Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

jeudi 25 août 2016

La Baie d'Ugo (Île des Pins) de Nouvelle Calédonie

A l'exception de la Baie de Kuto, les mouillages de l'Île des Pins ne sont pas très faciles d'accès. Il faut souvent se faufiler au milieu de patates de corail, dans des passages étroits et sans beaucoup d'eau, et pour un voilier comme Sabay Dii, c'est le risque de toucher ou de s'échouer à marée basse. Par ailleurs, les fonds sont souvent de qualité médiocre (un peu de sable sur des dalles de corail fossilisé) et en cas de coup de vent, c'est le dérapage assuré de l'ancre, ce qui peut conduire au désastre. C'est donc avec beaucoup de prudence que je me suis mis à explorer la côte de l'Île des Pins. Mon mouillage favori fut celui de la Baie d'Ugo, située sur la façade orientale de l'Île.
Pour y parvenir en venant de la Baie de Kuto, je suis passé par le chemin le plus court, c'est-à-dire par le Sud, avec une petite surprise, le franchissement de la Passe de Ndjue, à la mauvaise heure. J'en étais à quelques milles que j'entendais déjà le grondement des déferlantes venant du large qui s'écrasaient sur le courant de marée de sens contraire. J'ai vite compris ce qui m'attendait, et que l'on nomme "mascaret".
Le mascaret se profile à l'horizon. L'arc-en-ciel témoigne de la violence des embruns sous son vent.
Il me faudra plus d'une bonne heure pour franchir cette barrière de vagues stationnaires de plusieurs mètres de haut en pleine furie pour me retrouver enfin tranquille dans l'Océan et remonter plein nord vers ma destination. Inutile de vous dire que pendant cette séance de musculation, j'ai eu bien d'autres préoccupations que d'aller faire des photos ou du cinéma.
Remontée vers le Nord et la Baie d'Ugo
La côte peu hospitalière est hérissée de pins colonnaires
La Baie d'Ugo est formée par d'un côté l'Île des Pins, et de l'autre, une série d'îlots et un grand massif de corail dont la position était en partie fausse sur mes cartes. Là encore, il me fallut naviguer "à petit pas" en ouvrant bien les yeux et aussi les oreilles pour trouver le passage pas évident conduisant au mouillage où j'allais enfin pouvoir laisser tomber mon ancre. Mais quelle récompense en retour !
J'étais dans l'un des plus beaux endroits qu'il m'ait été donné de voir au cours de mes sept ans de navigation autour du monde.
Photo aérienne trouvée sur Internet
Cette baie est étonnante par ses dimensions : très grande à marée haute mais presque complètement asséchée à marée basse, avec de ci, de là quelques excroissances de corail ressemblant à des champignons.


L'une des particularités de ce lieu est l'existence d'une piscine naturelle grouillant de poissons multicolores qui est alimentée par les vagues qui passent par dessus le récif, et cette piscine se vide dans la baie d'Ugo par l'entremise d'une rivière d'eau salée que j'ai remontée à pied. Superbe !

En dehors de la saison touristique (il y a un hôtel), l'endroit est désert. Seuls les habitants de la tribu voisine viennent de temps en temps pour récolter quelques noix de coco ou pour pêcher avec leurs pirogues traditionnelles.
Et bien évidemment, Sabay Dii était le seul bateau à la ronde.
En prime, des images de quelques uns des poissons rencontrés à la piscine naturelle :

mardi 16 août 2016

L'île des Pins, un paradis éphémère

                                                                                                                                                                               L'Île des Pins est l'un de ces endroits paradisiaques dont on rêve quand on évoque les tropiques. Une seule image suffit à faire fantasmer.Alors laissons nous porter par les images pour voir ce que le fantasme cache.
D'abord, la situation du pseudo-paradis :
au Sud de la Nouvelle Calédonie, juste au bout du lagon du Grand Sud,
soit une très grosse journée de navigation en partant de Nouméa,
avec un vent favorable, ce qui est très rarement le cas à la bonne saison.


