Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 27 mars 2017

Simio Sapiens


Voir des orangs-outans dans leur milieu naturel est un privilège exceptionnel.
A cela plusieurs raisons : 
  • l'Orang-outan (qu'on ne trouve plus qu'à Borneo et à Sumatra) est le plus solitaire des Grands Singes ; il est donc très dispersé et vit dans un milieu très peu colonisable par l'Homme ;
  • c'est lui qui ressemble le plus à l'Homme au niveau de son comportement, de sa morphologie, de son génome ;
  • et enfin, il est malheureusement en voie d'extinction ; il n'est donc pas sûr que nos enfants puissent en voir un jour.








Toutes les photos qui suivent ont été prises dans le Parc National de Tanjung-Pinang, certaines avec mon vieux boîtier Nikon dépourvu de tout automatisme (mise au point, mesure de la lumière, etc.) à cause de la corrosion des circuits électroniques), et la majorité avec mon petit Fuji fétiche utilisé tout en manuel à cause des conditions très particulières de prise de vue.
Les orangs-outans ont un corps volumineux, un cou épais, des bras longs et forts, des jambes courtes et arquées, et comme tous les grands singes, ne possèdent pas de queue.
Vieux mâle sur son arbre perché
L'orang-outan est le plus arboricole de tous les Grands Singes.
Comme pour les Humains, la physionomie change beaucoup avec l'âge
 Ils sont recouverts de longs poils roux excepté sur leur visage.
 
 

Vieux mâle arrachant des racines.
'animal est capable d'exercer une force de 2000 Newton (soit soulever un objet de 299 kg) avec un seul bras.
Imbattable au bras de fer !




Un jeune acrobate

Un jeune









Je me mélange un peu les pinceaux entre mes mains et mes pieds ...
Vieux mâle
Espérance de vie : 56-60 ans en captivité, 30-45 ans à l'état sauvage
Les mâles adultes possèdent de larges "coussins" charnus sur les joues (ou disque facial), qui s'étoffent avec l'âge.
Les plus grands mâles peuvent avoir une envergure de bras d'environ 2,3 m.
L'air un peu renfrogné mais ces vieux mâles sont très placides, en réalité
Un autre papy


La maman et son bébé accroché à son dos.
La reproduction commence entre 7 et 10 ans. La gestation dure 9 mois. Les jeunes orangs-outans sont sevrés vers l'âge de 6-7 ans. La lente reproduction des orangs-outans est l'une des causes majeures de leur menace.




Dans trois sites du Parc, les orangs-outangs disposent d'un complément alimentaire pour leur permettre de subsister dans un environnement de moins en moins riche. D'où ces images autour de gamelles contenant du jus de noix de coco, ou de régimes de bananes disposés sur une plate-forme.

La mère et son petit s'approchent avec précaution










Un jeune resquilleur
Les orangs-outans savent se servir d'outils






Et pas la moindre dispute pour une banane ou un morceau de canne à sucre.
Ici, on respecte la hiérarchie, et les femelles
 







Pour comprendre comment il m'a été possible de voir et de photographier autant d'animaux et d'aussi près, je vous invite à aller visiter le site de la photographe Marion Staderoli qui a fait exactement le même circuit que moi dans ce parc et qui, en plus de ses superbes photos en N&B, donne les informations sur la gestion de ce parc, ses objectifs, ses méthodes qui ont pour but de tenter de sauvegarder l'espèce.
http://unregarddesvoyages.com/carnets-de-voyage/indonesie-2014/kalimantan/etape-5-tanjung-puting-national-park/

Quelques renseignements sur les orangs-outans

Famille : Hominidés
Sous-famille : Pongidés
Genre : Pongo
Espèces : pygmaeus (Bornéo), abelii (Sumatra)

TAXONOMIE
Les orangs-outans sont les seuls grands singes à vivre en dehors d'Afrique, dans des habitats naturels, les forêts tropicales, en perpétuel déclin, sur les îles de Bornéo et Sumatra en Indonésie. Certains fossiles indiquent que la distribution géographique des orangs-outans s’étendait dans le sud-est asiatique et le sud de la Chine. Toutes les populations étaient considérées jusqu'à récemment comme appartenant à une seule espèce (Pongo pygmaeus). Mais les analyses ADN effectuées en 1996 suggèrent que la divergence entre les orangs-outans de Bornéo et de Sumatra justifient deux espèces séparées : l'orang-outan de Bornéo Pongo pygmaeus, et l'orang-outan de Sumatra Pongo abelii.

