Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

jeudi 26 avril 2012

Arrivé à Puerto Escondido

Après plusieurs jours de navigation entre la côte de Baja California et un chapelet d'Iles et d'ïlots,
 me voila arrivé à Puerto Escondido, un vrai port naturel, un trou à cyclone parfait, dont seule une image aérienne ou une carte veut révéler la configuration exceptionnelle...
Incroyable, n'est-ce pas ?
 ..............................
En voici la description par Steibeck

Vers midi nous arrivâmes à Puerto Escondido, le port caché, un lieu magique. Si l’on voulait se créer une petite baie secrète, on construirait sans doute quelque chose qui ressemblerait beaucoup à ce petit port. Une avancée décrit un crochet, formant une petite baie en demi-cercle, bordée de palétuviers vert clair, et ce n’est qu’après avoir tourné à l’intérieur de cette baie externe qu’on peut voir qu’au-delà il y a une deuxième baie secrète – une longue baie étroite dont l’entrée ne fait pas plus de seize mètres à marée haute. D’après les cartes, il y avait trois brasses anglaises de profondeur au milieu de l’entrée, mais le courant de marée était si violent que nous n’essayâmes pas de faire entrer le Western Flyer et jetâmes l’ancre derrière la petite pointe nommée Piedra de la Marina. Là, nous avions plus de dix brasses anglaises et Tony était plus tranquille… Dès que nous eûmes mouillé, nous descendîmes les lignes et prîmes aussitôt plusieurs requins marteaux et un gros serran. Ici l’air était chaud et saturé par l’odeur des fleurs de palétuviers.
Voila ce que j'ai pu admirer à mon premier réveil ici


 Malgré le cadre époustouflant, cette escale est une escale technique : refaire les pleins, le ménage, la révision du matériel, car la route est loin d'être terminée. Environ une douzaine de jours encore et une traversée de la Mer de Cortez d'ouest en est, pour
rejoindre Guaymas où le bateau va rester au sec pendant la saison cyclonique qui approche à grands pas.

Neuvième étape : Bahia Agua Verde

Bon, avec un nom comme ça, vous n'allez pas avoir de surprise.
Mais quand même, attention aux yeux.
Après une quinzaine de jours sans avoir vu un hameau, une table ou quelques enfants en train de jouer,
j'arrivais dans un vrai village : cent cinquante habitants !
une école et un cimetière.
La civilisation, quoi !
Pas celle des journeaux télévisés, ni des baratins électoraux. Non !!!
Heureusement non !!!
Simplement des gens avec qui discuter de la vie, de nos différences,
avec qui partager une quesadilla en toute amitié,
 en sachant qu'on ne se reverra jamais,
mais en se serrant dans les bras les uns des autres en se souhaitant
suerte !!!
 
 
 Malgré ses chèvres,
Bahia Agua Verde est un authentique petit village de pêcheurs,
mais reliés au reste du monde, à travers un bush aride
où le soleil tape si fort qu'il peut fendre les pierres.















Une piste poussièreuse serpente dans la montagne de la Giganta pour rejoindre la ville la plus proche à plusieurs heures de 4X4. Cette situation de blocage oblige le village d'Agua Verde à regarder du côté de la mer.










 
Et du côté de la mer, il y a la mer évidemment
des îlots (ici la Roca Solitaria)

 des barques de pêcheurs

 mais aussi des bateaux, tous venus des USA et du Canada pour explorer ce coin magique





Tous ?
Non, un petit voilier, Sabay Dii
vient de plus loin




 et il a fière allure, avec ses housses de voiles rouges

Huitième étape : Puerto Los Gatos

Attention les yeux !!!
N'allez pas croire que les images qui suivent ont été trafiquées.
Ce sont les couleurs brutales, incroyables, et néanmoins authentiques.
Même sans carte, on ne peut pas rater Puerto Los Gatos, cette minuscule baie sauvage et déserte.
On la reconnait à ses couleurs : des falaises rouges coincées entre d'autres noires,
et un désert blanc et gris entre elles et la montagne effrayante de la Giganta.
Démoniaque et magique !
J'y suis arrivé à la tombée de la nuit, au milieu des raies mantas, le soleil couchant dans les yeux.
Les couleurs n'étaient pas frappantes et pourtant j'avais pressenti quelque chose
de pas commun.
 Je me suis levé avant le soleil pour voir si ce que j'avais pressenti allait se révéler.
 A mesure que le soleil sortait de l'horizon, la magie se réalisait
 J'ai bondi dans ma chambre à air et à coups de pagaie énergiques j'ai foncé sur la terre,
ou plutôt la roche.

