Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

mardi 26 août 2014

Les coraux de Haafeva

Haafeva a aussi un bel environnement marin ...
Deux volcans situés à l'ouest de Haafeva, sur ce que l'o, appelle ici l'anneau de feu
Dans leur longue histoire, lesTonga ont souvent été le siège d'éruptions volcaniques, de tremblements de terre et de tsunamis


L'environnement sous-marin n'est pas mal non plus ...











De quoi ravir Jo et Ba ...



La suite pour bientôt

Bientôt d'autres articles (en préparation et en attente d'une connexion rapide)

  • Lifuka et les ravages du cyclone Ian,
  • l'extraordinaire ballet d'une baleine venue jouer avec Sabay Dii,
  • l'archipel des Vava'u, le nec plus ultra de la croisière dans le Pacifique Sud
  • Niuatoputapu
  • et aussi notre arrivée à Wallis

Haafeva

Tout près d'Oua se trouve l'île d'Haafeva.
et son « grand » village de 200 personnes où l'on trouve comme partout ailleurs, des cochons plein les rues, et des églises tous les 100 mètres. Mais ici, il y a aussi un petit dispensaire appelé pompeusement « hôpital » et une baraque faisant office d'épicerie.
L'occasion pour Joëlle d'aller consulter l'infirmière pour son dos toujours douloureux et pour nous trois de tenter de dénicher, sans trop nous faire d'illusion, de quoi nous nourrir à notre manière (comme par exemple des fruits, des légumes, du lait et quelques kilos de farine pour faire le pain à bord). Sans grande surprise, nous repartirons de l'échoppe avec quelques paquets de crackers.
Mais qu'étions-nous donc venus faire sur cette île paumée d'Haafeva ?
En fait, j'avais décidé Jo et Ba à nous détourner de la route directe pour faire un petit arrêt ici, car j'avais lu qu'on y trouvait le meilleur accueil des Tonga. En réalité, au cours de cette après-midi passée à Haafeva, nous ne rencontrerons pas grand monde dans la grande rue de terre battue qui traverser le village, si ce n'est le personnel de l'hôpital qui attend, avec impatience et un petit cochon grillé de bienvenue, un docteur voyageant sur son catamaran qui doit apporter quelques médicaments.
Bande de fibres avec lesquelles ont fait les tapas (vêtements et décorations murales traditionnelles)



La rue principale du village
Cette première visite du village sera aussi l'occasion de nous faire aborder par une jeune femme de 24 ans, parlant correctement l'anglais, ce qui est rare au Ha'apai, et qui va nous accompagner tout le reste de l'après-midi sans nous lâcher d'une semelle. Elle en profitera pour raconter à Joëlle sa vie pas rigolote du tout de femme qu'on a mariée trop jeune et très mal à Nuku'alofa, la capitale, et son retour sur son île natale pour retrouver la paix auprès de ses parents. En nous séparant pour rejoindre le bateau, elle nous donnera rendez-vous pour le lendemain en nous précisant que ce sera son anniversaire.
Le lendemain, avant l'heure convenue, elle est là, arpentant avec impatience le vieux quai délabré du village. Nous la rejoignons en annexe. Un tout petit cadeau d'anniversaire et un « happy birthday » joué à l'harmonica, et nous voilà repartis avec elle, sur les chemins de Haafeva, sans programme connu. Sans nous expliquer non plus où nous allions, elle nous conduit dans la direction opposée au village, à travers le bush, au milieu des cocotiers, de clairières enfumées, et de champs de tarots et de songes, jusqu'à arriver dans un bois.
Sous un arbre, un homme barbu et vêtu de quelques haillons est allongé sur le dos, les yeux fermés : son père, qui ne bougera pas d'un millimètre à notre arrivée, et qui ne nous dira mot. Notre guide nous laisse alors là, plantés sans explications, et revient quelques minutes après avec sa mère, une femme souriante qui nous apporte les nattes de feuilles de cocotiers qu'elle vient de tresser pour que nous puissions nous reposer à l'ombre des arbres. Quelques mots échangés avec sa fille et le renfrogné de père et les voilà reparties.
Nous nous demandions un peu ce que nous faisions-là à côté du vieux grincheux lorsque nous les vîmes revenir avec un immense sourire et des petits paquets faits de feuilles de bananiers fumantes, à l'intérieur desquelles nous allons découvrir un succulent repas qu'elles avaient du passer des heures à nous préparer dans la forêt. Un délice fait de patates douces, de saucisses de porc maison, de morceaux de poulet, et de feuilles de brèdes vert foncées finement hachées.