                                                                                                                                                                                                                                                  Pour rejoindre l'île des Pins, j'avais choisi de partir de la Baie de Prony, Ça faisait déjà une bonne journée de navigation, d'autant que le temps était parfois très menaçant (remarquez la tornade dans mon dos).  Vers 16 h j'étais en vue de ma destination.
 Et pour me saluer, un gros bateau de croisière quittant l'île des Pins



Ces énormes paquebots qui transportent souvent plus de 3000 touristes ont l'habitude de naviguer de nuit, afin d'être prêt à débarquer leur flot de passagers de bonne heure, à chaque point d'intérêt de la croisière. L'île devait donc être tranquille ...
Arrivée juste avant la nuit dans la superbe baie de Kuto : le mouillage idéal par 4 à 5 mètres d'eau sur un fond de sable d'excellente tenue.
Et un seul autre voilier mouillé (en fait des résidents de l'île qui préfèrent vivre sur l'eau). En face de moi un petit hôtel discrètement caché par quelques arbres et surtout une magnifique plage d'un sable tellement blanc et fin qu'on le confondrait volontiers avec de la farine.
Et, cerise sur le gâteau (ou plutôt diadème sur le joyau) le mont Nga qui me donne déjà des fourmis dans les jambes.
Sitôt levé, sitôt en randonnée pour aller observer depuis ce petit sommet les diverses facettes de l'Île des Pins. Ça commence par une marche en sous-bois jalonnée de quelques totems et puis une bonne grimpette sur un chemin caprin.

Mais à l'arrivée ... une vue époustouflante !
De tout côté un lagon superbe, des pins collonaires altiers, du sable éblouissant de blancheur. En baie de Kuto, tout est calme : seul un cargo décharge est venu au wharf décharger le ravitaillement de l'île et Sabay Dii est bien sage sur son mouillage. Je peux continuer ma balade tranquillement.
Le village de Vao est très dispersé, parsemé dans une véritable forêt, avec son petit marché couvert et son église. Les maisons sont souvent cachées par des haies fleuries visitées par de nuées de papillons ou décorées de façon parfois surprenante.























Le monument de Saint-Maurice qui conjugue harmonieusement croyances traditionnelles et foi chrétienne pour commémorer l'arrivée des premiers missionnaires, est très étonnant.

Et puis c'est le retour au bateau, avec une toujours plage déserte.
Le paradis ...
Sauf que, c'était le lendemain du départ du bateau de croisière, et que demain, un autre paquebot arrivera pour déverser sa cargaison humaine, ce qui va changer complètement la physionomie de l'île. La petite île paisible se transforme alors en une ruche dont les abeilles seraient prises de folie (et dont je vous dispense des images, pour ne rien gâter).
Finie ma belle plage déserte, mais des milliers de toutous grouillant les pieds dans l'eau, ou vautrés sur leurs serviettes uniformes, blanches et bleues
Finies les fragrances de frangipanier, mais un relent de crème solaire qui donne à l'eau si claire des yeux d'huile de friture.
Finies les routes tranquilles, mais des cohortes de voitures d'autochtones qui se transforment du jour au lendemain en chauffeurs de taxi, en s'auto-proclamant guides officiels.
Finie la quiétude de la petite église, mais une nuée d'asiatiques qui, ne sachant à quel saint se vouer, se prennent en photo avec la Vierge et ses seins.
Finies l'ombrage reposant des pins colonnaires, mais des dizaines de paillotes apparues subrepticement pour vendre, ici des langoustes minuscules bien en dessous de la maille, là des nems, des saucisses, des côtelettes grillées, ou du manioc frit (il en faut pour toutes les nationalités).
Eh oui ! Pour arriver au paradis de l'île des Pins, il vaut mieux bien choisir son jour. Le lendemain, c'est le purgatoire (poubelles pleines, détritus de toute sorte), et le surlendemain c'est l'enfer car tous les trois jours ou presque, ce sont plusieurs milliers de vacanciers qui débarquent d'un paquebot, pour une courte journée, et s'en vont heureux vers une autre destination paradisiaque.
Les trois bateaux annuels de croisières d'il y a dix ans à peine, se sont multipliés avec le développement du tourisme dans l'hémisphère Sud. Autrefois réservée au voyage de noce pour japonais, l'île des Pins est devenu une destination d'un tourisme de masse fractionné qui agite la population locale au rythme de deux à trois excitations hebdomadaires.
Je vais donc aller faire un tour de l'autre côté de l'île, là où les gros bateaux ne peuvent accéder, éh éh !