Dieu, que notre planète est belle !!!
 Des centaines de mètres de falaises rouges, mais friables et glissantes
 qui plongent dans une mer de cristal.
Et sur les côtés, le désert.
  Que Sabay Dii a de la chance d'être ici !
Après une bonne journée à crapahuter, je suis allé nager,
ou plutôt chercher le repas du soir ...
 Au menu : huitres à volonté (plus grosses que la pomme de mes mains),
nature bien sûr avec du citron, mais aussi en fricassée avec un bon riz pilaf,
et ce n'est pas tout ...
 Quatre langoustes (flambées avec un reste de Banyuls)
et personne avec qui les partager.
 Enfin, pas exactement ;
c'est le petit poisson porc-épic (il est toxique et en plus il est armé de piquants redoutables)
qui a fini les restes le lendemain.
Quelle misère !!!






Septième étape : San Evaristo

Cap vers le Nord, je remonte la Mer de Cortez
Destination San Evaristo, un minuscule village de pêcheurs,
au pied de la sierra La Giganta,
une montagne impressionnante qui trempe ses racines dans la mer et menace le ciel de ses aiguilles.
 Le paysage est devenu brutal, agressif, menaçant.
 Les dénivelés sont impressionnants et la moindre rando de quelques heures me casse les pattes
me donne des crampes malgré les 6 à 7 litres d'eau que je bois par jour.
Il fait terriblement chaud (35°C minimum en fin de matinée) et pourtant la mer est froide (18°C).
Tous est sec et brûlé par le soleil, mais les couleurs sont devenus irréelles.
Je n'ai jamais vu une mer aussi bleue, ni un ciel de cette couleur, même par jour de mistral.
 En quelques heures tout est desséché
 C'est donc le coin idéal pour installer un marais salant

 On ne sait si l'on est ici dans les marais de l'Ile de Ré, dans le Sud du Maroc avec les palmiers dattiers, ou sur la plage Malgache de Nosi Be, à Madagascar
 Ce qui est sûr, c'est qu'on n'a pas l'impression d'être perdu, et pourtant.
Cette étrange sensation, Steinbeck la formule à merveille :
...............................
Il y a dans le golfe une qualité indéfinissable qui déclenche un mécanisme d’identification, si bien que dans un décor exotique et fantastique on se trouve en train de hocher la tête et de se dire intérieurement : « Oui, je sais. ». Sur le rivage, les colombes sauvages se lamentent dans l’air du soir et on ressent alors un serrement de cœur, une sorte de choc émotif, une nostalgie. Et si l’on suivait le chuchotement de son impulsion, on s’éloignait lentement en direction de la brousse épineuse, en suivant l’appel des colombes. Chercher à se rappeler le golfe est comme chercher à recréer un rêve. Cela n’a rien de sentimental et n’a guère de rapport avec la beauté ou même une attirance consciente. Le fait est qu’on est attiré par le golfe ; nous avons parlé à des hommes riches, propriétaires de bateaux, qui peuvent aller où ils veulent. Ils se retrouvent régulièrement aspirés par le golfe. Depuis que nous sommes rentrés, il y a, quelque part en nous, quelque chose de positif qui nous pousse à y retourner. Si c’était un endroit luxuriant et riche, cette attraction serait compréhensible, mais c’est un endroit violent, hostile et morose. Les montagnes de pierre s’élèvent jusqu’au ciel et il n’y a pas beaucoup d’eau douce. Toutefois, nous savons qu’il nous faut y retourner avant de mourir et nous ne savons pas pourquoi.