ménagères et le tri sélectif sont assurés par les fonctionnaires bovins.
Et oui, l'Inde est le pays le plus sale que j'ai pu voir pendant toute ma vie de bourlingueur.
Les chèvres assurent le stand de cette épicerie
Bref, fini le pays délicat et souriant où je venais de passer les trois derniers mois, et place à l’Inde, dans toute sa complexité, exceptées les castes qui ici n’existent heureusement plus, ce qui fait que malgré la pauvreté et le crasse ambiantes, il n’y a pas, comme à Bombay, Delhi ou Bénarès, de misère insoutenable à la vue et à l’indifférence de tout le monde.

jeudi 29 mars 2018

L'arrivée à Port Blair, capitale et port d'entrée des Îles Andamans

L’affiche était alléchante :
Aller aux îles Andamans n’est pas le rêve de tout le monde, car cet archipel lointain est très peu connu, mais pour ceux qui en ont entendu parler, ce coin perdu peut vite le devenir, en particulier pour les voyageurs impénitents qui risquent d’y trouver un territoire indien hors norme, pour les pêcheurs qui vont vite fantasmer en apprenant l’abondance et la taille des poissons locaux, et pour les navigateurs au long-cours qui ont là un superbe terrain de jeu parfaitement positionné pour couper en deux l’étape entre la Thaïlande et le Sri Lanka. 
L’affiche du premier rallye à la voile des îles Andamans mettait en exergue la plupart des ressorts qui font de ce territoire extra-métropolitain indien un must du tourisme lointain et encore un peu aventureux.

The first yacht carnival at Andaman Islands, India.
Deserted Islands | Crystal Clear Water | Pristine Beaches | Culture | Food | And More

Ce premier rallye à la voile était pour moi une occasion trop belle pour être laissée de côté, en particulier côté finance. En effet, ma situation personnelle de français non résident m’obligeait à devoir retourner en France pour obtenir le visa très spécial exigé pour arriver avec son propre bateau dans cette région extra-métropolitaine de l'Inde. Par contre, en m’inscrivant à ce premier rallye, je pouvais négocier avec les autorités locales pour obtenir ce visa très particulier qui, théoriquement, ne peut être obtenu que dans le pays dont on est citoyen. 
J’ai vite fait les comptes et en ajoutant le prix d’un aller-retour en avion Bangkok-Montpellier (avec un aller-retour au Consulat Indien de Marseille) + le prix du visa + les frais d’agent et de démarches à l’arrivée et au départ en voilier aux Andamans, j’étais à bien plus de 1500 €, soit bien plus du double qu’en m’inscrivant à ce "rallye" : frais d’inscription au rallye (400 €) + le visa (90 €) + le voyage à Bangkok (un billet d’avion et trois nuits d’hôtel pour 100 €). 
Et effectivement, en m’inscrivant bien à l’avance, et en demandant aux organisateurs une lettre de recommandation, j’ai pu obtenir le visa tant espéré après trois mois d’incertitude et trois journées de négociations intensives dans les divers services consulaires de l’ambassade d’Inde à Bangkok.
Le fameux visa
C’est ainsi que vers la mi-février, j’ai pu larguer les amarres de Thaïlande pour rejoindre les fameuses îles Andamans. J’arrivais parmi les premiers, le 20 février au matin, au beau milieu des bateaux de guerre mouillés dans le formidable port naturel qu’est Port Blair.
Un havre parmi les plus sûrs de tout l'Océan Indien.
L'endroit idéal pour y mettre à l'abri du mauvais temps et des regards indiscrets toute une armada.
Mes "voisins de palier"

Sabay Dii regardant du côté non militarisé de Port Blair
Sabay Dii, comme les autres voiliers du rallye est venu se mouiller sur le banc de sable qui trône au milieu de la baie,
un endroit où ne risquent pas de venir s'aventurer les cuirassés, ou les gros cargos

Sur ma table à carte étaient entassés plusieurs piles de documents… pour les affaires maritimes, l’immigration, les douanes, et les garde-côtes… soit la bagatelle complètement délirante de 120 pages de photocopies en plus des originaux.

La liste des documents à fournir
(elle était bien incomplète et c'est beaucoup plus de papiers que j'ai du fournie finalement aux autorités).
D'où la nécessité, pour ces pays, d'avoir à bord du bateau une imprimante et un scanner
Je m’attendais à passer trois jours dans des bureaux avec des gratte-papiers tatillons, mais finalement, en une demi-journée, j’avais passé les diverses chicanes qui attendent tout navigateur arrivant ici. Tout ça grâce à l’efficacité de l’un des membres de Andaman Holidays, l’agence organisatrice de l’événement qui faisait la navette entre le port et mon bateau, et grâce à la gentillesse de tous les officiers venus à bord pour contrôler Sabay Dii et son Capitaine, et qui, comme ils me le répétèrent plusieurs fois, faisaient tout pour m’être agréable, étant donné mon statut de « guest ». Eh oui ! En tant que participant à ce rallye, j’étais considéré comme un invité de l’Inde, ce qui facilite pas mal les démarches, et change le regard des fonctionnaires.
Andaman Holidays
L'agence unique et incontournable des îles Andamans.
Leur service payant, évidemment, est d'une efficacité redoutable, car Rathnam et son frère qui dirigent cet organisme
ont su gagner la confiance et la collaboration des diverses autorités et administrations locales.
Les formalités ayant été vite expédiées, je pouvais remettre un peu d'ordre dans le bateau (après une grosse semaine de navigation 24h/24), mais aussi aller explorer la baie à la rame avec ma jolie petite annexe en attendant que les autres bateaux inscrits au rallye, une quinzaine au total, arrivent, et que les festivités puissent commencer.




Beachhouse, un gros catamaran australien du rallye
Reconnaissable de loin, Sabay Dii
Beachhouse et Sabay Dii, pour mieux apprécier la différence de taille
La flottille commence à se densifier 


Huma s'occupe des annexes, car rien n'est prévu à cet effet.
Un bon job qui lui rapporte bien plus qu'un fonctionnaire local
(au moins une vingtaine d'€uros par jour !
Un TRF (Tas de Rouille Flottant)
Un taxi-boat



Le matin, de bonne heure, quelques pêcheurs relèvent leurs filets, mais ce sont plus souvent des branches que des poissons qu'ils remontent.
Ici, on navigue encore à la rame faute d'argent pour se payer un petit moteur hors-bord.




































Des branches, des racines, des herbes, mais point de poissons !
L'une des nombreuses barges qui sillonnent la baie pour en relier les diverses berges.
De loin, lorsque le muezzin appelle à la prière, on pourrait confondre les grues avec des minarets.