Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

samedi 29 novembre 2014

All Points Rally : un drôle de rallye

Je n'ai jamais été enclin à voyager en groupe.
Tout petit, j'adorais partir seul dans la garrigue, le plus loin possible du village. A mesure que les maisons rapetissaient, j'avais l'impression de grandir, de devenir autonome, indépendant. A moi le monde, ou juste une partie, même minuscule, mais à moi seul. Ce n'est pas que je n'aime pas partager, mais j'aime faire ce que je veux sans avoir à m'expliquer, à me justifier. Et puis surtout je n'aime pas que l'on sache ce que je fais. Et je n'avais pas envie que l'on sache que j'avais touvé un beau lézard et que je jouais avec lui. Pas envie que l'on me voit grappiller des raisins ou des figues, pas envie qu'on me dise que c'est l'heure de ...

A 18 ans, je n'avais pas changé. J'avais déjà pas mal bourlingué : le Cap Nord en stop avec un copain pour commencer, puis le tour de la Méditerranée en solo, en stop ou en courant, avec un sac à dos miniature et l'équivalent de 100 € pour deux mois, alors que de nombreux pays étaient alors en guerre... Et ces voyages m'avaient donné envie de continuer à arpenter le monde, dans mon coin, à ma façon, c'est à dire en me débrouillant tout seul, loin de la meute, loin des tour-operators, loin des circuits organisés. Ce qui ne veut pas dire "en improvisant", loin de là. Car quand on veut être autonome, faut savoir à quoi s'attendre !

Et il en est encore ainsi aujourd'hui. J'adore naviguer seul, sur mon beau Sabay Dii. Surtout en plein milieu de l'océan. J'ai l'impression que la mer est immense, l'air est plus frais, que le silence est plus grand, que le ciel est plus profond. Certes, il m'arrive de prendre, de temps en temps, des équipiers ou équipières et, la plupart du temps, j'apprécie leur compagnie. Mais quand je me retrouve seul, j'ai l'impression de renaître. Un nouveau cycle, un nouveau départ. J'occupe à nouveau tout l'espace, je m'étends. Je commence par réorganiser tout le bateau, faire le ménage en grand, ... comme si je repartais immédiatement pour un grand voyage, alors que je vais peut-être passer une semaine dans une crique peinard, à coincer la bulle. Je reprends mes mauvaises habitudes : vivre sur la deuxième marche de la descente, manger debout et directement dans la casserole ou dans la boîte de conserve sans même la faire réchauffer, jouer de l'harmonica à tue-tête, m'habiller avec des vieilles nippes toutes pourries, dormir quand j'en ai envie (3 à 4 siestes de 15 mn par jour), démonter tout ce qui ne marche pas comme j'aimerais, etc.

Alors, vous pensez bien que, lorsqu'en préparant mon voyage pour la Nouvelle-Zélande, je suis tombé sur une pub pour un rallye, un rallye à la voile qui plus est plus, je me suis dit : ça c'est pas pour moi. Mais étant d'un naturel curieux, j'ai quand même lu l'annonce.
ALL POINTS RALLY 2014

Du 15 au 22 novembre 2014

Sixième édition de cet événement fun et gratuit. (ah ! Rien à débourser ... un bon point)
Le rallye est ouvert à tous les navigateurs se dirigeant vers la Nouvelle-Zélande. Il se tiendra à la mi-novembre avec arrivée à Opua, en NZ, dans la fabuleuse Bay of Islands (un autre bon point car c'est au nord, là où je comptais arriver)
Tous les moyens ont été mis en oeuvre pour aider les navigateurs dans leur passage vers le grand sud : prévisions météo détaillées (encore un bon point, même si j'ai mes petites habitudes avec les fichiers grib récupérés par téléphone satellite), routages (je préfère m'en occuper seul), et informations diverses sur ce qui pourrait arriver pendant votre navigation (par exemple on nous a donné la position d'un container à la dérive : ça c'est très bien).
A l'arrivée, Opua souhaitera la bienvenue à la flotte avec une semaine de festivités, de séminaires et d'activités (on verra bien sur place).
Les voiliers peuvent partir de n'importe quel port du Pacifique, à la date qui leur convient, en profitant de la fenêtre météo qui leur paraît la plus favorable (Ah ! Ce rallye commence à m'intéresser car on est libre de partir quand on veut et d'où on veut, sans avoir à attendre un feu vert pour le départ de la troupe).
Pour tous les inscrits, offerts par les nombreux sponsors, des lots à gagner par tirage au sort (je suis toujours passé au travers des tirages au sort) et des barbecues et rafraîchissements gratuits (ah oui ! une bonne côtelette d'agneau néo zélandais avec une cannette de coca).