DISTRIBUTION
L'orang-outan de Bornéo vit dans les forêts de deux des trois nations qui se partagent l'île : l'Indonésie (Kalimantan) et la Malaisie (Sabah, Sarawak). Sa présence au Brunéi n'est pas confirmée. L'orang-outan de Sumatra vit uniquement dans les provinces d'Aceh et de Sumatera Utara dans le nord de Sumatra, Indonésie. 

GENOME
Le génome des orangs-outans a été séquencé en janvier 2011. Il fait apparaître une similarité à 97% avec le génome humain. Après les humains et les chimpanzés, les orangs-outans sont devenus la troisième espèce d'hominidés à avoir leur génome séquencé. L'origine du séquençage du génome est basé sur un individu femelle captif appelé Susie. Les chercheurs ont également publié des copies moins complètes de dix orangs-outans sauvages, cinq de Bornéo et cinq de Sumatra. Il a été constaté que la diversité génétique était plus faible chez les orangs-outans de Bornéo (Pongo pygmaeus) que chez ceux de Sumatra (Pongo abelii), bien que ceux de Bornéo soient six ou sept fois plus nombreux que ceux de Sumatra. La comparaison a montré que ces deux espèces ont divergé il y a autour de 400 000 ans, soit plus récemment qu'on le pensait. On a également constaté que le génome des orangs-outans a évolué beaucoup plus lentement que celui des chimpanzés et de l'homme.
Les chercheurs espèrent que ces données pourront aider à sauver les grands singes en voie de disparition, et s'avéreront également utiles pour une meilleure compréhension des maladies génétiques humaines.

INTELLIGENCE
Comme les autres grands singes, les orangs-outans sont remarquablement intelligents. Au milieu des années 1990, une population d'orangs-outans a été observée utilisant régulièrement des outils pour s'alimenter. Cela avait déjà été montré auparavant chez des chimpanzés par Jane Goodall dans les années 1960. Un article paru dans Science en 2003 apporte des preuves de l'existence d'une culture propre aux orangs-outans. Plus récemment, une expérience conduite par des chercheurs allemands de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig a permis de mettre en évidence les capacités intellectuelles des orangs-outans. Des chercheurs ont présenté à 5 orangs-outans femelles de 7, 11, 17 et 32 ans, venant d'un zoo local, une grosse cacahuète flottante sur de l'eau, dans une longue éprouvette verticale transparente fixée à une paroi. Le niveau d’eau était trop bas pour que les singes puissent attraper la cacahuète avec les doigts. Un récipient d’eau était mis à leur disposition dans la pièce. Les orangs-outans ont rapidement compris qu'en prenant de l’eau dans leur bouche pour la recracher dans l’éprouvette, ils feraient monter le niveau de l’eau et pourraient attraper la cacahuète et la manger. Il a fallu 9 minutes en moyenne pour qu’ils le fassent ; à la dixième expérience, 30 secondes leur suffisaient pour attraper et manger la friandise. Aucune autre méthode ne permettait de récupérer et manger la cacahuète.

TAILLE, POIDS ET ESPÉRANCE DE VIE 
Mâles : maximum 90 kg - 100 à 140 cm
Femelles : 50 kg - 80-110 cm

PRÉDATEURS ET ENNEMIS NATURELS
Tigres et pythons pour les jeunes ; pour les adultes, seuls les êtres humains sont leurs redoutables ennemis.

