Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

mardi 29 mai 2012

Sabay Dii sur ses trois pattes

Ouf ! Ça y est !
Sabay Dii est au sec, sur un parking très propre et bien gardé.
Il est prêt pour un séjour de 6 mois hors d'eau.
Je l'ai chouchouté pour qu'il puisse à la fois supporter
le terrible soleil du désert de Sonora,
les trombes d'eau de la saison tropicale humide qui va bientôt commencer,
et même un ou plusieurs cyclones, qui d'habitude touchent la région en septembre ou octobre.
 Au total, 20 journées de travail à raison de 12 à 14 h par jour,
pour désarmer complètement Sabay Dii.
Désarmer un voilier, c'est :
  • d'abord parfaitement caller le bateau, en s'assurant de sa verticalité absolue aussi bien longitudinalement que latéralement;
  • on peut alors s'occuper de la partie immergée de la coque en la débarrassant de l'ancien antifouling (une peinture sensée empêcher les animaux et végétaux de venir se fixer à la coque), mais surtout de toute trace de coquillage ou algue (ce qui implique un lavage au Karcher, puis à la main, suivi d'un ponçage manuel, et pour terminer un traitement à l'acide dilué, sans oublier l'inspection des quilles et safran et traitement de tous les petits éclats de revêtement et points d'oxydation (4 à 5 jours de travail) ; un vrai travail de cochon !!! 
  • ensuite on doit s'occuper des voiles, qu'il faut retirer du bateau pour les inspecter sur une surface plane et propre (j'ai trouvé de la bâche de 6 mètres de large par 15 m de long) puis faire tous les travaux de couture nécessaires (heureusement, à la marina de seca de Guaymas, on dispose de grands hangars ;
  • ensuite, on doit retirer le lazzy bag et lazzy jack, les ausculter avant de les nettoyer à fond ;
  • démonter et graisser les mécanismes (joints, roulements à aiguilles, carters) des winches, retirer toutes les poulies, manilles, et charriots de fixation de la grand-voile, puis les traiter anti-corrosion, les  lubrifier au téflon et les enduire d'un produit anti-UV, sans oublier les enrouleurs de voile d'avant, les taquets-coinceurs, etc. qui ne peuvent être retirés du bateau ;
  • inspecter et traiter les haubans, étais, pataras, vits-de-mulets, hale-bas de bôme et tangons ;
  • retirer tous les cordages pour les laisser tremper 24 heures dans de l'eau douce et un peu d'eau de Javel, puis les laver en machine et enfin les laisser barboter une nuit dans de l'adoucissant-textile, y compris les drisses qu'il faut préalablement retirer du mât et les ris qu'il faut retirer de la bôme (heureusement j'avais récupéré une immense glacière pour la bière qui m'a servi de baignoire, juste sous le bateau, merci Corona) ;
 
