Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 31 juillet 2017

Les marinas de Malaisie

La côte malaisienne du détroit de Malacca est un long cordon monotone quasi rectiligne et principalement marécageux d'où surgissent quelques promontoires rocheux souvent associés à une île avancée.
C'est là aussi qu'on été construits les rares ports de Malaisie, et c'est aussi là qu'on trouve les rares marinas qui jalonnent le détroit. Des marinas très étranges, car elles ne répondent que très rarement aux attentes des navigateurs.
La marina de Puteri Harbour avec au centre gauche l'immense hall de l'immigration et des douanes
En fait ces marinas sont essentiellement là que pour donner une valeur ajoutée à des projets immobiliers grandioses parfois réalisés loin de toutes commodités, sur des terrains qui n'avaient aucune valeur mais dont le prix va flamber une fois la marina construite. Ainsi, de nulle part surgit un jour un condominium fait d'un bassin où l'on espère mettre quelques bateaux et autour duquel on va construire des immeubles n'offrant que des appartements luxueux, une galerie marchande à l'avenant, un hôtel constellé d'étoiles avec des salles de conférences, une piscine somptueuse évidemment; et le tout avec la plupart du temps un gros effort architectural, des jardins superbes, des éclairages très sophistiqués ... Il faut que ça en jette, pour que ça se vende et que ça rapporte.
La marina de Puteri Harbour en est l'exemple-type.
 



Tous est dans la démesure ce qui fait qu'au début, on a une impression de grand vide : locaux d'échoppes en attente d'acquéreurs, appartements inoccupés, restaurants et hôtels attendant les clients. Pour preuve, le parking de la marina de Puteri Harbour (photo ci-dessous)
Mais, en Malaisie, on sait être patient, car il existe des gens fortunés qui misent sur le long terme : l'exploitation des forêts, les plantations de palmiers à huile, etc. et l'immobilier entre dans cette démarche patiente mais hautement spéculative. Et puis, il y a la corruption latente dans tous ces projets. Par exemple, comment expliquer qu'à Puteri Harbour, on ait construit l'un des centres d'immigration et de douane les plus importants et luxueux du pays alors qu'aucun ferry n'arrive ici, si ce n'est pour donner à cette marina le label de port international, obligeant les voiliers étrangers à venir faire leurs formalités d'entrée et de sortie de Malaisie justement ici ?
Dans de tels complexes, que vient faire le marin "tourdumondiste" ?
A part les formalités obligatoires, pas grand chose. En effet, la plupart du temps, il n'y a aucun magasin d'accastillage permettant de trouver de quoi entretenir un bateau, et aucune grue pour le sortir de l'eau. La seule chose qui soit offerte est l'accès à des sanitaires, à la piscine, la proximité d'une mini-épicerie, et des restaurants très chers.
Mais en contre-partie, le prix de la place au port est dérisoire (environ 10 € par nuit en haute saison, avec bien sûr de forte réduction si l'on reste longtemps), de quoi motiver le navigateur désirant laisser son voilier dans un endroit sûr pendant ses escapades, d'autant qu'en Indonésie, il n'y a pas de marinas,, et qu'en Thaïlande, les tarifs sont tout bonnement délirants pour des prestations souvent inférieures. Du coup, ces marinas sont pleines. Les bateaux sont ainsi une attraction qui draine du monde, surtout quand les marinas jouent le jeu des rallyes, ce qui est annuellement le cas des principales, à savoir, Admiral Bay Marina à Port Dickson, Pangkor Marina à Pangkor, Straits Quay Marina à Penang et Rebak Marina à Langkawi.
Prochainement, vous saurez pourquoi s'arrêter dans ces marinas au cours du passage du détroit de Malacca et laquelle préférer pour laisser le bateau un bon bout de temps à quai. 