Et me voilà inscrit au ALL POINTS RALLY 2014

Et je ne le regrette pas du tout. Car l'annonce n'avait rien de mensonger. Jugez plutôt ...

  • Une information régulière sur la météo, pendant un bon mois, mais comme d'hab, j'ai fait à ma façon et j'ai bien fait car nous avons été le seul bateau partant des Fidji, à arriver à temps. Tous les autres, qui suivaient les conseils du grand gourou de service, ont soit ramassé une tempête, soit sont arrivés à la fin des festivités (ce qui fait que nous avons eu plus de saucisses !).
  • De superbes infrastructures pour nous accueillir (avec l'Internet gratuit en plus).


  • Deux séminaires par jour sur des sujets aussi intéressants que "comment réparer ses voiles sur le bateau, sans matériel spécial, après un coup dur", ou "la pêche au snapper dans Bay of islands". Bref que des sujets parfaitement ciblés, présentés par des personnes très compétentes, mais malheureusement parlant à toute vitesse et en néozélandais (c'est-à-dire en anglais sans ouvrir la bouche et en changeant la prononciation british).

Bob McDavitt en conférence*
  • Des visites dans tous les coins sympas de la région, soit avec un petit ferry (et les dauphins étaient au rendez-vous), soit en bus pour visiter mais aussi pour faire les courses (car presque rien comme commerces autres que nautiques à Opua).
Notre petit ferry nous attend au quai de Russell
Les dauphins sont à l'endroit et à l'heure annoncés
et ils nous font un véritable festival !
Le local incroyable du club de pêche de Russell (les poissons au mur sont les prises record naturalisées)
Toujours ce club qui héberge aussi Russell Radio, une radio dédiée aux navigateurs !
Le grand parc de la ville de Kerikeri à une quinzaine de kilomètres d'Opua
Bernard a trouvé au marché de Pahia du pain français et même du "Camembert" et du "Brie" local
  • Et pour finir, ripaille à volonté tous les soirs (mais malheureusement, et à une exception près, il faut dire que la gastronomie n'est pas leur fort). Au lieu de l'agneau de Nouvelle-Zélande, ce furent des saucisses de l'on ne sait pas quoi, et d'on ne sait pas où).
Mais le plus intéressant dans cette affaire de rallye, c'est que tous les participants étaient du genre à ne pas aller dans des rallyes : navigateurs solitaires ou en couple, gros bourlingueurs ayant construit leur bateau, aventuriers ayant exploré les canaux de Patagonie, et même l'Arctique. Bref que des gens bien, qui ont fait leurs preuves et donc qui ne la ramènent pas, indépendants et équilibrés. Et des gens de toutes les nationalités, évidemment !


Donc, je ne peux plus dire que je n'aime pas les rallys. A partir de maintenant, je dirai que je n'aime pas certains types de rallyes.
Mais maintenant que tout est fini (je n'ai pas été tiré au sort, évidemment), je vais pouvoir renaître, une fois de plus. D'abord, je vais me jouer un  petit morceau d'harmonica (Besa me mucho, ce sera parfait), avant d'aller me faire une petite sieste. Pour le repas, je verrai plus tard si je choisis riz gluant du Laos ou la dernière boîte de cassoulet. 
Heu !!! Pas cassoulet, car il y a encore des saucisses, là-dedans !!!

* Bob McDavitt est considéré comme le meilleur météorologue du Pacifique Sud. C'était le météorologue attitré du Team New Zealand à la Coupe de l'America. Cela ne l'empêche pas de se tromper de temps en temps, mais il mérite amplment son aura parmi les marins de l'Hémisphère Sud. Et en plus il est sympa.
Voir son site :
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0CCEQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.metbob.com%2F&ei=cCN6VJ_vF-e6mAWOsoKYDA&usg=AFQjCNFgH9F8ZsTzutCt7m9IvxgO190U7A&sig2=vW-Uwd5pLPmYm4HqgWIm5g&bvm=bv.80642063,d.dGY

mercredi 26 novembre 2014

Bientôt sur le blog

J'ai trié plein de photos et vais donc pouvoir réalimenter le blog.
Prochainement ...