  • faire la même chose pour les amarres ;
  • démonter bimini et capote, pour les laver, les traiter contre les moisissures et les UV, puis les réimperméabiliser ;
  • nettoyer tous les pare-battages et les traiter contre les UV ;
  • démonter, nettoyer et traiter anti-UV les bouées, perche IOR, antennes, etc.
  • lessiver tous les bois extérieurs et les traiter contre les intempéries (4 à 5 couches d'une huile spéciale au minimum) ;
  • laver puis traiter tous les inox (chandeliers, câbles, la barre, les supports d'antennes, balcons avant et arrière, montant des bimini et capote, etc.) ;
  • sortir les 4 ancres avec leurs chaînes (plusieurs centaines de kilos), retirer au jet et à la brosse toute la vase et les algues séchées, les rincer de nombreuses fois, les traiter contre la corrosion à l'acide phosphorique et rincer très soigneusement avant de tout remonter dans la baille à mouillage (inutile de prévoir une séance en salle de musculation ces jours-là) ;
  • gonfler l'annexe, la nettoyer, la traiter contre la moisissure et les UV, la talquer et protéger les valves, puis la dégonfler et la plier soigneusement ;
  • faire la révision du moteur de l'annexe, et l'hiverner en mettant de l'huile dans le cylindre, protégeant l'allumage, sans oublier de graisser toutes les commandes et câbles, etc.
  • faire l'hivernage du moteur diésel (vidange, graissage, purge de tous les filtres, nettoyage du clapet anti-retour, dessalinisation du circuit de refroidissement, détendre les courroies, lubrification de toutes les commandes, traitement des réservoirs de carburant et du carburant, etc.) 
Quand on a fait cela, on est déjà très content,
mais on n'en est qu'à la moitié du travail, car il reste à :
  • nettoyer toute la partie émergée de la coque : lavages multiples pour enlever toute trace de crasse, suppression des autocollants, puis nettoyage au solvant organique ; masticage à l'époxy puis nombreuses heures de ponçage de tous les petits bobos avant de refaire les retouches de peinture à l'aérographe en octobre ;
  • nettoyer et lessiver plusieurs fois le pont, réparer les petites éraflures du gelcoat, puis traiter à la cire anti-UV (obligatoire sous ces latitudes où le soleil grille tout) ;
  • recouvrir tous les hublots en plexiglass et tout l'accastillage inamovible avec du plastique opaque résistant au UV ;
  • nettoyer tout l'intérieur du bateau, traiter tous les métaux, purger toutes les conduites d'eau, boucher toutes les sorties et entrées d'eau, remplir et traiter les réservoirs ;
  • lessiver portes et cloisons avec de l'alcool pour éviter la formation de moisissures, démonter les planchers, les sortir pour les laver et les traiter, aspirer et laver tout les fonds, puis les sécher pour ne pas laisser d'humidité et remonter le tout, sans oublier de traiter contre toutes les sortes d'insectes qui existent ici et en plaçant des pièges à souris ;
  • traiter tous les bois intérieurs ;
  • mettre tout le linge dans des sacs plastiques puis retirer l'air et les fermer hermétiquement sous peine de retrouver tout  moisi ;
  • vider le bateau de toute nourriture ;
  • positionner les coussins, matelas, de manière à ce que de l'air puisse circuler partout, car sinon c'est la moisissure assurée des mousses et tissus ;
  • mettre tous les appareils électroniques (VHF, GPS, cartes numériques, etc.) dans des récipients métalliques (cage de Faraday) pour les protéger de la foudre ;
  • emballer dans des sacs étanches tout ce qui n'aime pas l'humidité ;
  • nettoyer les batteries et leurs cosses, et débrancher tous les appareils qui consomment un minimum d'énergie (voyants, jauges, etc.), car en 6 mois ils videraient les batteries ;
  • et bien évidemment fermer le gaz, couper les pompes, etc.
Voila de quoi occuper un bonhomme deux bonnes semaines, sans flaimarder.
Mais j'avais envie de refaire une beauté à Sabay Dii.
J'ai donc décidé de lui remonter un peu sa ligne de flottaison et de refaire le dessin de la proue,
non pas en autocollants, mais avec une superbe peinture rouge,
d'où un peu de travail supplémentaire :
  • il a fallu poser du scotch de masquage pour repositionner la ligne de flottaison et refaire le dessin de l'œil du Mékong ;
  • et enfin laisser les peintre faire leur boulot.

Ils n'avaient pas encore terminé leur œuvre le jour de mon départ pour Mexico.
J'aurai donc la surprise de voir la nouvelle tête de mon bateau, à mon retour.
Mais je pars tranquille car Sabay Dii est prêt pour son séjour à terre.
Et puis il sera à nouveau question de navigations. 
Mais avant de le remettre à l'eau,
il faudra refaire une bonne partie du travail que je vient d'énumérer, dans l'autre sens,
sans oublier de refaire l'antifouling.
Juste une dizaine de jours de travail,
de la rigolade, en somme !!!