ECOLOGIE ET COMPORTEMENT
Les orangs-outans passent la majeure partie de leur temps dans les arbres, à la recherche de nourriture. L'animal se nourrit la plupart du temps de fruits, de jeunes pousses, d'écorce, de petits vertébrés, d'œufs d'oiseaux et d'insectes. Voilà pourquoi Anne Russon, qui étudie l'intelligence des grands singes à l'université York, s'est étonnée d'observer une nouvelle activité des orangs-outans vivant autrefois en captivité et relâchés à Bornéo : la pêche. Les orangs-outans ne quittent pas toujours leurs arbres pour boire, ils se servent également de l'eau collectée dans les creux des branches pour s'abreuver. Chaque nuit, ils fabriquent un nouveau nid perché entre 12 et 18 mètres au-dessus du sol. Ils sont diurnes, timides et solitaires, par contraste avec leurs proches parents africains, qui sont organisés socialement. Les orangs-outans vivent seuls sur de larges territoires (10 à 40 km2). Le seul groupe social durable étant formé de la mère et de sa progéniture, qui vivront ensemble pendant environ 7 ans. En période de reproduction, le mâle et la femelle resteront ensemble seulement quelques jours. Chaque soir, les orangs-outans construisent un nid pour la nuit, fait de feuilles et de branchages. La mère et son petit partagent le même nid.

TAILLE DES POPULATIONS
Comme pour tous les animaux vivant en forêt, il est difficile d'évaluer la taille des populations d'orangs-outans du fait de l'inaccessibilité des forêts. A la fin des années 1980, la population totale était estimée à environ 180 000. En 1990, le groupe spécialiste des primates de l'IUCN estimait que les orangs-outans étaient approximativement de 30 000 À 50 000 individus vivant à l'état sauvage, mais précisait que ces chiffres pouvaient être surestimés. 
Pongo pygmaeus : l'analyse PHVA (Population and Habitat Viability Analysis) conclut en 1993 qu'environ 10 200 à 15 500 orangs-outans subsistaient à Bornéo, avec un manque d'informations sur quelques populations, et ces chiffres ne tiennent pas compte des feux de forêts et de l'exploitation forestière illégale des dernières années. Ces estimations doivent être révisées. 
Pongo abelii : les dernières estimations de 2002, montrent une population déclinante d'environ 3 500 individus (Wich et al. 2003), l'estimation de 1997 étant de 12 770 (Rijksen and Meijaard, 1999).

FLUCTUATION DE LA TAILLE DES POPULATIONS
Un groupe de travail du PHVA de 1993 a également publié des estimations sur les aires de distribution et la taille des populations d'orang-outans. 
• La plupart des orangs-outans de Sumatra, alors estimés à 9 200 au total, se trouvent dans le Parc National de Gunung Leuser, une aire protégée de 9 460 km2 constituée d'un habitat fragmenté par une agriculture et des activités humaines : la population-Ouest, alors estimée à 3 450 individus pour une surface d'environ 5 500 km2, et la population-Est estimée à environ 2 400 individus pour une surface d'environ 3 000 km2. En 2000, la population totale avait chûté à 6 000 individus et continuait à décroître au rythme d'environ 1 000 individus par an (Van Schaik et al., 2000).
• L'habitat de l'orang-outan de Bornéo était estimé, quant à lui par le groupe de travail du PHVA à plus de 24 000 km2, avec une population possible d'environ 12 500 À 20 500 individus. Les orangs-outans de Bornéo principalement situés au Kalimantan (Bornéo, Indonésie) sont donc plus nombreux que les orangs-outans de Sumatra. 
On trouve l'orang-outan de Bornéo dans deux principales aires protégées au Kalimantan : le Parc National de Tanjung Puting (un site classé au Patrimoine Mondial par l'UNESCO) et le Parc National de Kutai. Ces deux parcs ont subi l'exploitation forestière illégale ces dernières années, et le bûcheronnage se poursuit, de récentes estimations indiquent que toutes les forêts primaires auront disparues d'ici 5 à 10 ans. D'autres estimations récentes nous font craindre que les populations de Tanjung Puting pourraient être descendues à 500 individus, alors qu'elles étaient de 2 000 en 1994 (EIA 2000).
• Dans la partie nord de Bornéo (Malaisie), la population d'orangs-outans est fragmentée entre les provinces du Sarawak et de Sabah et l'espèce se raréfie de plus en plus dans les altitudes plus élevées.