All points rally
Russell (ancienne capitale de la NZ)
les paysages de Northland
la passion pour la voile des néozed
le départ de Ba
Hundertwasser, un artiste hors norme

et aussi ...

les plus beaux mouillages que nous ayons vus aux Fidji

mardi 18 novembre 2014

L'approche de la Nouvelle-Zélande, et l'arrivée à Opua

La Nouvelle Zélande est composée de deux grandes îles :
celle du nord (Northland) et celle du sud (Southland)
La côte nord-est de Northland
Au nord de l'île du nord se trouve Opua, port d'entrée officielle dans le pays.
C'est là que Sabay Dii est allé faire les formalités de douane et d'immigration

Nous entrons dans Bay of Islands, la grande baie qui abrite Opua.
Opua a une situation exceptionnelle pour un marin.
Ce petit village se trouve au fond d'un estuaire, formidablement bien protégé.
Ce serait un  trou à cyclones si l'on était en région tropicale.

Voici Marina Opua vue d'en haut. C'est ici que Sabay Dii est venu s'amarrer après la traversée Fidji - Nouvelle-Zélande.
Le village est minuscule, loin de l'eau et sans âme comme la plupart des villages néo-zélandais (des maisons disséminées sur une route), mais la marina offre tous les services d'entretien nautique. L'endroit idéal pour bichonner Sabay Dii quien a bien besoin après deux ans dans le Pacifique Sud, loin de toute infrastructure nautique.
Mais ce qui est le plus étonnant quand on arrive ici, après avoir parcouru des dizaines de milliers de milles nautiques dans cette région du monde, c'est le nombre incroyable de bateaux (surtout des voiliers). A croire que toute famille du pays a de quoi naviguer.
Eh oui ! Comme vous allez pouvoir le constater très prochainement,les néo-zélandais on deux passions : le rugby et LA VOILE !

lundi 17 novembre 2014

Une traversée "aux petits oignons", ou l'art du routage météo

La traversée hauturière qui permet de rallier la Nouvelle-Zélande depuis les Fidji n'est pas réputée pour être une sinécure. Bien au contraire. Les tempêtes y sont très fréquentes et il n'est pas rare d'y voir des vagues de plus de 10 mètres capables de chavirer n'importe quel voilier si elles déferlaient. Donc la prudence doit être de mise pour ce voyage de 2000 km sans abri que l'on ne peut pas faire à n'importe quel moment. Le créneau est assez serré puisque cette traversée doit s'effectuer avant la pleine saison cyclonique qui sévit du côté tropical des Fidji et après la saison des tempêtes du grand sud qui secoue la Nouvelle-Zélande, du côté des quarantième rugissants. En gros, on doit naviguer entre fin octobre et mi novembre pour mettre toutes les chances de son côté.
Comme la météo n'est pas toujours évidente dans cette partie du monde, située à la frontière entre zone tropicale et zone à dépressions, et donc balayée alternativement par des anticyclones empêchant d'avancer et des dépressions brutales, avec entre les deux; des fronts redoutables, un service d'information est assurée par un météorologue néo-zélandais réputé pour être le meilleur spécialiste de ce problème. En outre, si l'on est équipé d'un téléphone satellite, comme c'est mon cas, on peut toujours récupérer les fichiers grib émis par le service météo des USA qui donne des prédictions de pression, de vent et de vagues pour toute la planète.
Très prudent, j'ai donc attendu une dizaine de jours à Suva, capitale des Fidji, avant de lancer Sabay Dii plein sud. Le grand manitou néozed disait de ne pas partir avant jeudi 6, mais comme d'habitude, j'ai préféré prendre ma décision à partir de ce que me disaient les fichiers de la NOAA. Et j'avoue que je n'ai eu qu'à me féliciter de n'en avoir fait qu'à ma tête, une fois de plus, car ceux qui ont attendu jeudi pour quitter les Fidji ont du y rester une dizaine de jours supplémentaires pour éviter une grosse tempête qui nous est passée dans le dos.
Voici en quatre fichiers grib le scénario retenu ...

Prévision pour le mardi 4/11/2014 12h00 locale (GMT - 12)
Sabay Dii quitte Suva avec un bon vent de travers (force 5 d'est), une mer belle et un ciel variable 
Le bateau marche très bien et c'est tant mieux car il va falloir cravacher pour arriver en Nouvelle-Zélande avant une grosse dépression venant de la mer de Tasmanie, soit jeudi en huit,
D'autant que ce vent ne durera pas car c'est de l'alizé et les alizés s'atténuent à mesure qu'on se rappoche du tropique. Effectivement, comme prévu, après deux jours à huit nœuds de moyenne ou presque, le vent faiblit. Mer toujours belle, et ciel immaculé. On en profite pour se reposer un peu. On n'est pas les seuls.
Visite d'un fou, un de plus, sur Sabay Dii



Un porte-container venant de Papeete et allant à Noumea croise notre route au petit matin. Salutations cordiales à la VHF, pour se souhaiter mutuellement "a safe trip"
Ce sera le seul gros cargo que nous rencontrerons pendant cette longue traversée loin  des routes de commerce maritime.