lundi 21 mai 2012

Bahia Concepciòn

Bahia Concepciòn est un bras de mer de plus de 30 km de long s'enfonçant entre deux chaînes montagneuses d'origine volcanique. Je n'ai eu le temps d'explorer que l'entrée de la baie, c'est-à-dire sa partie nord. Vous avez déjà vu des images de Bahia Santo Domingo par où j'étais arrivé, cette jolie baie avec sa plage de coquilles et tous ces bons coquillages que j'avais pêchés et mangés. C'est d'ailleurs de cette même baie que je suis reparti pour traverser la mer de Cortez d'ouest en est, histoire de me faire une deuxième ventrée de coquilles Saint-Jacques au four, et de faire un stock de moules et d'huitres pour le voyage. Mais entre cette arrivée et ce départ de Bahia Santo Domingo, je suis allé avec mon beau Saby Dii à Playa Santispac (où j'ai rencontré Don et Kathy et d'où je suis parti en stop pour aller à Mulegé), puis à Playa El Burro, où Don et Kathy m'ont rejoint.

Ce n'est donc qu'une toute petite exploration de cette très profonde et extraordinaire Bahia Concepciòn que j'ai faite, mais comme je compte y retourner l'an prochain en janvier, je me réserve (et vous réserve) de belles surprises. En attendant l'exploration future du centre et du sud de la baie, voici quelques photos du nord.
 Playa Santispac au petit matin. Sur la plage, les taches blanches sont ...
 des camping-cars américains ou canadiens,
la plage étant aménagée avec des paillotes pour mettre les véhicules à l'ombre
 mais à trois cents mètres de cette plage aménagée, c'est le no-mans-land,
avec de grands chemins tranquilles
 le mode d'exploration privilégié par les touristes en camping-car étant le canoë ou le kayak.
Ici, on ne trouve que de grands amateurs de nature.
 Et ils ont de quoi se régaler, entre les oiseaux (ici une aigrette tricolore pas facile à approcher)
  et les mobulas (mini raies mantas) qui sautent partout dans la mer.
Évidemment, j'ai passé mes journées à me balader,
tantôt crapahutant dans des éboulis pour prendre de la hauteur et porter mon regard au lointain,
tantôt au raz de l'eau, observant cette vie sauvage et exubérante.
Et puis la nuit ! Ah, encore une nuit en Mer de Cortez !
Plus que quelques nuits encore, malheureusement,
dans cette espace hors du temps,
par mer lisse, sans le moindre souffle d'air ni clapot,
dans un silence irréel de cathédrale déshumanisée,
un silence que seuls déchirent les poissons en voltige aérienne,
sans une autre lumière que la Lune, les étoiles et Jupiter et Vénus d'un blanc éclatant.
Voila ce que disait Steinbeck
 .............................
"Les nuits au mouillage dans le golfe sont calmes et étranges. L’eau est lisse, presque solide, et la rosée est si lourde que les ponts sont trempés. Les petites lames raclent en chuintant les plages de coquillages et, tout autour de vous, dans l’obscurité, les poissons sautent et font rejaillir l’eau. Parfois une grande raie bondit hors de l’eau et retombe avec un claquement sec de détonation. Il y a aussi, à la surface, le susurrement d’une bande de minuscules poissons qui, lorsqu’ils se détachent l’un après l’autre, font entendre le plus infime des fouettements. Il n’y a pas de sensation, pas d’odeur, pas de vibration humaine, dans le golfe. Quoi que ce soit qui vous la fasse pressentir, une présence humaine n’existe pas ici. C’est ainsi qu’en dépit du bruit des lames et des poissons, on a un sentiment de torpeur et de calme."
 ..............................
Et au lever du jour dans la lumière naissante de l'aube,
la surprise.
 Celle que j'avais poursuivie gauchement toute la journée est là,
sur l'annexe, perchée sur le support de rame, un joli promontoire pour chasser.
Elle m'a vu, m'a entendu, mais nous allons cohabiter dans un silence et une immobilité partagés.






