jeudi 27 juillet 2017

Puteri Harbour et ses lumières

Après avoir beaucoup apprécié le rallye d'Indonésie, je me suis inscrit à un autre rallye, celui de Malaisie qui permettait d'aller en groupe, avec évidemment plein de festivités, de Singapour (en fait Puteri Harbour en Malaisie) à la Thaïlande (en fait Langkawi qui est en territoire malaisien mais tout près de la frontière avec la Thaïlande).
Mais cette fois-ci, ce n'était pas pour naviguer en bonne compagnie, mais par calcul assez sordide. En effet, en m'inscrivant à ce rallye pour une centaine de dollars, je bénéficiais d'une réduction dans les marinas malaisienne du détroit de Malacca, qui étaient toutes inscrites à ce rallye.
Or justement, j'avais prévu de remonter tout le détroit pour laisser trois mois Sabay Dii à "Rebak Marina" qui en faisait partie, et la substantielle réduction dont j'allais bénéficier s'élevait à plusieurs centaines d'euros.
J'ai donc rejoint Puteri Harbour.

Après avoir confirmé mon inscription faite préalablement par Internet et payé mon dû, j'étais libre d'appareiller quand je le voulais, mais j'ai quand même fait l'effort d'aller écouter (d'une oreille très distraite) le briefing officiel. Il faut dire qu'il y avait des petits gateaux à déguster ...

Avant de partir tout seul vers la Thaïlande, j'ai profité de quelques jours pour me reposer et bricoler dans cette marina dont je découvrais le luxe avec un grand étonnement, après plus de six mois passés loin de toute structure nautique (aucune marina sur ma route depuis la Nouvelle Calédonie). Quelques bonnes douches, le grand nettoyage du bateau, la réparation de l'annexe qui commençait à se décoller d'un peu partout et l'examen consternant de mon spi explosé.
Tout tombait bien, car mon arrivée à Puteri Harbour coïncidait avec Deepavali, la fête hindoue des lumières, et les immigrés d'origine indienne sont très nombreux en Malaisie.
Beaux costumes, feux d'artifices, danse et musique, et des friandises partagées pendant plusieurs jours par la population.



 



Et puis, il y avait tous ceux qui viennent à la marina de Puteri Harbour, pourtant paumée en pleine campagne, rien que pour se faire prendre en photo avec leur costume de fête,
 ou tout simplement pour flâner dans un cadre dépaysant pour beaucoup.

samedi 22 juillet 2017

De l'Indonésie à la Malaisie via le détroit de Singapour

Pour rejoindre la Malaisie à partir de Tanjung Pinang, en Indonésie, il faut passer par le détroit de Singapour, puis s'engager dans le détroit de Malacca.
C'est l'une des zones maritimes les plus fréquentées au monde. Alors autant prendre des précautions, et la première est de ne pas se presser. J'avais donc choisi de passer deux jours pour rejoindre Puteri Harbour en Malaisie, en coupant en deux le parcours de 170 milles nautiques pour dormir une bonne nuit loin du trafic.
J'ai quitté Tanjung Pinang vers 9 heures, après avoir fait les formalités de sortie d'Indonésie, à l'ouverture des bureaux. Départ tranquille dans du petit temps promis pour les deux jours, avec quelques ferrys et plateformes pétrolières, pour égayer le voyage.
Comme vous pouvez le constater sur la carte marine, il y a d'autres raisons de ne pas s'endormir pendant le voyage vu que l'on n'arrête pas de zigzager entre les îles, mais je commençais à en avoir l'habitude car depuis quatre mois, je n'avais fait que cela avec les pêcheurs et leurs fillets en plus. Ici, aucun risque de s’empêtrer dans de tels apparaux, le coin étant beaucoup trop fréquenté par d'énormes bateaux de commerce pour avoir une chance d'attraper un poisson. La journée s'est donc déroulée tranquillement avec une augmentation régulière du nombre de rencontres : cargos, pétroliers, porte-containers, vraquiers, chimiquiers, j'en passe et des meilleurs dont certains aux formes surprenantes, dont beaucoup à l'ancre, en attendant une place pour charger ou décharger à Singapour.
Chaud devant
Chaud derrière
Arrivée à la nuit tombante à Nongsa Point, petit îlot situé à mi-parcours.
Nongsa Point (on est toujours en Indonésie mais juste en face de Singapour)
Il existe là une petite marina mais, comme à mon habitude, je lui ai préféré le petit mouillage situé juste à l'Est de Nongsa Point qui offre un bon abri par temps calme, avec un courant modéré, ce qui est bien dans ce secteur. J'étais encore en Indonésie, mais juste à quelques encablures de la route maritime la plus dense au monde.
Nongsa Point (l'îlot et la marina)