Malgré le vent léger, Sabay Dii marche bien car nous sommes au près, son allure préférée dans laquelle il excelle.


Le capitaine et son vieux copain de beau-frère sont heureux !





Mais le ciel change ...
Les fichiers météo confirment qu'une grosse dépression située à notre nord ouest se creuse à toute vitesse dans notre dos. Heureusement que nous n'avions pas attendu jeudi. Il va falloir remettre les gaz car elle descend droit sur nous. Pas question de partir à l'ouest comme on nous le recommandait, car après ce serait beaucoup plus dur pour revenir vers l'est.

Prévision pour le samedi 8/11/2014 12h00
Nous devons nous attendre à un vent d'est, encore, mais plus fort (force 5 à 7). Pas un vent d'alizé, non ! Mais un vent de dépression qui sera d'autant plus fort que cette dépression se rapprochera de nous. Mais si le vent forcit, nous irons vite, et droit vers le sud, ce qui devrait nous permettre de garder nos distance. Malheureusement, il faudra nous attendre à des vagues de côté, et de plus en plus fortes à mesure que la dépression se creusera.

Prévision pour le lundi 10/11/2014

Gilet et harnais de rigueur par ce type de mer
La mer forcit, les vagues atteignent quatre à cinq mètres






Certaines vagues passent complètement sur Sabay. Mais on avance bien et on gagne du terrain. Le très mauvais temps a été évité, et on pense à tous ceux qui comptaient partir jeudi et qui vont rester coincés un bon bout de temps aux Fidji, pour ne pas être prius dans la tempête.
Une vague plus forte que les autres nous défonce le vitrage de la capote
Le vent est parfait mais ces satanées vagues qui nous percutent toutes les 15 secondes nous rendent la vie très inconfortable

Prévision pour mardi 11/11/2014
Nous sommes le 10 novembre, en avance de près de 36 heures sur le programme, assurés d'arriver en Nouvelle-Zélande avant la grosse dépression qui arrive du sud ouest. C'est super car après cinq jours de vent d'est, nous allons bénéficier d'un vent d'ouest ou de nord ouest, de plus en plus puissant, juste au moment où nous serons à l'est du North Cap, c'est-à-dire à l'abri des vagues.
La terre ne doit plus être bien loin. 
Terre ! Terre ! Capitaine.
Ba avec ses yeux de lynx a vu la Nouvelle-Zélande.
 Il me faudra attendre une heure pour la deviner avec mes yeux de taupe.
On est très contents de notre routage maison qui nous a permis de bénéficier d'un vent soutenu mais toujours parfaitement navigable, pour faire une route presque directe à une très belle moyenne. Quoi demander de plus ?
Ah si ! On pourrait demander qu'il fasse plus chaud en Nouvelle-Zélande.
On est partis de Savu en short et tee-shirt, et ici on a les collants, le bonnet, les gants et les vestes de quart bien fermées. Une preuve certaine qu'on est vraiment descendu bien au sud !





jeudi 13 novembre 2014

Bien arrivé en Nouvelle-Zélande

Çà y est ! Sabay Dii a touché (en douceur) les côtes de Nouvelle-Zélande, après une navigation rapide et à certains moments très inconfortable.
Seulement 7 jours pour venir des Fidji, en se faufilant entre les méchantes dépressions.
Bientôt tous les détails de cette traversée, et aussi des beaux moments des Fidji.
Pour ce qui envieraient le veinard qui est dans l'hémisphère sud pendant que vous commencez à vous geler dans l'hémisphère nord, sachez qu'il faisait ce matin moins de 8°C dans le bateau. Eh oui ! Faudrait pas croire que les deux hémisphères soient égaux et opposés question météo. Oh que non !

samedi 1 novembre 2014

Des Fidji à la Nouvelle-Zélande

D'ici quelques jours (probablement mardi 4 novembre), Sabay Dii va larguer les amarres pour plonger plein sud vers la Nouvelle-Zélande. Enfin ! Un périple de plus de 2000 km réputé pas très facile,
La trajectoire prévue en rouge
Mais nous devrions avoir une fenêtre météo correcte et le bateau est parfaitement préparé. Evidemment, pendant tout le temps que va durer cette navigation, vous n'aurez aucunes nouvelles, car nous serons au milieu de l'océan.

Il vous faudra donc attendre encore un peu pour voir les images des plus beaux mouillages des Fidji.