Je ménagerai une sorte d'affût, sur le bateau,
histoire ne de pas être vu tout en voyant,
et ainsi, elle reviendra chasser, matin et soir, tous les jours.


Et maintenant, voici quelques images de la Playa del Burro (plage de l'âne)

 
 des cabanons les pieds dans l'eau






une plage où tout le monde respecte le silence de la nature. Ici pas de bruit, pas de radio, pas de musique,
et des constructions100% bioclimatiques et toujours faites avec des matériaux traditionnels et locaux
 Et maintenant que vous commencez à me connaître,
vous vous doutez bien qu'il a fallu que je grimpe aux sommets qui surplombent cette plage étonnante
 Ainsi ce termine ce premier périple en Baja California.
Depuis Sabay Dii a traversé la Mer de Cortez pour rejoindre Guaymas, sur la côte mexicaine.
A présent, finies les ballades, plongées, chasses photographiques et navigations.
Place aux nettoyage, grattage, récurage, polissage, carénage ...
Les prochaines images seront moins magiques !
Mais la mise au sec du bateau pendant la saison cyclonique est la solution la plus sage.
Ainsi, tout propre et tout beau,
Sabay Dii retraversera une fois encore la Mer de Cortez,
pour sa deuxième saison en Basse Californie,
et je partirai à la recherche de nouveaux petits paradis.
A bientôt


mercredi 16 mai 2012

Mulegé et le cyclone Jimena (5 sept 2009)



Depuis la Playa Santispac où j'avais rencontré Don et Kathy, je suis parti en stop pour Mulegé, une petite ville située à l'embouchure de Bahia Concepcion, pour aller m'approvisionner à son marché renommé pour ses fruits et légumes d'une grande fraîcheur.
 




On pourrait croire que Mulegé se trouve sur la côte, mais il n'en est rien.
En fait le bourg est situé à trois ou quatre kilomètres à l'intérieur des terres,
 Mulegé est traversé par la seule autoroute du pays
qui va de l'extrémité sud de la Basse Californie, jusqu'à Tijuana, la ville frontière avec les USA.

 Remarquez le grand pont d'autoroute, dont je vais vous reparler
Si les fruits et légumes locaux sont tant prisés, c'est qu'ils sont très rares dans cette désertique Basse Californie. Mais Mulegé jouit d'une situation tout à fait exceptionnelle, se trouvant par un quasi-miracle dans un joli petit vallon verdoyant où serpente un tout petit ruisseau qui, à l'approche de la mer, s'épanche en rivière paisible.
                                                 Mulegé a la chance d'être dans une véritable oasis.






L'église de Mulegé vue à travers la palmeraie






Une situation qu'enviaient tous les habitants de la région, jusqu'au 5 septembre 2009. Ce jour-là, le cyclone Jimena qui trainait depuis quelques jours dans le secteur sans faire trop de dégâts, se déplace subitement et vient s'immobiliser juste en amont de Mulegé. Un vent très fort et quelques palmiers qui en perdront la tête, mais rien de bien terrible à l'anémomètre.

Par contre, ce sont des trombes d'eau qui vont s'abattrent sur Mulegé et toute sa vallée verdoyante. En quelques heures le sympathique petit ru qui habituellement se contente d'une simple buse pour écouler toute son eau au niveau de la pile du pont de l'autoroute, se transforme en rivière puissante, puis en torrent impétueux, et finit en fleuve monstrueux et dévastateur, emportant tout sur son passage : les digues, les routes et les voitures et toutes les constructions en dur qui longeaient son tranquille cours.
Trois ans après, les stigmates de la catastrophe sont encore visibles ...
Ces sont bien sûr les résidence de villégiature des américains et canadiens qui ont fait les frais de cette funeste crue, le cœur de ville de Mulegé se situant à bonne distance de ce filet d'eau imprévisible, conformément à la sagesse séculaire. Aujourd'hui, les plus entêtés ont reconstruit leur maison au même endroit, mais la majorité a opté pour une solution moins ... rigide : le mobil-home.