Très émus, nous mangeons avec la fille de la famille pendant que la mère dit quelques mots au père encore somnolent, qui va se lever avec difficulté, et partir sans un mot avec sa pioche. Une fois le repas terminé et après de chaleureuses accolades avec la mère, nous repartons en forêt jusqu'à arriver dans une clairière où nous attend le père ronchon qui sans un mot nous offre des légumes qui rempliront le bateau pour une semaine, dont une dizaine de kilos d'un excellent manioc jaune.


Nous venons de découvrir ce qu'est l'hospitalité des habitants des Tonga, ou du moins des Ha'apai. Très froids et peu souriants au premier abord, ces insulaires ont des manières bien différentes de celles des polynésiens. Il leur faut du temps pour montrer qu'ils sont accueillants. Mais quand ils se dévoilent, leur accueil est exceptionnel. Malheureusement, ce genre de situation ne se reproduira plus de tout le voyage. Heureusement que la route de Sabay Dii passait par Haafeva.

Oua (ou le mouillage au milieu des terres)

Avec Oua, je vais essayer de vous donner une petite idée de ce qu'est la navigation dans les Tonga.
Cette île est représentée sur la seule carte marine officielle disponible à ma connaissance, celle éditée par la Nouvelle-Zélande sous la référence nz8259 et dont les relevés datent de 1898 ! Eh oui ! Personne ne veut dépenser de l'argent pour venir cartographier ce coin paumé de la planète qui n'intéresse qu'une poignée d’hurluberlus. Nous n'apercevrons d'ailleurs pas la moindre voile pendant les trois premières semaines de notre périple. Pas étonnant puisque on dénombre à peine une centaine de voiliers par an dans l'archipel des Ha'apai. Et aucun bateau de commerce à part un petit cargo pour l'approvisionnement des insulaires.
Voila à quoi ressemble Opua sur la carte marine officielle : un petit bout de terre (en beige) cerné par un gigantesque massif de corail (en vert) enserrant un lagon (en bleu) infesté de tête de corail (full of patches). 
Quant aux cartes électroniques disponibles, elles disent à peu près la même chose.

Normal ; car elles ont été établies à partir de la carte papier en y ajoutant quelques sondages supplémentaires. Pourtant Sabay Dii sera arrivé mystérieusement à mouiller juste aux pied du village de Oua. Par quel miracle ?
Maman, ce p'tit bateau qui va sur l'eau a-il des jambes ?
Mais non mon gros béta, il a l'expérience des cartes fausses depuis qu'il a navigué en République Dominicaine, aux Costa-Rica, Salvador, Guatemala, Nicaragua, Mexique, etc. Et il a aussi l'habitude des lagons, des récifs non indiqués, des courants, etc. après ses huit mois passés dans les Tuamotu.
Voici la route suivie par Sabay Dii dans son approche de Oua …
avec prudence évidemment …
Et oui , avec des cartes fausses, faut se fier à d'autres sources (les récits des autres navigateurs, et surtout ses yeux) pour chercher le chemin qui n'existe pas au milieu des patates de corail.
Arrivés à quelques encablures du village, ne pouvant aller plus loin dans le lagon soit disant fermé, il ne nous restait plus qu'à prendre l'annexe pour découvrir notre premier village des Tonga. Et voici ce qui nous attendait …

Un ponton avec quelques barques.
Un panneau de bienvenue que peu de personnes ont du voir.
Une clôture cernant le village pour éviter non pas que les animaux sauvages rentrent, mais plutôt pour empêcher les cochons du village de s'échapper.
Et des cochons, il y en a partout, bien plus que d'habitants, courant par dizaines dans les ruelles de terre battue.
Quelques maisons soignées mais souvent sans portes ni fenêtre, pour éviter que l'édifice ne s'envole un jour de cyclone.
Des églises à tous les coins de rue de ce village d'une centaine d'âmes.
Et puis l'école, et son instituteur, Steeve, qui va nous inviter à partager un repas que nous prépare ses élèves (une vingtaine).
Un ex-formateur de prof des écoles qui n'y comprend plus rien
Course entre notre annexe à la rame et les enfants dans des demi-tonneaux transformés en barque