Il est 5 heures, Singajour s'éveille (au loin, et loin de Paris, mais avec 7 heures d'avance sur la Ville des lumières)
Départ au petit jour pour une aventure équivalente à tenter de traverser l'autoroute du soleil, le premier août, avec une paire de béquilles. Mais Sabay Dii n'a même pas peur des monstres de plus de 300 mètres de long filant à 20 nœuds et c'est à la voile qu'il passe sans encombre d'un côté à l'autre du détroit de Singapour, le principal soucis étant qu'il me fallait presser sur le bouton de l'alarme AIS non déconnectable de ma centrale de navigation pour confirmer que je voyais bien les centaines de bateaux avec lesquels j'étais potentiellement en route théorique de collision. Un vrai tintamarre, à défaut d'une séance d'épouvante.
Attention, une usine à gaz flottante. Ne pas craquer une allumette sur Sabay Dii lorsqu'on va frôler ce monstre
Du cargo au destroyer, on voit ici toute sorte d'objet flottant
Vedette d'intervention rapide à l'entraînement (1500 chevaux pour quelques tonnes de déplacement).
Ca décoiffe dans les virage et à l'acélération !
La marine singapourienne est en alerte permanente dans cette zone stratégique
J'avais ainsi quitté l'Indonésie et me retrouvais dans les eaux territoriales de Singapour, petit pays par la taille mais gigantesque par le flux matériel et financier qui le traverse. Un endroit tout à fait exceptionnel aussi du point de vue urbanistique, mais comme j'y avais déjà passé quelques jours quelques années auparavant, j'avais décidé de ne pas m'y arrêter et de filer jusqu'à la Malaisie, et plus précisément à Puteri Harbour.
Dans le milieu de la matinée, le vent tombe, mais le plus délicat est passé. Je vais continuer deux heures au moteur, car i lest impensable de rester planté là à attendre qu'Eole se réveille. En effet, je suis en plein milieu d'un parking à bateaux et il ne faudrait pas croire que la zone est tranquille. Oh que non ! Des dizaines de vedettes de pilotes du port organisent les entrées et les sorties de ces mammouths de plusieurs centaines de milliers de tonnes. Alors autant ne pas faire le malin, et traverser discrètement le coin, au plus vite.
Gros pétrolier qui se décharge dans un plus petit que lui

Attention, les apparences sont trompeuses.
L'avant de Big roll est à gauche !
Démarrage en trombe ...
Il faut du temps pour mettre en température un moteur de plusieurs centaines de milliers de chevaux !
Grue sur barge tractée par un remorqueur
Dans l'après-midi, le vent se relève et ça tombe bien car j'ai terminé la traversée du détroit de Singapour. Finie l'agitation mécanique, mais il me reste une dizaine de milles à parcourir, dans un estuaire, avec le courant pour moi heureusement, et avec vent et courant, je suis sûr d'arriver avant la nuit à destination.
Reste à passer sous le pont.
Je sais qu'il est à 25 m de haut et que le tirant d'air de Sabay Dii n'est que de 18 m, mais en passant dessous, il me reste une petite appréhension déraisonnable et je rentre la tête dans les épaules en ne quittant pas ma fragile girouette perchée en haut du mât. Finalement, je ne démâte pas.
Plus que quelques milles.  Les premiers buildings de Puteri sont en vue
A gauche, la  Malaisie, où l'on construit des immeubles de cinquante étages en pleine campagne ???
A droite, Singapour, ses espaces verts pour le bien-êtres des heureux habitants
et des barbelés pour limiter le nombre des élus. 
 
La journée s'est donc déroulée comme prévue, en longeant la côte singapourienne puis en m'engageant dans le petit détroit qui conduit à Puteri. Rien d'extraordinaire si ce n'est la densité de gros bateaux fréquentant cet espace maritime.