De sévères feux de forêts survenus en Indonésie à la fin des années 90, au Kalimantan Sud, Sud-Ouest et Central, ont accéléré la raréfaction des populations d'orangs-outans. On estime que plus de 50% de la population d'orangs-outans auraient disparus depuis le début des années 90.

MENACES POUR LES POPULATIONS
Les feux de forêts et les activités humaines sont les menaces principales qui pèsent sur la disparition des habitats des orangs-outans.

CONSERVATION
La taille sans cesse déclinante de la population classifie l'orang-outan parmi les espèces en "danger critique".
La perte de leur habitat, leur plus grande menace, est causée par le commerce de l'exploitation forestière, la conversion des forêts en terres agricoles et les feux de forêts. Des zones étendues de forêts, zones couvertes par les orangs-outans, ont été éclaircies. Alors que la coupe de bois en Indonésie, depuis ces dernières années, est largement regardée comme surexploitée et sous les seuils de niveaux durables, l'exploitation forestière illégale est devenue particulièrement inquiétante, profitant d'un contrôle réduit de l'administration centrale dans l'ère post-Suharto. Cette exploitation du bois a un impact majeur sur les habitats des aires protégées.
La Commision de Survie des Espèces de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a adopté la nouvelle taxonomie dans laquelle deux espèces y sont reconnues : l'orang-outan de Sumatra catégorisé en "Danger Critique" en 2000 avec un très haut risque d'extinction à l'état sauvage dans un futur immédiat et l'orang-outan de Bornéo catégorisé en "Danger", avec un haut risque d'extinction à l'état sauvage dans un futur proche. Les sous-espèces reconnues de Bornéo (Malaisie) sont également catégorisées en "Danger".

Source : GRASP - UNESCO et OFI usas et Wikipedia.

Et maintenant, que je vous parle un peu de Siswy, avec qui vous m'avez vu. Cette guenon qui a aujourd'hui 43 ans fut recueillie toute jeune au Camp Leakey (spécialisé dans l'étude et les soins des orangs-outans) puis réintroduite le plus rapidement possible dans la nature après un séjour de soins. Mais elle revint et ne voulut plus jamais quitter le monde des humains qu'elle venait de découvrir. Elle est devenue de fait la mascotte de ce lieu où elle flâne entre le petit musée et les salles de soins, en faisant la pitre pour se rendre intéressante, offrant à tous un spectacle à la fois touchant, comique et suscitant de nombreuses interrogations sur l'aptitude intellectuelle de cette espèce, quand on sait que les scientifiques de ce centre ont tout fait pour ne pas transformer Sisly en animal de cirque 
Elle est venue vers moi pour se faire tirer le portrait
Et maintenant, sur cette petite vidéo que j'ai faite, retrouvez Sisly en train de faire son cinéma (remarquez comment elle choisit la face des feuilles). Pendant cette séance tout-à-fait spontanée, elle va les trier de différentes façons, et s'en servir pour se cacher, pour s'abriter du soleil, etc.


Et ce qui a fait sa célébrité, un film dans lequel on la voit toute jeune, ... en moto !



Pour tout savoir sur le Camp Leakey : https://orangutan.org/our-projects/research/camp-leakey/

Pour les personnes intéressées par le sujet  des Grands Singes, voir le numéro spécial suivant :


Et pour le fun, à voir sur Internet un diaporama de toutes sortes de singes sur 
http://www.futura-sciences.com/planete/photos/zoologie-planete-singes-558/photos-singe-proboscis-1179/

D'ailleurs, moi aussi j'ai des photos de singes autres que des orangs-outans et qui vivent dans le Parc de Tanjung Pinang ...




Et pour finir, un singe de la pire espèce qui a intégré rapidement comment embarquer le maximum de bananes
sans perdre de vue une femelle convoitée !